Publié 10 novembre 2023
dans Roger Vadim
Une nuit en enfer.
4.0 Du Roger Vadim donc aucun intérêt, ou presque hormis quelques scènes, quelques plans (j’aime bien la séquence « feu d’artifice » par exemple) et une ambiance gothique mortifère, vampirique, envoutante, au visuel psychédélique, qui fait qu’on regarde ça jusqu’au bout avec une certaine curiosité.
Publié 9 novembre 2023
dans Yann Gozlan
Plein soleil.
5.0 J’ai lu récemment, pour la promotion de son dernier film Visions que Yann Gozlan déclarait Hitchcock comme étant son modèle absolu. C’est exactement ce que j’ai pensé devant Un homme idéal. Au début ça m’a plutôt séduit, d’autant que le rôle de cet écrivain imposteur bientôt prisonnier de ses propres mensonges, qui lui offrent à la fois la notoriété et l’engrenage criminel, va comme un gant à Pierre Niney : visuellement c’est plutôt réussi, très solaire, le film est rythmé, le suspense bien dosé. Malheureusement ça va beaucoup trop loin, tout ça, la machine scénaristique est trop visible, les rebondissements sont de plus en plus improbables, un meurtre, un autre, je me lasse. À l’image du personnage d’Ana Girardot, prometteur au début, puis complètement évincé en potiche dès qu’elle tombe amoureuse de Niney. Et commencer un film par une scène pivot du mitan c’est déjà carton jaune, mais commencer par une scène en te faisant croire que c’en est une autre c’est rouge direct. En effet, passé cette séquence, vers la moitié du film, je n’étais plus dedans du tout. Cela reste un honnête thriller du dimanche soir, bien sûr.
Publié 8 novembre 2023
dans Valeria Bruni Tedeschi
De la vie des marionnettes.
5.0 Je m’attendais à trouver ça nul et insupportable (Valeria Bruni Tedeschi qui me raconte sa jeunesse à l’école de théâtre Les Amandiers dirigée par Patrice Chéreau, ça me passionnait autant que de regarder du linge en train de sécher) ou tout le contraire, et pourquoi pas accepter cette plongée quotidienne dans une troupe un peu comme dans le sublime Guermantes, de Christophe Honoré. Ni l’un ni l’autre, finalement, le film m’a tour à tour intéressé et indifféré. J’y vois trop de Chéreau, pas assez de Cassavetes, pour résumer. J’aime surtout comment il parvient à retranscrire la terreur provoquée par le Sida – l’action se déroule fin des années 80. Le reste, l’histoire d’amour, les rapports entre copines, les séquences d’essais avec des profs récalcitrants, je n’y crois pas beaucoup, à commencer par la passion qui semble irradier chacun des comédiens en herbe ou des professeurs barrés ; de même qu’en la naissance de cette petite famille ; qu’en tous ces fantômes intimes que la cinéaste convoque ; sans parler de Suzanne Lindon, ridicule, qui campe l’une des aspirantes à la pièce Platonov, finalement exclue, mais continuant plus ou moins de séjourner dans les coulisses. Heureusement, Nadia Tereszkiewicz est là.
Publié 7 novembre 2023
dans Nicolas Pariser
Le faux coupable.
6.5 Troisième film que je voie de Nicolas Pariser, troisième réussite. Ici c’est une rêverie poétique, attrayant par son étrange titre rohmérien, puis ouvertement relecture hitchcockienne (il y a notamment une superbe scène de train, et bien d’autres signes encore) doublée d’un amour non feint pour Tintin – Hergé est partout, là-dedans. Jadis, De Broca aurait pu faire un film comme celui-ci. Et Pariser s’en sort tout aussi bien, sa mise en scène est rythmée, élégante, soignée, quant à Lacoste/Kiberlain, duo improbable sur le papier mais qui, au même titre que l’aspect hybride (le théâtre et la bande-dessinée, la comédie et le film d’espionnage, le soupçon et la paranoïa, une tendance slapstick et le spectre de la Shoah) dans lequel baigne le film, fonctionne à merveille. Et puis c’est bien écrit, ludique sans être désinvolte, sérieux sans être lourd. Et drôle.
Publié 6 novembre 2023
dans Chad Stahelski
Au coup par coup.
7.0 Qu’il est bon de plonger dans un film d’action faisant la part belle aux corps, aux plans et au montage pensé comme alchimie du corps et du plan. Il n’est donc pas rare d’y voir des plans longs, saisis dans un ensemble large, permettant du même élan d’en saisir les coups et leur portée. Plaisir total renouvelé cette fois dans un format étiré de 2h50 ! J’ai retrouvé le John Wick qui m’avait tant plu dans le second opus. En mieux encore, plus fou, plus abstrait, plus beau. Je serais prêt à le revoir illico, ne serait-ce que pour ses personnages secondaires (L’ennemi aveugle, incroyable) et pour ses scènes virtuoses à rallonge : l’hôtel à Osaka, la boite de nuit à Berlin, et bien sûr le Paris de La Place de l’Etoile ou l’escalier de Montmartre. Sans parler d’une scène folle, en top shot interminable (et sublime) qui rappelle que la référence de John Wick, avant tout, c’est le jeu vidéo. Evidemment que ça tourne en rond, évidemment que ça ne raconte absolument rien de plus qu’un jouissif défouloir sans queue-ni-tête de règlements de comptes entre tueurs à gages. Heureusement, serait-on tenté de dire.
Publié 5 novembre 2023
dans Joane, Jules, Peter Sohn et Pixar
Ni chaud ni froid.
4.5 Vu au cinéma avec les enfants, en rentrant de vacances. Seul plaisir que j’en retiendrai tant j’ai trouvé ce nouveau cru aussi mignon que convenu et sans intérêt. Pourtant, cette idée d’amour impossible entre Flam et Flack, deux éléments antagonistes qui bientôt tombent amoureux l’un de l’autre, avait tout pour me séduire. C’est vraiment la rencontre entre Zootopie (l’aspect mégalopole futuriste) et Alerte rouge (le récit d’apprentissage envers et contre les codes familiaux). Le problème majeur à mon sens réside dans le déséquilibre d’intérêt éprouvé devant ces deux personnages : La volcanique Flam est bien plus intéressante que le mollasson Flack. Évidemment ça reste plutôt joli – l’animation toujours aussi impeccable – et bien fagoté mais j’attends bien davantage de Pixar. Et de Thomas Newman, dont la musique m’a semblé tout aussi terne, ici. Quant à Peter Sohn, il m’avait autrement mieux séduit avec Le voyage d’Arlo.
Publié 4 novembre 2023
dans Kelly Reichardt
Sculpter l’envol.
7.0 Je tiens Kelly Reichardt comme l’une des cinéastes vivantes les plus importantes. En marge, discrète, libre, minimaliste, attentive au temps, au mystère qui entoure ses personnages, elle donne à ses films un horizon sans égal. J’aime infiniment chacun de ses films depuis Old Joy, donc forcément il fallait qu’un jour je sois un peu déçu. Ce film me plait pour diverses raisons mais je crois sincèrement que Kelly Reichardt est dans une impasse, avec Showing up. Soit parce que la forme est trop scolaire (pour du Reichardt, s’entend), le sujet trop proche d’elle cette fois (elle nous a habitué à des formes et récits variés, pas forcément contemporains, d’ailleurs) soit parce qu’il y a une double lecture, artistique et familiale, dont la greffe ne prend pas vraiment. Peut-être que le canevas dans lequel il évolue est moins séduisant, aussi. Qu’importe, son cinéma me parle, ses plans, sa lumière me fascinent. J’ai parfois pensé à du Ira Sachs. J’aime bien cette histoire de pigeon blessé et d’eau chaude récalcitrante. J’adore ce chat, aussi. Bon, c’est un film archi rachitique, flottant, complètement down tempo (à l’image de la scène climax du vernissage, où il ne s’y passe RIEN mais c’est très beau), à la fois riche de sens et vide de forme, au sens virtuose du terme. J’imagine qu’on peut s’ennuyer ferme devant ce récit en forme de parenthèse, soit l’évocation de ce quotidien d’une artiste sculptrice qui travaille dans l’administration d’une école d’art tout en préparant son exposition. Je m’y suis jamais ennuyé, moi. Et plaisir chaque fois renouvelé, j’adore suivre Michelle Williams, sous la caméra de Kelly Reichardt. Mais il me manque quelque chose, pour y être aussi séduit, sensible, passionné qu’à l’accoutumée.