Le pouvoir de voir.
4.0 Ici, on se situe clairement dans l’univers andersonien qui me file de l’urticaire. Il s’agit de la première des quatre nouvelles, normalement, mais j’ai bien fait de finir par celle-ci. Trop de récits en tiroirs, trop de symétrie, trop de bavardage, trop de Cumberbatch, trop long (39 minutes, celui-ci), trop de tout. Je reste toutefois impressionné par la radicalité de ce dispositif désincarné, Anderson n’a jamais autant fait du Anderson, aussi bien ici que dans les trois autres pastilles : Enchainements frénétiques, vitesse du texte, lu au spectateur, composé de narration de conteur, dialogues et descriptions. Aussi, le fameux décor en carton-pâte cher à l’auteur d’Astéroïd city n’aura jamais été aussi élaboré tant chaque cloison semble se coulisser dans une savante chorégraphie, se modifier par l’intermédiaire de machinistes qu’on ne cache pas non plus. Narrativement, Anderson pousse les potards si loin qu’il imagine trois niveaux de récit enchâssés : Roald Dahl qui imagine l’histoire d’Henry Sugar qui raconte celle d’Imdad Khan, un maitre indien qui avait appris à voir sans utiliser ses yeux, pouvoir que le second cherche à obtenir dans le but de tricher au jeu. Encore une fois, je lirais bien la nouvelle.