Sculpter l’envol.
7.0 Je tiens Kelly Reichardt comme l’une des cinéastes vivantes les plus importantes. En marge, discrète, libre, minimaliste, attentive au temps, au mystère qui entoure ses personnages, elle donne à ses films un horizon sans égal. J’aime infiniment chacun de ses films depuis Old Joy, donc forcément il fallait qu’un jour je sois un peu déçu. Ce film me plait pour diverses raisons mais je crois sincèrement que Kelly Reichardt est dans une impasse, avec Showing up. Soit parce que la forme est trop scolaire (pour du Reichardt, s’entend), le sujet trop proche d’elle cette fois (elle nous a habitué à des formes et récits variés, pas forcément contemporains, d’ailleurs) soit parce qu’il y a une double lecture, artistique et familiale, dont la greffe ne prend pas vraiment. Peut-être que le canevas dans lequel il évolue est moins séduisant, aussi. Qu’importe, son cinéma me parle, ses plans, sa lumière me fascinent. J’ai parfois pensé à du Ira Sachs. J’aime bien cette histoire de pigeon blessé et d’eau chaude récalcitrante. J’adore ce chat, aussi. Bon, c’est un film archi rachitique, flottant, complètement down tempo (à l’image de la scène climax du vernissage, où il ne s’y passe RIEN mais c’est très beau), à la fois riche de sens et vide de forme, au sens virtuose du terme. J’imagine qu’on peut s’ennuyer ferme devant ce récit en forme de parenthèse, soit l’évocation de ce quotidien d’une artiste sculptrice qui travaille dans l’administration d’une école d’art tout en préparant son exposition. Je m’y suis jamais ennuyé, moi. Et plaisir chaque fois renouvelé, j’adore suivre Michelle Williams, sous la caméra de Kelly Reichardt. Mais il me manque quelque chose, pour y être aussi séduit, sensible, passionné qu’à l’accoutumée.