« Radio Galaswinda, bonjour ! »
8.0 Soyons clairs, j’adore le volet suivant (Revu maintes fois en famille) mais pas du tout pour les mêmes raisons : c’est une déferlante de gags, running gags et répliques cultes ; ce ne sont que des situations rocambolesques, autour d’une fondue ou d’une compétition de slalom, dans un refuge avec des italiens, une crêperie ou dans un chalet de montagnards. La musique elle-même est un gag qui revient en ritournelle.
« Azur ! Nos bêtes sont bondées d’un cri ! Je m’éveille, songeant au fruit noir de l’amibe dans sa cupule verruqueuse et tronquée. Saint John-Perse »
Le premier opus des Bronzés c’est avant tout un quotidien de vacances pour âmes seules et/ou perdues. Bien sûr c’est surtout (très) drôle mais le film est aussi très triste (ne serait-ce que la mort de Bourseau) et très mélancolique.
À ce petit jeu, le personnage de Jean-Claude Dusse est magnifique. Certes il est maladroit, ce n’est pas un don juan, il est hypocondriaque, il est suicidaire (« J’ai vécu avec une femme et puis au bout de 48h elle a décidé qu’on se séparerait d’un commun accord. J’ai avalé deux tubes de laxatif, j’ai mis l’Adagio d’Albinoni et hop… J’ai perdu 16kg et ma moquette »), il n’a pas grand-chose en sa faveur, mais c’est pourtant lui qui joue de l’harmonica autour du feu, qui gagne la course de pirogues, qui aura éventuellement une rencontre à la toute fin, avec la jeune anglaise (lourdée plus tôt par Popeye) qui comme lui a la peau très blanche et chasse les moustiques.
« Ce que j’aime c’est les climats un peu humides, la Normandie, l’Eure ».
Il y a de très beaux personnages, qui sont au fond l’opposé de ce qu’ils paraissent. Le couple Nathalie/Bernard en sera le plus bel exemple, jouant le jeu de la séduction avec plus ou moins n’importe qui simplement pour se rendre mutuellement jaloux. Avec aussi et bien entendu le sinistre beau-gosse Popeye, GO qui s’est « niqué trois mille huit cents kilos de gonzesses en deux mois, je me dégoute, parfois » mais qui au fond ne parle que de sa femme.
En somme c’est comme si le maillot de bain révélait leur vraie nature, comme si les vacances montraient le « vrai » du français moyen, qui utilise ses congés payés pour filer draguer dans un club Med d’une station balnéaire de Cote d’Ivoire. Comme si Les Bronzés symbolisait la version post hippie du désir de liberté, le revers de Mai 1968, disons.
« Si t’as le moindre pépin, j’suis médecin. Enfin essaie de pas me déranger pour des bricoles quand même hein, j’suis en vacances ».
Bien sûr Les Bronzés ce sont aussi de savants détails visuels : Jérôme qui va sauver Jean-Claude de la noyade « Laissez-moi passer je suis médecin » et qui se bouche le nez avant d’entrer dans l’eau ; le Paréo « tête de VGE » porté par Christiane l’esthéticienne ; les palmes de Bourseau dans l’assiette de Gigi ; le slip de Popeye ; les tempes dégarnies de Bernard ; Jean-Claude s’essuyant les mains après avoir couru vers une fille aux seins nus pour un cliché à mettre dans sa collection de photos souvenirs. Et j’en passe.
un film d’une tristesse effroyable sous un vernis désopilant.
la dernière scène où Thierry Lhermitte accueille les nouveaux arrivants est d’une telle auto dérision qu’elle donne envie de pleurer.
Entièrement d’accord avec ça.
J’ai toujours trouvé cette dernière scène d’une grande tristesse (et tendresse dans la tristesse, et c’est sans doute cela que j’aime beaucoup dans ce film-ci).