La place de l’autre.
6.0 Je me méfie toujours de Fred Cavayé, capable d’honnêtes polars (Pour elle, A bout portant) et coupable de comédies nulles (Radin, Le jeu) alors évidemment le voir à la barre d’un film comme celui-ci, adaptation d’une pièce, en période d’Occupation, avec Auteuil et Lellouche ça fait peur autant que ça attise la curiosité.
Tandis qu’il vient de mettre sa famille à l’abri en zone libre après l’annonce du recensement des juifs, Joseph Haffmann, bijoutier de Paris, propose à son employé, de lui céder la boutique (avec un faux acte de vente) et de lui reprendre une fois la guerre terminée, en échange de quoi il promet de l’aider à lui faire ouvrir son propre commerce et lui permet d’emménager, lui et sa femme, dans son grand appartement au-dessus de la bijouterie. Les contrôles Gestapo se succédant, Haffmann ne parvient plus à partir et se retrouve hébergé chez lui dans sa propre cave, mais peu à peu la relation entre les deux hommes va se dégrader.
Le huis clos est bien maîtrisé, notamment dans sa mise en scène de chaque étage. Il y a par ailleurs de belles compositions de plans ci et là. L’intrigue théâtrale préserve ses rebondissements jusqu’au tout dernier. Et cette histoire du gentil gars, trop frustré parce qu’estropié (sa patte folle l’empêche de défendre son pays) et stérile (il ne peut faire d’enfant à sa femme) qui vire opportuniste collabo, dangereux avec son hôte, lamentable avec sa propre femme, prend une tournure de plus en plus lourde, bien épaulée par une Sara Giraudeau, un Gilles Lellouche et un Daniel Auteuil, bien choisis et concernés.
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