Drag me to hell.
7.0 En trois films, Zahler aura imposé un style, violent, radical et une capacité de glissement hors norme, aussi bien d’un genre à l’autre – ici le polar se transforme en film de prison – que dans sa propension à plonger au-delà des ténèbres. Celui-ci est un modèle sur ce point, monochrome, quasi nocturne, une descente aux enfers s’ouvrant dans une suburb sans âme et culminant dans le fin fond d’une cave de prison à haute sécurité, remplie de bouts de verre, de merde et de ceinture électrique.
Mais il faut une heure pour y arriver, dans cette prison, au sein de laquelle on traversera plusieurs couches de cellules et d’enfers : tout est imprévisible. Vince Vaughn est impressionnant : rarement sa taille et sa carrure auront été si magistralement utilisées. C’est une machine à tout désosser, impassiblement. Des bras, des jambes, des têtes. On est à la limite du carnavalesque et c’est aussi ce que j’aime dans le cinéma de Craig Zahler (sorte de rejeton de Tarantino & Peckinpah, mais encore inconnu au bataillon) : c’est très dur, très sombre (sa vision de l’Amérique est sans concessions) mais aussi parsemé d’un humour noir bienvenu à l’image des rôles over the top donnés à Udo Kier & Don Johnson.
Super film, qui plonge chaque fois plus vers les ténèbres et le non-retour. Dommage que l’image soit par instants si laides : des filtres bleus gris immondes. Mieux vaut ne pas trop sortir : tout dès l’instant qu’on soit en prison est aussi glauque que merveilleux. Un peu comme l’étaient les grottes terribles de Bone Tomahawk. J’aimerais tellement le voir davantage, Zahler. Le voir en salle, déjà. Il semblerait que son prochain se déroule dans la mafia du jeu, en plein New York des années 50, encore avec Vince Vaughn, autant dire que j’ai super hâte !
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