Horizons abscons.
6.5 J’ai eu un mal fou à entrer dans le film – et pas uniquement parce que les sièges du cinéma étaient de mauvaise qualité. Je trouvais ça vraiment très laid, l’image, le numérique, les textures. Et si je m’y suis fait (c’était déjà le cas pour Fury road, l’exaltation en plus) Furiosa restera pour moi tout l’inverse d’un film organique (puisque j’ai pu lire ce terme un peu partout) tant je vois que du faux partout, dans chaque plan.
Dans la partie « enfance » de Furiosa, le film m’a semblé mal branlé, mal construit, ayant l’impression continue qu’il ne savait pas où aller. Heureusement, la grande course-poursuite au mitan réveille. Et c’est paradoxalement le moment où je trouve la relation avec Praetorian Jack (qui est une endive sans nom) absolument sans intérêt, contrairement à l’utilisation de Max dans le film précédent.
Pourtant c’est la sécheresse du film qui m’a rattrapé. Une sécheresse (un peu à l’image de la sortie de ce personnage side-kick du récit) telle qu’elle semble dessiner la carte du blockbuster moderne, sombre, dépressive dans la lignée du Batman, de Matt Reeves. J’adore son grand méchant (Chris Hemsworth est génial) : Dementus supplante Immortan Joe, le sanguinaire bouffon et imprévisible remplace le monarque monstrueux et tyrannique. La grande force du film à mes yeux.
J’adore les nombreux virages, même si l’ensemble est beaucoup trop long. J’aime surtout qu’il s’érige contre Fury road, un peu comme tous les Mad Max s’érigeaient contre le précédent. A ce petit jeu l’interprétation principale n’est pas anodine non plus : Anna Taylor-Joy compose une excellente Furiosa pré Charlize Theron (puisqu’il s’agit d’une préquelle).
Bref, je reste déçu sur l’ensemble, qui me galvanise peu, en revanche je trouve génial que Miller ne semble faire aucune concession, qu’il continue de brosser sa mythologie en circuit fermée, à contre-courant de tout. Il y va à fond, jusqu’au bout : je ne sais toujours pas quoi penser de cette fin, si je l’adore ou la déteste : je crois que le fait que la dernière partie reprenne un peu trop le schéma de sortie du tout premier Mad Max me gêne mais ce dernier pas de côté m’a semblé tellement à côté qu’il me fascine.