Chacun cherche son chakra.
5.0 Tandis qu’il visite la coloc de sa frangine à Athènes, Tom, le personnage principal lâche « c’est l’auberge espagnole, ici » ce à quoi elle répond « mais pas du tout ». Je pense que c’est Klapisch qui répond déjà à ses détracteurs. Mais sans argument, à l’image de sa série, sans intérêt, d’une médiocrité abyssale, la plupart du temps.
On sentait qu’il y avait de l’amour pour ce qu’il filmait dans ses deux premiers films (déjà moins dans Casse-tête chinois) mais là on sent qu’il est « beaucoup trop vieux pour ces conneries » Tonton Cédric. Un truc édifiant : Ici, Tom a souvent des hallucinations qui le guident, d’un épisode à l’autre, il voit Socrate puis Plutarque, Epicure et enfin Aristote comme son père voyait Erasme. Au secours.
Et il y a le fond : Le sujet central c’est moins la vie bohème de chacun et la cohabitation entre les différentes nationalités que la vente de cet immeuble, dont frère et sœur ont hérité de leur grand-père. On voit bien les intérêts nouveaux de Klapisch. On retrouve ce qui faisait le sel de Ce qui nous lie. C’est vraiment la version « gauche qui s’excuse » des Petits mouchoirs, le cinéma de Klapisch aujourd’hui.
Et pourtant je n’arrive pas à détester l’ensemble de ces huit épisodes. D’une part car il y a un capital nostalgie évident : De la première heure on retrouve évidemment Xavier et Wendy (les parents de Mia & Tom) mais aussi Isa, Tobias et William. J’ai tellement aimé ces personnages il y a vingt ans.
Mais in fine, je crois surtout que je me suis vite attaché à certains petits nouveaux : Zohan, Reem, Pippo, Noam. Je suis tombé amoureux fou de Giulia (magnifique Fotini Peluso) un rayon de soleil, qui rappelle un peu Soledad, dans L’auberge espagnole. La vertu d’une série ce sont ses personnages. Ils ne sont pas tous réussis ici mais on prend plaisir à les suivre. Je pense que c’est ce que Klapisch fait de mieux : créer des groupes de personnages. Et il y a au moins la découverte d’une actrice épatante, dont le personnage en prend un peu trop plein la gueule dans le récit (c’est très douteux…) mais qui est formidable, émouvante : Megan Northam aka Mia. Qui rachète allègrement celui qui incarne le frangin, Aliosha Schneider, un peu limité, pour être poli.
La série a beau brasser (de façon artificielle) l’ère du temps, en intégrant une dimension woke, féministe, lgbt, metoo, etc.. en évoquant aussi le Covid, la guerre en Ukraine, les migrants, ça reste un produit purement klapischien donc très autocentré. Vers la fin, après de grandes révélations familiales brulantes, les « anciens » se fument un joint et sont très vite défoncés, rappelant un peu leurs soirées barcelonaises. Mais surtout, on voit que Xavier (Romain Duris) a vendu pour une adaptation ce qu’il avait écrit dans L’auberge espagnole, qui était ni plus ni moins que ce qu’on voyait. Et bien là, Xavier assiste aux premières images du film et il se trouve que ce sont celles du film L’auberge espagnole. Une façon pour Klapisch de dire qu’il ne changerait sans doute rien de ce film, qu’il ferait les mêmes images vingt ans après. C’est peut-être prétentieux, suffisant, j’ai trouvé ça pour ma part plutôt touchant et honnête. Probablement car j’ai toujours pensé que c’était ce qu’il avait fait de mieux.