Violence et passion.
5.0 Voilà un film en surrégime permanent, comme s’il voulait me prouver que passion devait obligatoirement rimer avec vitesse. Le cadre, les plans, les dialogues sentencieux, l’avalanche de morceaux d’époque : Tout est plein. C’est du cinéma de vignettes. Un peu comme le Polisse, de Maiwenn ou Les petits mouchoirs, de Canet. L’amour fou, dedans, je le cherche encore.
Pourtant, en sortant de la salle je voyais surtout ce qui m’avait séduit : sa première partie adolescente, le jeu des deux gamins, la nostalgie 80′s, le dynamisme de la mise en scène, quelques jolies séquences détachées (celle sur A forest, de Cure, notamment, qui laisse à penser que le film n’ira jamais ou l’on croit qu’il va). Bref j’y ai pris du plaisir. Mais le film s’est complètement évaporé. Aussi bien pendant, dès la scène pivot qu’on attendait autrement au départ (quel procédé malhonnête…) que quelques heures après la projection où le souvenir du film s’est largement fait dévoré par celui d’Anora.
Dorénavant je vois surtout cette obsession viriliste, le fantasme de cinéma américain un peu trop placardé et ces séquences un peu ratées, à l’image des scènes en miroirs des éclipses. Et puis cet amour fou manque clairement de subversion, c’est La fureur de vivre ou Bonnie & Clyde, mais la version dans laquelle les héros finissent heureux d’être manutentionnaires et de bouffer un fast-food en se disant qu’ils s’aiment.
Il y a quelque chose d’assez faux là-dedans pour qu’on ne le prenne pas entièrement par le prisme du fantasme (un peu sans intérêt donc) pur dès la scène pivot : Cette idée ferait d’ailleurs écho double. D’abord au fait d’agir en contrepoint du livre, qui se termine mal j’ai cru entendre. Ensuite c’est raccord avec la toute fin (avant le « je t’aime » dans le fast-food), dans le centre de manutention. Jamais personne sortirait ce monologue, calmement. Et surtout, ce petit supérieur hautain n’aurait pas ce petit silence de compréhension et de peur. Ça n’existe pas dans la vraie vie. Accepter cela de façon théorique ça passe je trouve, au premier degré c’est quand même un peu compliqué.
Le succès populaire et la joie partagée qu’il provoque me laisse coi, mais pas si surpris : C’est un film générationnel et décomplexé dans la lignée d’un Besson ou d’un Beineix de l’époque. Bref, l’amour selon Lellouche c’est pas mal, mais pas ouf. Je préférais nettement son Grand bain.
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