Falling in love, again.
6.0 Découvrir Peggy Sue s’est mariée aujourd’hui m’aura permis de constater (ce que je savais déjà) combien Noémie Lvovsky il y a dix ans, avec Camille redouble (que j’aime beaucoup) a tout pompé – au point que c’en est un peu gênant, surtout qu’elle ne le revendiquait pas tant que ça dans mon souvenir – sur le film de Coppola.
Peggy Sue, mère de famille sur le point de divorcer, se rend à une soirée organisée par les anciens élèves de son lycée. Au moment où elle s’apprête à faire un discours en tant que reine du bal, elle s’évanouit et se réveille en 1960, dans la peau de celle qu’elle était vingt-six ans auparavant.
Peggy Sue redécouvre le monde de ses dix-sept ans avec le regard de la quarantenaire d’aujourd’hui. Et tout ce qui lui semblait normal ou anodin jadis, prend une tournure extraordinaire. Faire un repas de famille, chanter l’hymne national, se retrouver à l’arrière d’une voiture, tout devient grandiose et libère donc un enthousiasme décalé, une énergie anachronique.
Peggy Sue s’est mariée fait partie de ces nombreux films des années 80, initiés évidemment par Spielberg et d’autres, qui fantasment l’Amérique des années 50/60. Un peu comme le faisait déjà American graffiti, de Lucas (produit par Coppola) en 1974.
J’aime que le film soit un anti Retour vers le futur dans sa façon si singulière de replonger dans ces années-là. Il n’y a rien de vraiment rutilant, rien qui soit dans le gadget, rien qui soit non plus politique : Peggy Sue avouant son secret à l’intello du lycée, évoquera les transformations high tech, les découvertes (le premier pas de l’homme sur la lune par exemple) mais jamais ne parlera de Kennedy ni du Watergate. Tout y est plus intime, du point de vue d’une seule femme, un peu hors du monde, dans la peau d’elle-même ado.
Et il y a des moments déchirants comme lorsqu’elle entend la voix de sa grand-mère au téléphone. Ou comme lorsque plus tard elle rend visite à ses grands-parents et leur fait part de son secret. Ou un simple retour dans sa propre chambre. Un simple repas de famille qu’on partage.
Oui mais voilà, il y a un Mais. Je sais que certains sont fans du film et j’aimerais savoir si ceux sont les mêmes qui sont fans de Nicolas Cage ? Car c’est un vrai problème ce mec là-dedans (Ou dans Sailor et Lula, film que je n’aime pas beaucoup non plus). De mon côté, je l’aime bien dans Rock ou Les ailes de l’enfer, car son outrance naturelle se marie avec l’outrance (et la médiocrité) des réas/films. Pareil dans Snake eyes (qui est une merveille), il est bizarrement parfait. Mais là ?
Que fait-il dans un film aussi doux, diaphane, aussi léger, si j’ose dire, car c’est vraiment un film très solaire, malgré la nostalgie qui en émane ? Il m’a semblé tellement complètement à côté de la plaque qu’il m’a ruiné la promesse de comédie de remariage. Pourtant c’est beau cette idée que Peggy Sue, finalement, souhaite revivre la même chose. Refaire pareil car c’est ce qui fait ce que tu deviens. C’est beau si c’est pas avec Nicolas Cage.
Au début j’ai pensé qu’en revenant vingt-cinq ans en arrière Peggy Sue se rendrait compte de sa connerie d’être avec ce mec qui tente d’en jouer plein d’autre en même temps, qui surjoue tout, avec ses yeux, ses postures, qui surjoue même une descente d’escalier. Et c’est l’inverse qui se produit. Elle retombe amoureuse de lui, la débile. J’ai tenté de me rattacher à quelqu’un de plus sensé mais on ne voit qu’elle. Et les grimaces de l’autre tâche.
Vraiment dégoûté car j’ai trouvé le début fantastique, comme une sorte de négatif (plus mélancolique, moins ludique) de Retour vers le futur, avec la force plastique d’un Coup de cœur : Rien que cette idée, aux extrémités, de s’ouvrir et se fermer en miroir, sur un travelling arrière sortant d’un miroir, c’est superbe.
Je le regrette infiniment, car il y avait quasi tout pour que Peggy Sue me foudroie. Mais je n’ai jamais pu passer outre Nicolas Cage. Je déteste trop ce personnage pour aimer un personnage qui tombe amoureuse de lui, deux fois.