Le songe de la lumière.
7.0 À l’origine il y a un conte d’Hans Christian Andersen, d’une grande noirceur, l’histoire d’une petite fille de la rue, faisant l’expérience de la solitude, du froid et de la mort, dont elle échappera un temps par le rêve. Bref un conte de Noël aux allures de tragédie enneigée.
Catherine Hessling (épouse de Jean Renoir) qui incarnait déjà la fille de Sur un air de Charleston, reprend le rôle emblématique de la marchande, vivant dans une cabane (dans laquelle on n’entrera pas), réduite à vendre des boîtes d’allumettes et battue par son père (qu’on ne verra pas non plus) si elle revient sans butin.
Une nuit, alors qu’elle n’a rien vendu et préfère rester dehors, elle se réfugie sous une palissade qui bientôt disparaît. Elle craque une allumette, pour se réchauffer dit-elle, mais surtout pour s’abandonner à la rêverie, son dernier voyage dans lequel elle danse puis évolue dans la chaleur d’un magasin de jouets géants et vivants, avant de galoper à cheval dans les nuages avec un officier afin de fuir la mort. Les hallucinations se succèdent puis disparaissent, laissant la petite marchande endormie dans la neige, pour l’éternité.
Très peu de cartons, une dizaine tout au plus et le film est pourtant d’une limpidité folle. Parcouru de superpositions visuelles magnifiques. C’est un poème tragique et lumineux, dans lequel une simple allumette devient portail vers la rêverie et donc vers un autre cinéma, le réalisme se muant en fresque onirique. Très beau.