La cabane dans les choix.
4.0 Tandis qu’ils passent leurs vacances dans un chalet isolé en pleine forêt, une jeune fille et ses parents sont pris en otage par quatre mystérieux individus armés d’outils, qui exigent d’eux un choix impossible permettant disent-ils d’éviter l’apocalypse : Sauver leur famille ou l’humanité. Comment avec un pitch pareil peut-on si peut surprendre, si peu porter d’intérêt à des personnages ?
Avec ce très beau générique introductif et ces premières images en pleine forêt, d’une petite fille ramassant des sauterelles pour les mettre en bocal, les compter, leur donner des noms, des genres (elle tient un petit tableau très ordonné) et de sa rencontre avec un ogre, étrange mais doux, sorti tout droit des fougères, l’ouverture de Knock at the cabin promet un peu. D’autant que c’est une belle idée que de voir débarquer les intrus d’emblée, sans préambule. Et de voir un intrus massif en discussion avec une petite fille.
Or, une fois resserré dans sa mécanique de home invasion et donc de son huis clos dans un chalet, le film ne décolle pas. Il reste arrimé à ses petits sentiers balisés, campé dans ses pantoufles confortables avec sa structure répétitive très ennuyeuse. Ce qui pourrait à moitié suffire (après-tout, le réalisateur de Sixième sens n’est pas un manchot, il y a des plans, des idées ici aussi) si son apparence subversive n’était pas outrageusement rattrapée par des tendances bigotes, teubées et pro-conspirationnistes, déjà croisées dans son précédent film, Old. Qui par ailleurs était plus audacieux. Plus casse-gueule (et raté) aussi.
C’est un film concept, en circuit-fermé. Le cinéma de Shyamalan n’a jamais autant évolué en vase clos, dans un monde, un cadre qui n’a jamais été si minimaliste que depuis deux films : Après la plage, voici le chalet. Pourquoi pas, après tout, si le film allait plus loin que son désir de high concept ? Mais Knock at the cabin est un film sans surprises, sans ambiguïté. Un film qui ne tente absolument rien, qui recycle en mixture Signes, Split, Phénomènes & Le Village. Au sein duquel rien ne prend, rien n’émeut : Ni ce couple et leur petite fille. Ni ces « quatre cavaliers de l’apocalypse » (référence explicite puis carrément citée, l’enfer) qui s’excusent de tout. Ni ces cataclysmes variés qui se succèdent sur une simple télévision.
Restent quelques idées de cadres, de plans, de gestion de rythme. Encore heureux. Le grand Shyamalan (d’Incassable) parait si loin. Inutile d’évoquer les scènes d’apocalypse, elles sont foirées, accompagnées d’effets spéciaux au rabais. Ni l’interprétation : Dave Bautista ne dégage rien, mais ça on le savait déjà depuis les Marvelleries et autres Snyderies. Rupert Grint pareil, d’autant qu’il était déjà de ce niveau en Ron dans Harry Potter. Jonathan Groff non plus, lui qui était si magnétique dans Mindhunter. Seuls les personnages féminins semblent exister un peu, mais trop vite sacrifiés. Le sacrifice c’est évidemment le sujet car c’est une histoire de croyance (l’un des quatre individus raconte une histoire, c’est en somme l’alter-ego du cinéaste) et donc de sacrifice : L’idée que le chalet finisse par flamber évoque un peu trop le final de l’ultime film de Tarkovski. Mieux vaut ne pas trop y penser.
Il y a toutefois une idée intéressante, là-dedans, c’est le traitement de l’homosexualité, dans la mesure où elle n’est jamais le sujet, utilisée comme une tendance woke dans l’ère du temps. Elle intègre le récit via un des deux papas, à savoir celui qui a vécu la révélation de son coming-out à ses parents comme un traumatisme. Evidemment c’est hyper appuyé par un flashback « trauma » grossier, mais bien relayé par une double idée : D’une part grâce à un autre flashback, celui de la baston dans le bar, qui ne statuera pas sur l’origine de cette baston : l’homme du bar était-il homophobe ou est-ce le personnage qui l’a cru homophobe ? D’autre part via la venue des quatre cavaliers, dont la présence ne sera jamais reliée à une lecture homophobe. Bref, de ce marasme c’est ce qui m’a semblé le plus intéressant. Mais évidemment traité façon bourrin : l’homme du bar qui se révèle finalement être, par le plus grand des hasards, l’un des quatre étrangers, au secours.