L’an 0 & 1.
4.5 C’est devenu une habitude désormais, je vais voir un film de Dumont sans trop y croire. J’y vais car j’ai passé un pacte imaginaire avec lui et son cinéma, après tout il m’a offert Hadewijch et Hors Satan, je peux bien souffrir un peu, devant Ma Loute ou Jeannette. D’autant que j’ai repris espoir (un espoir un peu malade, certes) avec Jeanne puis France, deux films bancals mais passionnants.
Selon la presse, L’empire c’est un film-ovni entre La vie de Jésus et Star Wars. Le côté obscur de la force sur la Côte d’Opale ? J’avais déjà peur. Alors c’est à la fois plus que ça et pire que ça, malheureusement. En réalité c’est déjà un best of Dumont avant d’être un space opera. C’est La vie de Jésus, peut-être – le bambin s’appelle Freddie après tout, donc on peut le voir en tant que prequel – mais c’est aussi Ma Loute et Coin Coin.
Et comment dire… ce mariage-là ne prend jamais. Au même titre que le mélange de stars (Lucchini, Cottin, Khoudri) et de comédiens non professionnels s’avère assez raté. Ou le retour foiré du duo de gendarmes de P’tit quinquin. Billy « sauvait » Ma Loute. Ici on sauvera Jony, avec cet étrange interprète qui semble être une fusion bizarre entre David Dewaele et Sean Penn : il brille dans chaque plan.
Mais c’est quand même hyper laborieux et très sage, je trouve, pour du Dumont. France c’était très inégal certes mais beaucoup plus fou. Néanmoins je ne peux enlever à ce film et à Dumont de me passionner sur un plan large, un curieux rythme, sur des cadres parfois magnifiques, sur le simple fait de faire figure d’anomalie dans le paysage cinématographique. Notamment ses magnifiques transitions entre le Pas-de-Calais et l’univers intergalactique
Il y a dedans parmi les plus beaux plans de l’année. Et il y a un design et des effets visuels cent fois plus beaux que chez Marvel et trente fois moins chers. Que je le trouve lourd, embarrassant et peut-être même un peu problématique (le regard sur les personnages féminins, notamment) importe peu, finalement, ce qui compte c’est que Dumont continue de faire des films et d’expérimenter encore et encore.