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Archives pour janvier 2024



Violent night – Tommy Wirkola – 2022

31. Violent night - Tommy Wirkola - 2022Maman, j’ai raté la cible.

   4.0   Du Wirkola pur jus tant on retrouve le sel de son diptyque nazis/zombies (Dead snow 1&2) mais ici sur les terres du film de Noël, avec le vrai père Noël se retrouvant à dézinguer une bande de malfrats venu cambrioler une riche famille dans leur manoir forestier, le soir du réveillon. Bref c’est Die Hard avec John McClane en Saint-Nicolas. On découvre que l’homme à la hotte magique (elle a son importance ici : les cadeaux sont des armes diverses et variées) était jadis un barbare scandinave et qu’il n’est plus qu’un loser alcoolique accomplissant sa lourde besogne saisonnière sans plus vraiment y croire. Du grand n’importe quoi, ou pas suffisamment justement : le film est moins généreux qu’espéré, assez peu inspiré, notamment dans sa construction, ultra prévisible et son petit côté film pour gosses qui n’en est pas un : c’est souvent trash et par ailleurs interdit au moins de seize ans. Et pourtant ça fait mille références à Maman j’ai raté l’avion. Wirkola s’est un peu planté (de cibles) je pense.

Silent night – John Woo – 2023

30. Silent night - John Woo - 2023Vengeance silencieuse.

   4.5   Trois (récents) crus de Noël, sinon rien. On ouvre le bal avec le dernier John Woo, disponible sur Prime. L’histoire de la vengeance d’un père ayant perdu son fils, la veille de Noël, durant une fusillade entre gangs, qui se met en tête de liquider tout le cartel un an plus tard.

     C’est un film très bancal. Il y a déjà cet interminable build-up qui rappelle le long ventre mou de La sanction, de Clint Eastwood. Mais au moins on avait Clint Eastwood. Là il faut se fader une endive de classe mondiale. Il y a aussi ces flashbacks surexposés hideux. Il y a un flic (joué par Kid Cudi) qui sert absolument à rien. Et tout un tas d’autres problèmes.

     Le film aurait dû épurer davantage. Là il a clairement le cul entre deux chaises. On retiendra quelques moments : La première grosse baston dans la maison, entre garage, cuisine et salon. Même si Fincher, dans The killer, quelques semaines plus tôt, avait fait nettement mieux. La scène dans l’escalier à la fin et son plan séquence aussi impossible qu’il est trafiqué : Là encore on avait eu droit à une séquence autrement plus impressionnante dans le dernier James Bond.

     Mais il y a aussi le plaisir du silence. Ça ne parle pas, en grande partie car son héros est muet après avoir reçu une balle dans la trachée. Mais bon ça permet surtout de constater que c’est souvent très laid cette image numérique. Bref, l’ironie veut que si John Wick s’inspire allègrement de John Woo, John Woo lui n’arrive plus à la cheville de John Wick. Pour moi c’est niveau du dernier Argento, en gros. Rien de honteux, mais aucun intérêt.

Beau is afraid – Ari Aster – 2023

????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????Maman a tort.

    1.0   Les promesses qui parsemaient l’inégal Hérédité et la maestria fulgurante de Midsommar avaient provoqué une considérable attente en ce troisième film. Le film-monstre promis et sa virtuosité tant vendue accouchent d’un pensum terrible, mêlant culpabilité œdipienne et misanthropie hallucinogène.

     Or, le malaise, qui habitait si passionnément Midsommar, s’est évaporé dans un ennui aux relents freudiens caricaturaux. Trois heures interminables d’un cauchemar géant, véritable chemin de croix (pour Beau, pour nous aussi) de 2h58 devant lequel on ressent l’audace – Aster est un vrai faiseur d’images, un néo Kubrickien disons – mais tout est tellement lourd, mal branlé, qu’il n’en reste qu’un machin ridicule, bardé de références mal digérées, entre Kafka et Buñuel.

     Aster se prend donc comme un artiste alors qu’il avait jusqu’ici troublé par son équilibre entre virtuosité et humilité. Le film manque clairement d’un producteur qui aurait eu l’intelligence / le pouvoir de dire « ici il faut couper ». Beau is afraid s’étire en permanence pour pas grand-chose, si ce n’est pour accentuer le malaise. Il faut croire qu’Aster mange dans la main d’A24, qui lui garantissent un budget confortable (cinq fois supérieur à son film précédent) et une durée libre.

     J’ai eu la pénible sensation d’assister aux confessions d’un type qui placarde sur écran – avec un Joaquin Phoenix insupportable, comme d’habitude – toutes ses névroses et qui ferait mieux d’aller chez un psy plutôt que de nous faire endurer ce / son calvaire. J’ai aussi beaucoup pensé à cette daube de Charlie Kaufman, Je veux juste en finir. Moi aussi je voulais juste en finir. Bref, je suis tombé de bien haut.

     J’ai par ailleurs revu Midsommar depuis (qui reste un film fort et important à mes yeux) et bien c’est comme si Beau is afraid avait un peu déteint dessus, tant je suis gêné par des choses qui ne m’avaient pas du tout dérangé la première fois, les prémisses de ce qui me gonfle prodigieusement dans Beau is afraid. Bref faut peut-être pas que je revoie de sitôt du Ari Aster…

Le procès Goldman – Cédric Kahn – 2023

18. Le procès Goldman - Cédric Kahn - 2023En toute innocence.

   7.5   Pierre Goldman, personnalité emblématique de l’extrême gauche française, est élevé par des parents résistants, polonais, juifs et communistes. Il fait ses armes à Cuba puis dans la révolution vénézuélienne. En France il participe à de nombreux vols à mains armées, qui servent autant (ou pas) la cause révolutionnaire que ses fortes dépenses quotidiennes.

     Le film ne fait pourtant point le récit de la vie de Pierre Goldman, mais bien celui de son second procès (le premier ayant été cassé pour vice de forme) durant lequel il sera défendu par Georges Kiejman, incarné ici par Arthur Harari (auteur d’Onoda, coscénariste d’Anatomie d’une chute) qui campait déjà un avocat dans La bataille de Solferino, de Justine Triet.

     Pierre Goldman se défend très simplement. « Je suis innocent parce que je suis innocent ». Point. Lui qui assumait pleinement ses braquages nie en bloc être l’assassin des deux pharmaciennes boulevard Richard-Lenoir. Juger les faits, seulement les faits et non l’individu, ce sera son crédo, son unique argumentaire.

     Mais il s’agit plus que d’un procès pour meurtre, c’est celui de la judéité. Il faut rappeler que Pierre Goldman a écrit en prison « Souvenirs d’un juif polonais né en France » et de ce procès ressort concrètement ce qu’il a probablement dénoncé par écrit : L’antisémitisme étatique, la police raciste et mensongère.

     C’est un grand film de procès, français. La même année qu’Anatomie d’une chute. Grande année française, une fois de plus. Le film est très austère, forcément très écrit, et pourtant il vibre partout, sans ornements. Il s’agit donc d’un pur huis-clos, en format carré, sans musique d’accompagnement aucune. Un geste radical et précis de mise en scène de la parole : d’une joute oratoire à l’autre, le récit se déploie, la fascination s’intensifie.

     Arieh Worthalter, qui impressionnait déjà dans le très beau Douze mille, de Nadège Trébal, démontre une fois de plus l’étendue de son magnétisme, entre pics ardents et charme mystérieux. A l’autre bout, Arthur Harari incarne Kiejman avec un flegme tout en retenue, une détermination d’un calme olympien. Cet équilibre des deux pôles rend déterminant la fascination exercée par la défense, face au cirque de l’avocat général et l’imprécision ridicule des témoins. 

L’enlèvement (Rapito) – Marco Bellocchio – 2023

07. L'enlèvement - Rapito - Marco Bellocchio - 2023Des hommes et des dieux.

   8.0   Le nouveau Marco Bellocchio raconte l’histoire vraie d’un jeune juif de sept ans, Edgardo Mortara, qui en 1858 à Bologne, fut arraché à sa famille par l’ordre pontifical, pour avoir été baptisé en secret par sa nourrice catholique (qui craignait qu’il soit condamné aux limbes) six années plus tôt. Il intègre alors la cour du pape Pie IX et pendant ce temps sa famille se bat pour le récupérer, bientôt seulement pour le revoir, soutenus par l’opinion publique, tandis qu’en parallèle l’unification italienne grandit, la fin du pouvoir de l’Eglise approche, l’époque du pape roi est à son crépuscule.

     Le vertige d’un récit aussi improbable qu’il est véridique se déploie dans un montage alterné qui permet aussi bien d’accompagner le quotidien de la famille Mortara, poursuivant le shabbat avec l’assiette vide d’Edgardo à table, que dans la nouvelle vie du garçon, qui grandit dans la cour du pape. Bien qu’il continue au préalable de réciter le chema Israël sous ses draps, mezouzah en poche, il se voit bientôt assidu à la messe et fasciné par le Christ en croix de l’église qui sera son entrée vers une religion qu’adulte il chérira plus que tout.

     Un moment donné, quand la mère parvient à voir son fils, surveillée dans une antichambre sans âme, on ne sait comment se bouclera cette séquence, par le vide d’un fils qui a oublié ou par une nouvelle déchirure. Et c’est in extrémis le vertige opératique qui explose, c’est la scène qui nous manquait précédemment, lors de la séparation en plusieurs mouvements, soit celle de l’arrachement de l’enfant aux bras de sa mère. C’est ouvertement Le Kid de Chaplin. La tornade musicale, toute en stridences terribles, qui saisit parfois certaines fins de séquences, comme celle-ci est à l’image du cri de souffrance du père Mortara, qui déchire plus tard les murs et file la chair de poule, lors de la sentence du procès perdu.

     Edgardo grandit, les ellipses se succèdent, et il devient cette ambivalente figure du protecteur de l’église et son bourreau, une âme errante, perdue entre deux familles, deux religions, capable lors de l’insurrection du peuple au voyage de la dépouille du pape, de crier son amour pour lui et sa haine. J’ai bien une petite réserve sur les hallucinations du pape, cauchemardant sur une caricature qui sera relayée par une séquence fantasmée un peu cartoon, mais dans l’ensemble ça m’a terrassé. Jusqu’à cette fin, tétanisante, funeste, où la douceur de la retrouvaille tant espérée se voit brisée une derrière fois par un différend de religion.  

     C’est de l’opéra. C’est baroque. C’est flamboyant. C’est vertigineux. Après le superbe Esterno notte, série consacrée (une fois de plus, après Buongiorno notte) à l’enlèvement d’Aldo Moro, c’est décidemment une très grande année pour Bellocchio.

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silencio


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