Seul au monde.
5.0 Il aura fallu attendre de le revoir en Giovanni (son vrai prénom) son alter-égo depuis ses premiers films, pour retrouver un Moretti tristement engoncé, tandis qu’il restait sur de belles trouées constituées de Mia madre, Tre piani ou Santiago Italia. Bien sûr on est heureux de retrouver son phrasé si particulier, si articulé, dorénavant offert dans un tempo si lent. Certaines choses m’ont plu (tout ce qui se joue autour du couple et du film dans le film) d’autres beaucoup moins (l’autre film, Amalric, Netflix et compagnie) : c’est à la fois à mettre au crédit du film (il y en a plusieurs en un seul) et à son discrédit, tant il semble avoir été fait à l’arrache, à la Moretti, en somme.
Impossible de ne pas sentir ce vieillissement, dont Moretti lui-même joue, campant l’incompris et celui qui ne comprend plus le monde qui l’entoure, sur les plateaux de tournage, mais aussi au sein de sa famille et dans son couple. Ce qui se joue entre eux et la plus belle idée du film, la plus subtile. Bien plus que le dialogue de sourds dans les bureaux de la plateforme de streaming. On y entrevoit parfois le film d’un vieux con, mais c’est aussi le film de celui qui se voit en vieux con, incapable de faire mieux que de rester lui-même face au bouleversement crée par son entourage, incapable de ne pas être un donneur de leçons, incapable de ne pas voir en tout geste de cinéma une pensée politique. Je laisse aux fans. En revanche la scène finale, quelle idée magnifique.