Aucun ours (Khers nist) – Jafar Panahi – 2022

02. Aucun ours - Jafar Panahi - 2022Mise en résistance.

   6.0   Jafar Panahi qui a depuis été emprisonné pour propagande contre le régime puis libéré après une grève de la faim, incarne ici un miroir de lui-même, soit un cinéaste interdit de tourner et de quitter le territoire, reclus dans un village iranien proche de la frontière turque, tournant malgré tout un film en Turquie qu’il dirige par visioconférence.

     A l’image de cette première scène dans la rue où un « cut » vient nous apprendre qu’il s’agissait d’un tournage, avant qu’un zoom arrière nous fasse comprendre qu’il s’agit d’un tournage dirigé derrière un ordinateur, Aucun ours ne sera que mise en abyme à multiples entrées.

     D’autant que très vite, les couches de récits volontiers labyrinthiques se superposent : bientôt Panahi confie une caméra à son hôte afin qu’il filme la cérémonie de fiançailles où il se rend. Non habitué avec une caméra, et croyant ne pas filmer quand il filme, l’homme en question rapporte une conversation entre villageois s’inquiétant de l’identité de cet invité qu’ils soupçonnent d’être un espion.

     Plus tard, la superposition se prolonge encore : Panahi se voit bientôt accusé d’avoir pris en photo un couple illégitime, la femme étant promise à un autre homme. Quant à cette photo, s’il l’a vraiment prise, nous ne l’avons pas vu non plus, puisque le supposé couple était hors champ (pour nous, spectateurs) quand Panahi photographiait des gamins sur un toit.

     Tout se mélange. Le documentaire et la fiction. Le film dans le film. La mise en fiction de la propre situation du cinéaste. Il y est question de voitures de contrebande, d’un couple clandestin, d’un autre couple souhaitant quitter le pays avec des faux passeports, d’un village dans la tourmente. De l’Iran, en général.

     C’est dire le niveau de vertige qui anime Aucun ours, qui paradoxalement sera son film le moins incarné, beaucoup trop politique et théorique, je crois. Difficile de faire plus métatextuel que ce film, en effet. Au sein du dispositif on pense un moment à l’image manquante de Blow up. Beau film, passionnant évidemment, mais un peu trop rugueux et littéral, peut-être. Et puis ça manque d’un visage féminin, aussi beau que dans Hors-jeu ou Trois visages.

0 commentaire à “Aucun ours (Khers nist) – Jafar Panahi – 2022”


  1. Aucun commentaire

Laisser un commentaire


Catégories

Archives

juin 2023
L Ma Me J V S D
« mai   juil »
 1234
567891011
12131415161718
19202122232425
2627282930  

Auteur:

silencio


shaolin13 |
Silyvor Movie |
PHILIPPE PINSON - ... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Playboy Communiste
| STREAMINGRATOX
| lemysteredelamaisonblanche