Les passagers de la nuit.
6.0 Le seul Jarmusch qui me manquait, dans ses longs métrages de fiction. N’ayant pas du tout aimé Coffee and cigarettes, son autre « film à sketchs » je n’en faisais pas une priorité. C’est bien mieux. Dispensable, mais plutôt chouette.
Le temps d’une nuit, cinq scènes de taxi se font écho, cinq variations dans cinq villes du monde.
Clarifions d’emblée la problématique du titre : il ne s’agit pas non plus d’une nuit sur la Terre. Les cinq lieux choisis sont aux États Unis (Los Angeles puis New-York) et en Europe (Paris, Rome, Helsinki) : ce n’est pas une cartographie planétaire équitable. On pourra toujours l’excuser en imaginant que s’il faisait mine de tout filmer simultanément, à la même heure, sur une partie du globe il était impossible que ça se déroule de nuit partout.
En revanche ce qui est très beau (et proche des errances de Permanent vacation ou Stranger than paradise) c’est que Jarmusch ne tombe jamais dans la carte postale touristique, au contraire : Il filme la nuit, les heures désertes, pour ne pas dire inquiétantes.
Aussi, il y a l’idée de s’ouvrir quand la nuit tombe à Los Angeles et se fermer quand le jour se lève à Helsinki, c’est très beau.
C’est souvent drôle, farfelu, très bavard aussi et par instants émouvants. C’est une succession de rencontres (bien sûr, le credo jarmuschien) probablement éphémères. Une suite de discussions, confessions, engueulades, On y croise notamment Winona Ryder, Gena Rowlands, Giancarlo Esposito (Gus Fring dans Breaking bad), Roberto Begnini, Isaach de Bankolé (qu’on retrouvera dans The limits of control), Béatrice Dalle ou Matti Pellonpaa (un habitué de chez Kaurismaki).
Bien sûr on espère que ces histoires se croisent (un peu comme dans Mystery train) ou s’étirent un peu plus à chaque fois. Ce ne sera évidemment pas le cas. C’est autonome et trop court et c’est aussi très bien ainsi. Il n’y a que Jarmusch pour parvenir à nous embarquer dans un film comme celui-ci.
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