Ça commence hier.
6.0 On retrouve tout le cinéma de Lilti qui était jusqu’ici concentré au domaine de la médecine, dans Hippocrate, Médecin de campagne ou Première année. Le voilà intéressé par un autre corps social, le corps enseignant. Peut-être une nouvelle trilogie chez les profs ?
Le film est charmant, bien interprété, parfois bien écrit, parfois moins. En fait Lilti voudrait à la fois faire un film choral mais aussi un film de potes mais aussi un récit d’apprentissage, mais aussi parler des familles éclatées. Ça fait beaucoup en une heure et demie. J’aurais tendance à penser que le récit se déploierait mieux en format série, Lilti ayant prouvé avec les deux (bientôt trois) saisons d’Hippocrate qu’il était bien plus à son aise avec ce système de narration / construction.
Il en ressort un film avec une regard de médecin, de diagnostiqueur, pourtant Un métier sérieux tire des portraits qu’il peine à faire incarner, des situations qui auraient mérité d’être étirées. Au hasard le personnage du prof d’histoire (campé par un bon Cluzet, même en bougon) et ses rapports compliqués avec son fiston. Au hasard cette sortie surf, complètement bâclée, ratée, inutile. Au hasard l’idée centrale, archi classique, de Benjamin (Vincent Lacoste) qui joue un professeur remplaçant et nous sert de boussole. Comme c’était le cas dans Hippocrate, où il incarnait le nouvel interne. C’est encore la facilité du récit d’apprentissage.
Mais souvent, ce qu’il effleure ou creuse un peu, est très beau. Notamment tout ce qui tourne autour du conseil de discipline d’un gamin. Ce qui m’a séduit c’est sa volonté de montrer la vie, parfois compliqué, parfois chaotique, souvent solitaire, de chacun de ses personnages. Et son désir d’en créer une petite famille, par la force des choses. Je trouve qu’il réussit bien ces moments-là, notamment ce petit débat improvisé en bouffant un fast food dans le logement de fonction de l’un d’eux. Je ne suis pas prof mais ça m’a semblé assez proche de ce que j’imagine être le quotidien précaire d’un prof, d’un groupe de profs.
Et donc malgré ses défauts ça m’a bien plu. D’une part car j’y ressens son engagement : Le film ne cesse de montrer comment tout délaisse, déclasse, fragilise ce métier de passion, de vocation, qui semble ne plus avoir rien de sérieux pour personne, comment les professeurs même les plus passionnés peuvent être amenés à vaciller. D’autre part car c’est un beau film populaire et fédérateur, avant tout, un peu comme ce que font Toledano et Nakache, mais plus à gauche, disons.