À trois on y va.
7.0 Pas loin d’avoir adoré ce croisement improbable entre Les innocents, Jules et Jim, Kaboom et Les amours imaginaires. Convoquer Bertolucci, Truffaut, Araki et Dolan dans un même film n’est pas forcément évident sur le papier. Challengers aura la particularité de se dérouler dans le monde du tennis, sur une décennie, dans un récit archi fragmenté qui revient en fil rouge sur un match important. Un film à trois personnages (le reste du casting existe à peine) fait de rivalités, de jeux de séductions, d’ambitions croisées, qui pue littéralement le sexe par tous les pores.
L’obsession du réalisateur de Call my by your name n’est bien entendu pas le tennis (qui ne sera que le cadre et vecteur de ses fantasmes) mais cette valse des sentiments et des tensions sexuelles. Un triangle amoureux contrarié, donc, notamment par la temporalité (le film est très bordélique de ce point de vue, faisant collisionner le déroulement d’un match phare avec les nombreuses années de leurs relations variées) avec d’un côté un champion qui ne veut plus gagner et un autre fauché qui survit en faisant des tournois challengers, et de l’autre une ancienne star du tournoi féminin condamnée à errer en coach après avoir subi une lourde blessure.
Par une mise en scène dynamique, complètement décomplexée, Guadagnino s’amuse, fait souvent n’importe quoi avec sa caméra (allant jusqu’à que le plan prenne le point de vue d’une balle de tennis, c’est dire) mais c’est aussi ce qui séduit : le film érotise tout, il y a une vraie esthétique de la sueur, le tennis est représenté de façon complètement irréaliste, c’est kitch, trop long, bercé par la musique de Trent Reznor & Atticus Ross. J’ai beaucoup aimé. Je le reverrai volontiers et en grande partie pour son trio central : Zendaya, Faist & O’Connor sont magnifiques.