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Archives pour juillet 2023

Les bronzés – Patrice Leconte – 1978

19. Les bronzés - Patrice Leconte - 1978« Radio Galaswinda, bonjour ! »

   8.0   Soyons clairs, j’adore le volet suivant (Revu maintes fois en famille) mais pas du tout pour les mêmes raisons : c’est une déferlante de gags, running gags et répliques cultes ; ce ne sont que des situations rocambolesques, autour d’une fondue ou d’une compétition de slalom, dans un refuge avec des italiens, une crêperie ou dans un chalet de montagnards. La musique elle-même est un gag qui revient en ritournelle.

     « Azur ! Nos bêtes sont bondées d’un cri ! Je m’éveille, songeant au fruit noir de l’amibe dans sa cupule verruqueuse et tronquée. Saint John-Perse »

     Le premier opus des Bronzés c’est avant tout un quotidien de vacances pour âmes seules et/ou perdues. Bien sûr c’est surtout (très) drôle mais le film est aussi très triste (ne serait-ce que la mort de Bourseau) et très mélancolique.

     À ce petit jeu, le personnage de Jean-Claude Dusse est magnifique. Certes il est maladroit, ce n’est pas un don juan, il est hypocondriaque, il est suicidaire (« J’ai vécu avec une femme et puis au bout de 48h elle a décidé qu’on se séparerait d’un commun accord. J’ai avalé deux tubes de laxatif, j’ai mis l’Adagio d’Albinoni et hop… J’ai perdu 16kg et ma moquette »), il n’a pas grand-chose en sa faveur, mais c’est pourtant lui qui joue de l’harmonica autour du feu, qui gagne la course de pirogues, qui aura éventuellement une rencontre à la toute fin, avec la jeune anglaise (lourdée plus tôt par Popeye) qui comme lui a la peau très blanche et chasse les moustiques.

     « Ce que j’aime c’est les climats un peu humides, la Normandie, l’Eure ».

     Il y a de très beaux personnages, qui sont au fond l’opposé de ce qu’ils paraissent. Le couple Nathalie/Bernard en sera le plus bel exemple, jouant le jeu de la séduction avec plus ou moins n’importe qui simplement pour se rendre mutuellement jaloux. Avec aussi et bien entendu le sinistre beau-gosse Popeye, GO qui s’est « niqué trois mille huit cents kilos de gonzesses en deux mois, je me dégoute, parfois » mais qui au fond ne parle que de sa femme.

     En somme c’est comme si le maillot de bain révélait leur vraie nature, comme si les vacances montraient le « vrai » du français moyen, qui utilise ses congés payés pour filer draguer dans un club Med d’une station balnéaire de Cote d’Ivoire. Comme si Les Bronzés symbolisait la version post hippie du désir de liberté, le revers de Mai 1968, disons.

     « Si t’as le moindre pépin, j’suis médecin. Enfin essaie de pas me déranger pour des bricoles quand même hein, j’suis en vacances ».

     Bien sûr Les Bronzés ce sont aussi de savants détails visuels : Jérôme qui va sauver Jean-Claude de la noyade « Laissez-moi passer je suis médecin » et qui se bouche le nez avant d’entrer dans l’eau ; le Paréo « tête de VGE » porté par Christiane l’esthéticienne ; les palmes de Bourseau dans l’assiette de Gigi ; le slip de Popeye ; les tempes dégarnies de Bernard ; Jean-Claude s’essuyant les mains après avoir couru vers une fille aux seins nus pour un cliché à mettre dans sa collection de photos souvenirs. Et j’en passe.

Moana – Robert Flaherty – 1926

15. Moana - Robert Flaherty - 1926L’île aux trésors.

    8.0   Quatre ans après avoir consacré un film aux inuits, Flaherty filme la vie quotidienne des habitants d’une île de Polynésie.

     On y verra aussi bien la confection d’une robe samoane « le lavalava » élaborée à partir de l’écorce de mûrier et de graine de santal pour lui donner de la couleur. On y verra la chasse au sanglier et à la tortue géante. La pêche en pirogue, la cueillette de taro.

     Mais aussi l’observation en temps réel d’une montée (d’un enfant) en haut d’un cocotier afin de récupérer des noix de coco. Des geysers provoqués par des vagues déferlantes. La préparation d’un feu afin de faire fuir un crabe de sa roche. La cuisson de fruit à pain, taro et bananes vertes et les crèmes de coco, à l’étouffée sous des feuilles. La Danse de Siva.

     C’est magnifique. Mais le plus émouvant se joue ultérieurement : La fille Flaherty est allée prendre des sons cinquante ans plus tard de façon à créer une bande sonore au film de ses parents, qui sont restés deux ans sur cet archipel. Et notamment les chants, disséminés ci et là sur des images de quotidien. Et c’est cette version que nous voyons aujourd’hui. Dispo sur Arte. Immanquable.

Souviens toi… l’été dernier (I know what you did last summer) – Jim Gillespie – 1998

26. Souviens toi... l'été dernier - I know what you did last summer - Jim Gillespie - 1998Accroche-moi si tu peux.

   7.0   Une éternité que je n’avais pas revu ce film, mais je l’ai tellement regardé (probablement autant que Scream à l’époque, c’est dire) que je me souvenais de quasi tout. « Quasi » parce que j’ai été un peu surpris de voir que la première partie, l’introduction de l’accident / crime originel se déroulant un an plus tôt, s’étire sur vingt-cinq minutes. Fait assez rare dans l’univers des slashers et autres teenage horror movies. Et surtout j’ai été surpris par la qualité de l’image et du découpage. C’est vraiment très soigné, de la part d’un réalisateur dont on entendra pour ainsi dire plus parler. Le film m’avait jadis marqué par son cadre : ce village de pêcheur qui semble encerclé par des falaises où y serpentent des routes dangereuses ; et par sa temporalité en trois marqueurs, tous le 4 juillet. Le film est hyper clair, épuré, on se concentre sur ce groupe de quatre et sur la quête de l’identité du tueur qui les menace puis les traque. Comme dans mon souvenir, le final (sur le bateau) est beaucoup trop grandiloquent, c’est dommage : Le film perd clairement son pouvoir de fascination quand le tueur ôte son ciré. Mais bon c’est pas grave, j’adore ce film, c’est vraiment une madeleine parfaite (qu’on a malheureusement du mal à regarder sans penser au premier Scary movie). Un post-Scream idéal, par ailleurs écrit aussi par Kévin Williamson, qui ira moins sur les terres métas cette fois, évincées d’entrée quand les personnages se racontent autour d’un feu une légende urbaine à propos d’un tueur au crochet, sans parvenir à se mettre d’accord (c’est clairement ce que produira le secret de leur crime un an après : le groupe n’existera plus). Un peu plus tard, le personnage incarné par Jennifer Love Hewitt flippera de frapper à la porte de la sœur (Mon souvenir avait aussi évincé la présence d’Anne Heche, tiens) de leur victime, par crainte de tomber sur un taré comme Jodie Foster dans Le silence des agneaux. Ça cite moins que Scream mais ça cite quand même. Sarah Michelle Gellar & Jennifer Love Hewitt forment par ailleurs un super duo. Les garçons sont nettement moins bons. La séquence bagnole de flic / magasin de prêt-à-porter / ruelle sinistre fonctionne encore à plein tube.

Le seul témoin (Narrow margin) – Peter Hyams – 1991

11. Le seul témoin - Narrow margin - Peter Hyams - 1991Un train vaut mieux que deux tu l’auras.

   6.5   Remake de l’excellent film de Fleischer, L’énigme du Chicago express (ils partagent d’ailleurs tous deux le même titre original : The narrow margin) Le seul témoin est pourtant un thriller typique de ceux qu’Hollywood offre dans les années 90.

     Une femme est témoin du meurtre d’un avocat. Elle s’enfuit au Canada et se cache dans les Montagnes Rocheuses. Un procureur s’empare de l’affaire et file à sa recherche afin de la faire témoigner. Très vite ils sont pris en chasse par des tueurs.

     Au même titre que son modèle, le gros de l’action se déroule dans un train, d’un couloir à l’autre, entre les compartiments et le wagon-bar, dont on ne s’extraira que le temps des brefs escales (dont une nocturne très anxiogène) et d’un final sur le toit du train, qui servira, entre autres, de matrice au final de Speed. Mais avant cela il y a aussi une superbe poursuite voiture-hélicoptère entre chemin de terre et forêt de pins.

     Et le film parfois se pose (pour mieux rebondir), notamment lors de la superbe scène de dialogue entre Anne Archer et Gene Hackman dans le compartiment, quand elle lui explique qu’elle n’est qu’un témoin gênant. Le jeu de lumières qui fait naviguer le plan entre le noir total et l’éclairage par les persiennes c’est magnifique.

     C’est un beau film hitchcockien. On sait combien Hitchcock était un adepte du suspense ferroviaire : La mort aux trousses, L’inconnu du nord express, Une femme disparaît. J’adore les films de trains : Du Mécano de la Générale au Pont de Cassandra, de Compartiment tueur a Unstoppable, de Compartiment n°6 à Runaway train, de Snowpiercer à RR. J’adore car la question de la mise en scène s’y pose en permanence. Ça me rappelle que j’avais jadis fait un top 10 scènes de métro.

Le cerveau d’acier (Colossus, The forbin project) – Joseph Sargent – 1971

09. Le cerveau d'acier - Colossus, The forbin project - Joseph Sargent - 1971Le colosse rôde.

   6.0   Avant de réaliser l’excellent Les pirates du métro (et plus grand chose par la suite) Joseph Sargent adapta ce roman de SF « Collossus » dans lequel une équipe de savants construit un super ordinateur si perfectionné qu’il doit régir de façon autonome le système de défense des États-Unis. Mais tout dérape très vite. Collossus se met en relation avec son homologue soviétique, dont on laisse planer qu’il a été créé clandestinement par les Russes à partir des plans dérobés aux américains. Par principe, l’idée est déjà un peu embarrassante. Mais qu’importe, le vrai sujet n’est pas tant la guerre froide, que le règne en devenir des machines, qui décident à l’unisson de leur fusion, de promouvoir la paix de l’humanité au détriment de leur liberté. C’est Skynet avant l’heure ou une extension de Hall 9000 : la machine prend le pouvoir. Mais Le cerveau d’acier est sans doute davantage calqué sur l’idée de la créature de Frankenstein tant il s’agit surtout d’un affrontement entre un créateur et son invention, qui est une extension de lui-même mais en fera bientôt son objet. Le film est pas hyper passionnant, pas très bien rythmé, et il faut se farcir son acteur principal, Éric Braeden, qui certes est très bien en (tout petit rôle de) John Jacob Astor dans Titanic, mais qu’on a du mal à voir dans autre chose que dans cette bouillasse des Feux de l’amour. Mais sa respiration et ses plans, à la croisée du film d’espionnage, typique du nouvel Hollywood (dans la lignée de Pakula ou Pollack, disons) en font un objet tout à fait singulier et recommandable.

La mort de Belle – Édouard Molinaro – 1961

14. La mort de Belle - Édouard Molinaro - 1961Le beau coupable.

   7.0   Difficile de croire que Molinaro aura ensuite cette filmographie émaillée de comédies populaires quand on voit La mort de Belle, l’un de ses premiers films, d’une noirceur totale. Une adaptation de Simenon (que lui-même revendiquait comme l’une des plus fidèles et réussies) dans laquelle un homme ordinaire est très vite suspecté du meurtre d’une jeune étudiante américaine et fille d’une amie, qu’ils hébergeaient, lui et sa femme, dans leur pavillon de Genève. Belle, la demoiselle en question, est en effet retrouvée morte étranglée, un matin dans sa chambre. Le juge d’instruction, l’opinion publique et sa femme elle-même soupçonnent vite cet homme et rien, sinon un jeune policier plus scrupuleux, ne se mettra en travers de ce soupçon général. La fin est terrible. C’est un grand film sur une machine judiciaire disloquée et sur un homme perdu, bientôt rongé par la culpabilité de n’être que lui-même. Jean Desailly y est incroyable.

Les ripoux – Claude Zidi – 1984

16. Les ripoux - Claude Zidi - 1984Vie d’un pourri.

   4.0   C’était mon Zidi préféré, enfin je croyais. Grosse déception. Hormis Noiret, fabuleux. Mon souvenir était flou mais dans ce que j’en gardais on voyait davantage la ville, la rue, le commissariat. Or ces lieux sont trop vite expédiés à l’intérieur de saynètes qui se succèdent assez mal. Je confondais peut-être avec La balance (que je n’aime pas non plus, mais pour d’autres raisons). Quoiqu’il en soit j’ai trouvé ça raté sur ce point-là, je ne crois à rien, je vois qu’un défilé de gags nuls et de scènes construites pour un gag, comme toujours chez Zidi, faite avec des sabots de porc. Et puis cette fin embrumée c’est gros frisson de la honte pour moi. C’est vraiment le truc grossier de la scène qui se passe peut-être dans la tête de Noiret, mais peut-être pas, finalement. J’ai trouvé ça tellement mauvais. Mais il y a Noiret comme je le disais. Et même si je trouve Lhermitte un peu à chier dedans (mais je pense que c’est un contre-emploi qu’il lui va pas bien, un peu comme Depardieu dans Tais-toi, y a un truc qui ne marche pas sur moi) j’aime bien le duo malgré tout, mais je suis souvent sensible à l’aspect buddy-movie de toute façon (bien plus beaux chez les Veber de la même époque). Reste un divertissement populaire pas désagréable non plus. De là à lui filer des Césars…

La taverne de la Jamaïque (Jamaica Inn) – Alfred Hitchcock – 1939

09. La taverne de la Jamaïque - Jamaica Inn - Alfred Hitchcock - 1939Pirates des falaises.

   4.0   Pour son dernier film tourné en Grande Bretagne, Hitchcock adapte un roman d’aventures de Daphné du Maurier – Avant d’en adapter un autre l’année suivante, Rebecca (nettement plus mémorable) cette fois aux États-Unis. Au XVIIIe siècle, dans les Cornouailles, une orpheline irlandaise découvre que sa tante et son oncle tiennent un repère abritant des pilleurs d’épaves. Le film est intéressant sitôt qu’il laisse de côté le personnage incarné par un Charles Laughton en roue libre. Notamment les scènes en mer ou dans les grottes du rivage. Et bien entendu l’ouverture en pleine tempête, avec le naufrage du bateau, bientôt pillé par des contrebandiers. Malheureusement, Laughton est trop souvent à l’écran. Il ne m’en reste déjà plus grand-chose.

Moka – Frédéric Mermoud – 2016

06. Moka - Frédéric Mermoud - 2016Pas de café, merci.

   4.0   Le premier film de Frédéric Mermoud, Complices (2010) était excellent, original, très prometteur. Ensuite Mermoud avait co-realisé la première saison des Revenants avec Fabrice Gobert. Puis plus grand chose sinon ce film, Moka, avec entre autres, Emmanuelle Devos (qui était déjà dans son premier film) et Nathalie Baye. L’histoire d’une mère qui prépare secrètement sa vengeance : elle retrouve et approche le couple responsable de la mort de son fils, qu’ils ont renversé avant de prendre la fuite. Le film est malheureusement complètement engourdi, éteint jusqu’à l’obsession (Une forme qui fait office de Van Sant du pauvre) et plongé vers une résolution en forme de tout ça pour ça, in fine à l’image de ce qui précède. Sans intérêt.

Bloody bird (Deliria) – Michele Soavi – 1987

09. Bloody bird - Deliria - Michele Soavi - 1987Le masque du démon.

   6.0   Un slasher transalpin dans ce que ça peut avoir de plus bancal, créatif et opportuniste : Il s’agit bien sûr de loger dans la roue des Halloween et autres Vendredi 13, mais aussi dans sa texture de reproduire les codes du giallo – Soavi était par ailleurs assistant chez Argento (sur Phenomena et Opera). Rien que la première scène (de meurtre) qui dévoile finalement (au moyen d’une savant travelling arrière) l’illusion qu’elle requiert soit la répétition d’une pièce musicale, c’est fabuleux.

     Plus artisanal que ses modèles hollywoodiens, il y a évidemment du bon et du moins bon, dans Bloody bird. Des meurtres moins beaux que d’autres. Des acteurs pas toujours hyper concernés. Des trucs à jeter à la poubelle comme ce ressort comique lourdingue des inserts sur les flics dans leur bagnole, ou encore la musique (très) dispensable.

     Mais il y a ce formidable lieu clos (auquel le film ne se tient pas entièrement, dommage), cette dominante aqueuse et ce tueur mystérieux, affublé d’un masque de hibou – idée bestiale ouvertement giallesque. Il y a aussi cette dernière demi-heure, une fois qu’on ne sort plus de ce petit théâtre, dès la scène dans la douche (évidemment…) jusque sous les planches de la scène quasi entièrement silencieuses, et volontiers labyrinthique, qui est assez belle.

     Irving Wallace sera toujours moins iconique qu’un Michael Myers ou un Jason Vorhees, mais il serait dommage de se priver de cette curiosité italienne, croisement bâtard et fauché entre slasher et giallo, plutôt concluant.

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silencio


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