Forest therapy.
6.0 Alex Garland ce sera toujours l’auteur de La plage, le livre, pour moi. Et le scénariste de 28 jours plus tard et Sunshine, deux autres (belles) réalisations Dany Boyle, tiens. Récemment j’ai découvert Ex-machina, la première réalisation d’Alex Garland. Horrible. Je n’attendais donc plus rien de Men – tant mieux – ce d’autant plus que le premier rôle était tenu par Jessie Buckley, héroïne de cet étron intersidéral qu’est Je veux juste en finir, de Charlie Kaufman.
Mais quelle surprise de tomber sur un film de ce calibre, certes un peu lourd dans ses flashbacks disséminés : Ce souvenir de scène de ménage violente, demande de divorce, chantage affectif et défenestration aurait été bien plus intense s’il était offert entièrement en introduction, comme Midsommar (auquel on pense par instants) le faisait brillamment avec sa scène de trauma originel. Ici, ces retours par flashs (un peu trop formalistes, qui plus est, avec son petit côté appartement londonien qui baigne dans un rose couché de soleil) brisent l’élan vertigineux du présent.
Là-dedans s’avère la force de Men, alors très beau visuellement, très malaisant aussi : tout ce qui se joue vers le tunnel, en forêt, c’est vraiment ce qui me séduit le plus dans le film ou comment passer, dans sa texture, de Miyazaki (l’émerveillement de ce jeu d’échos) à Shining (des apparitions de plus en plus effrayantes).
De cette ambiance de folk horror renforcée par cette bâtisse de la campagne britannique, le film dérive bientôt vers le body horror à la Cronenberg et le film d’horreur post metoo. Car plus déstabilisant encore, tous les hommes que la jeune femme rencontre (un prêtre, un policier, un barman, un petit garçon…) ont le même visage (joués par le même acteur, Rory Kinnear). Le film glisse vers le pur cauchemar éveillé au sein duquel Harper devra comme affronter une sorte de synthèse de la toxicité masculine. Pas toujours fin dans son symbolisme (à l’image du pommier, au secours) mais efficace.
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