Archives pour mars 2023



Petite nature – Samuel Theis – 2022

22. Petite nature - Samuel Theis - 2022Tu seras viril, mon kid.

   5.0   Party Girl (coréalisé par Samuel Theis, il y a huit ans) m’avait autrement plus ému que celui-ci tant le film était plus fragile, malade, ténu. Petite nature repose d’abord sur le quotidien d’une mère et ses gosses dans un HLM (portrait autrement plus réussi et fort dans le Fish Tank d’Andrea Arnold, auquel on pense beaucoup, la banlieue londonienne étant remplacée par celle de Metz) assez réussi dans l’ensemble d’autant qu’il est saisi du point de vue d’un garçon de dix ans, aux traits androgynes et à l’allure réservée : Aliocha Reinert y est impressionnant. Or le film suit aussi un schéma de scénario un peu grossier qu’il ne gère pas bien : le rapprochement amical puis malaisant, entre le petit garçon et son enseignant. Dès qu’on entre dans les clous du récit à thèse c’est tout de suite moins intéressant et incarné.

Le petit Nicolas – Amandine Fredon & Benjamin Massoubre – 2022

28. Le petit Nicolas - Amandine Fredon & Benjamin Massoubre - 2022Les deux amis.

   6.5   Le plus bel hommage qu’on puisse faire aux dessins et textes de Sempé & Goscinny, sur leur amitié, leurs obsessions, l’enfance recréée, l’enfance fantasmée. C’est un film qui fourmille d’idées, de situations, de douceur, de bienveillance, de vie mais qui parle sans cesse de la mort, celle prématurée de René Goscinny bien sûr. C’est très beau.

Simone, le voyage du siècle – Olivier Dahan – 2022

27. Simone, le voyage du siècle - Olivier Dahan - 2022Va et apprend.

   3.0   Sans lui prêter de mauvaises intentions – Dahan a sans doute ses raisons de faire un biopic de plus, cette fois sur Simone Veil après Edith Piaf (j’avais fait l’impasse sur celui concernant Grace Kelly) – le problème de Simone, le voyage du siècle est le même que pour La môme : Tout y est formellement laid, sirupeux, agressif, bordélique. Tout est lourdaud, à l’image de ces incessants allers retours dans l’enfance ou l’adolescence de Simone, ce yoyo entre ses différentes époques de luttes, sans cohérence ni structure. De cette narration off d’un académisme terrible. Ou de cette musique d’enrobage permanente. Aussi balourd que Blonde, le film d’Andrew Dominik sur Marilyn Monroe. On envoie des travellings circulaires, des jump cut, des plans séquences impossibles, qui n’ont d’autre vertu que de faire joli et virtuose. Qu’il filme les débats dans l’Assemblée nationale ou les corps des camps de la mort, Dahan est un bourrin inconséquent, sans regard. Sans parler des violons sur les images de camp de concentration, plan de grue sur l’arrivée à Auschwitz-Birkenau, travelling latéral sur les corps nus avant les douches, surimpressions de très mauvais goût, retouches numériques. La moitié du film se déroule dans les camps, d’ailleurs, sans doute parce que c’est plus cinégénique qu’un débat autour de l’IVG. C’est donc aussi insupportable que je l’imaginais, toutefois, la vie de Simone Veil est telle que, même avec un emballage horriblement décoratif, ça reste intéressant à regarder. Mais une page Wikipédia à lire serait tout aussi efficace et moins embarrassant en tant que complément immersif au manuel scolaire. Je me demande si on ne peut pas plutôt sensibiliser les jeunes au cinéma, plutôt qu’au cinéma donneur de leçon ? Un cinéma honnête, pensé. Et moins douloureux pour les yeux et les oreilles aussi. D’autant qu’on en prend pour 2h15.

Jane par Charlotte – Charlotte Gainsbourg – 2022

26. Jane par Charlotte - Charlotte Gainsbourg - 2022Petite maman.

   6.5   Sur le papier c’est vraiment le dernier truc que j’ai envie de regarder tant je vois le projet gênant, replié sur soi, trop intime, d’un film de famille qui ne devrait pas quitter le cercle familial. Mais je me prends au jeu. Et je trouve cette déclaration d’amour d’une fille pour sa mère carrément émouvante. Il y a du Varda là-dedans – citée ouvertement au début – tant Charlotte Gainsbourg pense cinéma dans chaque plan, documenteur et glanage d’images. Notamment sa façon de filmer la peau, les mains, les objets, lieux qui traversent le temps. Très beau.

Allons enfants – Thierry Demaizière & Alban Teurlai – 2022

25. Allons enfants - Thierry Demaizière & Alban Teurlai - 2022Alors, on danse ?

   5.0   Documentaire effectuant une plongée au lycée Turgot, dans le 3e arrondissement de Paris, lycée qui accueille des élèves de quartiers défavorisés et tente de réduire leur échec scolaire en offrant à chacun la possibilité d’intégrer une section de danse urbaine. Le film mélange scènes de cours classiques et de hip-hop, entretiens entre profs et élèves, confessions variées des gamins. C’est ce que le film réussit de mieux d’ailleurs, leur offrir un espace de parole. Certains d’entre eux sont attachants, émouvants, la caméra capte ça même si on voudrait les suivre un peu plus encore. Deux soucis majeurs : D’une part, j’ai le sentiment que le film est très indulgent voire publicitaire envers ce dispositif, qui mise quand même moins sur une valorisation du vivre ensemble que sur une ambition de compétition. D’autre part, le film veut à tout prix être en mouvement pour apprivoiser l’univers musical. Danse urbaine ne veut pas forcément dire montage épileptique, plans saccadés, débullés, au ralenti, en accéléré, si ? Pas inintéressant mais assez épuisant sur la durée.

Close – Lukas Dhont – 2022

21. Close - Lukas Dhont - 2022Si loin, trop proche.

   3.5   Le film a de nombreux admirateurs, j’imagine qu’on peut être très ému par sa pudeur. Je n’ai vu que ça, de la pudeur, j’ai eu l’impression d’une démonstration de pudeur, à tel point que le film ne montre rien, qu’il ne cadre que des visages, en gros plan ou longue focale, mais des visages qui ne racontent rien, qui ont la pudeur de ne pas trop en dire. Horrible. Et je ne parle pas de ces moments sur-esthétisants façon Malick, entre les fleurs et les champs. Ni de ces INTERMINABLES séquences de hockey sur glace cadrées sur le visage du gamin. C’est un grand Non, pour moi.

Le sixième enfant – Léopold Legrand – 2022

13. Le sixième enfant - Léopold Legrand - 2022Un bébé pour quatre.

   6.0   Franck, ferrailleur, et Meriem ont cinq enfants, un sixième en route, et vivent dans une caravane. Julien et Anna sont un couple d’avocats et n’arrivent pas à avoir d’enfant. Julien est l’avocat de Franck dans une affaire de ferraille volée et de camion accidenté, mais ce dernier ne peut ni payer ses dettes ni les honoraires. C’est l’histoire d’un impensable arrangement, entre Frank & Julien. Avant que ça ne devienne celui de Meriem & Anna.

     C’est un beau récit, encore faut-il y croire. Il m’aura fallu un peu de temps pour entrer dans sa mécanique improbable et si ça finit par fonctionner c’est en grande partie dû à son superbe quatuor d’interprètes. Peut-être pas tant parce qu’ils sont bons, d’ailleurs, mais parce qu’ils sont complémentaires : aucun ne tire la couverture. C’est d’ailleurs plus étrange que cela : la première partie donne volontiers la place aux hommes, puis ils s’effacent naturellement, la seconde sera clairement celle des femmes.

     La grande réussite pour moi c’est de nous faire entrer en empathie avec chacun d’eux dès le début. Et notamment avec le personnage le plus ambigu à savoir celui campé par Sara Giraudeau, alors qu’on désapprouve malgré tout chacune de ses initiatives. Sur ce sujet (le désir de maternité) le film est moins passionnant (car plus scénarisé, disons) que Les enfants des autres, le film de Rebecca Zlotowski mais il est plus sec, plus éreintant, et il y a des correspondances étonnantes. Bref c’est surtout un film d’acteurs. Néanmoins la mise en scène de Leopold Legrand (dont c’est le premier long) fonctionne comme dans un pur thriller, énergique, oppressant. Bonne surprise.

Un petit frère – Léonor Serraille – 2023

24. Un petit frère - Léonor Serraille - 2023Mère et fils.

   8.0   Fresque familiale s’étirant sur une vingtaine d’années, Un petit frère suit une femme, Rose et ses deux enfants, Jean et Ernest, de leur arrivée en France en 1989 depuis Abidjan, dans leur quotidien entre Paris et Rouen.

     Le film est découpé en trois parties, chacune focalisée un peu plus sur l’un d’eux, Rose d’abord, puis Jean et enfin Ernest, tout en respectant la linéarité, les époques. Ce sont des marqueurs plutôt que des chapitres, en somme. Il y a aussi de grandes ellipses, qui permettront de faire entrer Stéphane Bak (Jean adulte) et Ahmed Sylla (Ernest adulte).

     Moi qui avais été un peu mitigé devant Jeune femme, le premier film de Léonor Serraille, je trouve que celui-ci est très beau à tous les niveaux : merveille d’écriture, de mise en scène, de photo, de lumière, d’interprétation. Le film surprend tout le temps, soit par une situation, une tournure de scène ou la durée d’une séquence.

     Dans son amplitude aussi : C’est un beau film à la fois naturaliste et romanesque. Un film hors des clous, un film d’aventurière, qui se relance, se renouvelle en permanence. À ce titre, la toute fin est incroyable, dense, bouleversante et clôt le film (en donnant vie à son titre) – et non l’histoire de cette famille – de façon magistrale.

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silencio


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