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Archives pour décembre 2024

Napoléon – Abel Gance – 1927

23. Napoléon - Abel Gance - 1927Naissance d’un monstre.

   8.0   Fruit d’une complexe restauration de quinze ans, Napoléon vu par Abel Gance était diffusé sur France 5 dans un nouveau montage de sept heures, auparavant offert en séance Cannes Classics en mai dernier. Le monstre inachevé ressemble enfin à une version définitive souhaité par son auteur ? C’est en tout cas ce qui se rapproche le plus de ses carnets de travail.

     Napoléon par Gance traverse donc la période 1781-1796, soit son enfance jusqu’à la campagne d’Italie, au moment où il devient le général Bonaparte, en définitive. La vie de l’empereur dans son entièreté était initialement prévue mais Gance n’en tourna que cette première époque.

     Le film étire tout. Il s’ouvre sur une interminable bataille de boules de neige (en référence à ce chef d’œuvre des Lumière ?) au collège militaire de Brienne. Il s’intéresse ensuite au club des Cordeliers, où Napoléon rencontre Danton, Marat, Robespierre, Rouget de l’Isle et la naissance de la Marseillaise. Puis c’est le retour en Corse, jusqu’à sa fuite, pourchassé par les paolistes, dans son voilier de fortune sous la tempête montée en parallèle avec l’opposition des girondins et montagnards à la Convention (plus belle séquence du film). On plonge dans la Terreur (la mise en scène y est passionnante) puis le siège de Toulon (cette fois plus laborieuse). Charlotte Corday, les condamnations à mort, les bals des victimes, le mariage avec Joséphine de Beauharnais puis la campagne italienne.

     La dernière demi-heure du film se vit en polyvision, un procédé cinématographique à trois caméras consistant à juxtaposer trois images côte à côte de façon à obtenir une largeur plus importante. Un triple écran, un 70mm avant l’heure, en somme. Avec des jonctions un peu abruptes mais l’idée est géniale, quoiqu’il en soit.

     Fresque démesurée, monstre rafistolé, film inégal, fascinant, quelque part entre Griffith et Eisenstein.

Le dernier des hommes (Der letzte mann) – Friedrich Wilhelm Murnau – 1925

21. Le dernier des hommes - Der letzte mann - Friedrich Wilhelm Murnau - 1925Le crépuscule.

   8.0   Dans un hôtel prestigieux, un vieux portier extravagant – fier d’arborer sa réussite avec son uniforme d’officier général orné de broderies et épaulettes – est respecté de tous, aussi bien sur son lieu de travail que dans l’immeuble où il crèche.

     Or d’emblée, deux mondes s’opposent. Il y a les riches de passage dans ce lieu de transit de luxe, qui passent les portes tambours et s’empiffrent de caviar et il y a les prolos engoncés dans un quartier caché, qui se croisent dans l’arrière-cour et font sécher leur linge aux fenêtres. Le personnage est à la jonction de ces deux univers.

     Un jour, le portier éternel et jovial se voit destitué de son poste et par la même occasion, dépouillé de son apparat princier, parce qu’il a fait son temps, substitué par son double plus jeune, mais pour sa fidélité légendaire se voit attribuer le gardiennage des sanitaires.

     La suite n’est qu’errance et souffrance d’un homme humilié, entre indifférence et mépris du monde, condamné à voler et porter son ancien uniforme afin de ne pas éveiller les railleries de son voisinage. C’est un grand film sur le vieillissement et la déchéance moral d’un homme. Un film truffé de trouvailles visuelles, avec parfois des plans déformés, une image titubante afin de capter les états d’âme du personnage.

     Et surtout, aucun intertitre, c’est dire si Murnau croit au cinéma, aux puissances de la mise en scène. Enfin un seul carton intercalaire, tout de même – presque un pied de nez aux studios – juste avant l’épilogue, qui annonce que tout devrait mal finir, comme dans la vie, mais qu’au cinéma on peut inventer un happy end. Sublime.

Le cercle des neiges (La sociedad de la nieve) – Juan Antonio Bayona – 2024

12. Le cercle des neiges - La sociedad de la nieve - Juan Antonio Bayona - 2024

Les héros sont immortels.

   8.0   Aussi talentueux est-il pour mettre en scène la catastrophe, sa façon de relier l’intime et le spectacle, le réalisme et le romanesque, il y a chez Bayona (au moins dans The Impossible et celui-ci) une propension à la manipulation qui me pose question.

     Bayona scande – dans son film, mais aussi en interview – sa volonté de réalisme, de coller davantage au réel, dont il serait légitime puisqu’il aurait épluché toutes les recherches liées au fameux crash du Vol 571, se serait entretenu avec des survivants, lu La sociedad de la nieve, le livre de Pablo Verci ou Miracle dans les Andes, celui de Nando Parrado. Très bien. Or on constate que ce réalisme n’est pas exempt de pompiérisme.

     L’exemple le plus flagrant se situe bien entendu dans ce choix de narration : c’est la voix (off) de Numa Turcatti (personnage absent du film de Frank Marshall, Les survivants, ou figurant, ce qui revient au même) qui nous guide. Il ne fait donc aucun doute qu’il a survécu. Or, pas du tout. Il meurt, au mitan du film grosso modo. Son corps participera à la réussite de l’ultime expédition. Si le sujet se situe ici pour Bayona (raconter cette fois l’héroïsme (du corps) des morts et moins celui des survivants) le récit lui, joue un peu la carte de la malhonnêteté. Quand bien même ce basculement de voix off impressionne, j’aime qu’on joue franc jeu, moi. Que ce personnage fasse partie des victimes mais qu’il soit choisi en tant que conteur, très bien, mais il faut qu’on soit clair dès le départ.

     Je retrouve donc par petites touches le Bayona manipulateur qui m’avait tant agacé dans The impossible, qui cumulait les artifices de ce genre : survivra, survivra pas, disparition, réapparition, deuil, retrouvaille. Quel intérêt de jouer sur cette corde là quand on a un matériau si riche, solide et puissant que les histoires vraies d’un tsunami ou un crash d’avion ? Dans Titanic, je sais d’emblée que le bateau va couler, que Rose va survivre, que Jack vraisemblablement va mourir. Et pourtant j’oublie tout car le film m’embarque, me fait oublier le réel : la fiction a gagné. Cameron joue mais ne triche pas. Bayona triche et ment. C’est mon premier imposant grief.

     Autre chose : il faut savoir que je suis un grand fan du film Les Survivants, adaptation hollywoodienne de 1993. Le film a ses défauts, ses mensonges, j’en suis conscient, mais son impressionnante intensité, aussi. J’ai grandi avec. Si Marshall se plaçait directement dans la roue de Spielberg – d’autant que Arachnophobie, son précédent film, était un produit Amblin – par sa forme, sa construction, son efficacité narrative, sa kyrielle de personnages, son ampleur romanesque, on constate que Bayona aussi – rien d’étonnant en soit, puisqu’il sort tout juste de Jurassic World, Fallen Kingdom. Je trouve le film très, trop Spielbergien, en un sens. Et donc forcément très hollywoodien dans sa mécanique. Un peu académique, quand bien même la musique de Michael Giacchino fonctionne toujours à plein tube sur moi – Me suis jamais remis de la bande originale de Vice-Versa.

     Alors oui, Le cercle des neiges se situe bien plus dans le réel (Fernando Parrado « dit Nando » survivant et auteur de l’ouvrage « Miracle dans les Andes » aurait dit qu’il trouvait l’adaptation de Bayona bien plus fidèle et proche de la réalité qu’il a traversée) ne serait-ce que parce qu’il se déploie, enfin, en langue espagnole, l’équipe de rugby étant de nationalité uruguayenne. Et pourtant je me sens bien plus proche, en tant que spectateur, de la version de Frank Marshall d’un point de vue réaliste, au sens où je l’entends : la caractérisation des personnages, les interactions, le soin apporté à nous faire croire en l’idée que ce groupe est une équipe, sur un terrain. Chez Bayona j’y crois moins. J’y vois un souci de reconstitution, certes, mais je ressens surtout la fabrication. Un peu à l’image du décor. Évidemment c’était plus cheap dans Les survivants (le budget est double ici) mais ça couvrait l’essentiel. Bayona se donne beaucoup de mal pour injecter du réel. Et parfois il y parvient brillamment au détour d’une idée magnifique : celle qui voit la première expédition vers la queue, réaliser que l’épave est invisible de loin, semblable à un rocher parmi d’autres, donc impossible à localiser pour d’éventuelles recherches par avions. Les plans d’ensemble sont ses plus belles réussites : la photo est très belle, par ailleurs.

     Le film me passionne sitôt qu’il invente quelque chose qui n’était pas dans l’autre film. Formel ou non. Sitôt qu’il effectue un pas de côté lui apportant une singularité dans le paysage du cinéma de catastrophe : Ce cut sur le cri de cet homme le soir, décédé le lendemain, ça c’est impressionnant. Le crash est très fort, techniquement parlant, mais il propose rien de plus que ce que Les survivants offrait : les sièges qui s’envolent, puis qui glissent les uns sur les autres façon accordéon, les nombreux débris, c’était déjà dans l’autre film – Reste qu’en intensité de crash, oui, on n’avait pas vu aussi puissant depuis l’ouverture de Lost. La scène de la double avalanche m’a en revanche terrifié. Curieusement j’ai retrouvé plein de choses du film de 1993, même techniquement : ce plan du fil de l’antenne, par exemple. Tout pareil. J’aurais aimé que le film s’intéresse davantage à leur quotidien, qu’il saisisse leur souffrance mais aussi leur complicité. Il y a une très belle scène d’imitation de cris d’animaux, par exemple. J’en voulais davantage. C’est d’autant plus frustrant que le seul moment vraiment léger du film (ils font des rimes chacun leur tour et se marrent) précède l’avalanche : C’est comme si Bayona craignait cette légèreté ou pire la condamnait.

     Autre chose : Pour un film qui dit davantage se soucier des morts, je l’ai trouvé un peu juste envers les victimes, justement et tout particulièrement les victimes féminines. Dans Les survivants j’ai été marqué au fer par cette femme qui crie et agonise lors de la première nuit, par la mère de Nando qui brille par son absence (elle meurt dans le crash, mais on en parle tout le temps), par la sœur de Nando, qui s’accroche puis décroche en permettant à son frère de rebondir, par Lilianna qui s’en ira durant la terrible avalanche. Dans Le cercle des neiges, où sont-elles ces femmes ? Où sont ces visages, plus globalement ? Je n’ai été ému par aucun visage. C’est à peine si je parviens à les différencier. Dans Les survivants, je me souviens parfaitement de Federico, Eduardo, Antonio, Roy, Tintin, Rafael, pour ne citer que des personnages plus secondaires. Je n’irai pas jusqu’à dire que les personnages ici sont interchangeables. A vrai dire je le disais, après mon premier visionnage. C’est peut-être vrai mais il s’agit surtout d’en faire des entités en survie, sur le même pied d’égalité. C’est une idée brillante, quasi abstraite.

     Il ne faut pas oublier de rappeler que le film est une démonstration technique, comme souvent chez Bayona. Pour le bon : ce qui impressionne ce sont les escarres, les gerçures, les peaux crasseuses brûlées par le soleil, les dents abîmées, voire qui se déchaussent, les infections variées, l’urine marron, les vêtements arrachés. Cette carcasse de cage thoracique. C’est criant de réalisme. Pour le plus discutable, disons : c’est un défilé de mouvements de caméra, de grand angle. C’est du cinéma grue, travelling, fisheye si on voulait être un peu méchant. Un cinéma grandiloquent à la Cameron. Cela peut irriter, mais si on accepte le voyage c’est fabuleux.

     J’ai l’air d’être un peu dur envers le film et pourtant j’ai adoré, je l’ai déjà revu. J’ai surtout été fasciné par son ambition romanesque assez grisante, qui a le mérite de me replonger dans cette histoire qui m’a toujours fasciné, au point où je me suis procuré le livre écrit par Fernando Parrado : Une merveille. Et le film tient admirablement sur la durée, pas un bout de gras.

     Son sujet, finalement, c’est moins la tragédie que cette idée paradoxale de miracle des Andes. C’est donc son rapport à Dieu. C’était déjà très prégnant dans Les Survivants, cette crise de foi, mais ici, on sent que ça lui tient à cœur à Bayona. S’il choisit Numa, comme conteur, c’est aussi parce que c’est celui qui au préalable se refuse à manger, celui qui n’a pu trouver d’accord avec son dieu. Le miracle c’est l’offrande des corps pour la survie des vivants. Le film devient précieux dans son rapport à Dieu tant il admet que Dieu se trouvait dans chacun d’eux. C’est un beau personnage en décalage, qui vise sans arrêt les cieux. Très malickien comme figure. Et c’est donc en partie grâce à lui si l’ultime expédition est une réussite. Grâce à son corps. Alors cette sensation d’être manipulé par un point de vue impossible s’évapore, la parole des héros est immortelle.

Les chambres rouges – Pascal Plante – 2024

13. Les chambres rouges - Pascal Plante - 2024Anatomie d’une obsession.

   7.0   Voilà un film de procès atypique. Plus proche de Saint Omer, dans sa composition, que d’Anatomie d’une chute, disons. Un film impressionnant par ses partis pris, aussi bien formels avec ses longues séquences, sa découpe chirurgicale, que narratifs tant il surprend constamment, en se calant sur cette anti héroïne que l’on suit jusqu’au bout.

     En réalité il s’agit moins d’un film de procès que d’un film sur les groupies des procès, ces personnes fascinées par les tueurs, par la banalité du mal. À moins qu’il s’agisse d’un film sur la quête de vérité vaille que vaille.

     Le film s’ouvre au palais de justice de Montréal, sur la première audience, une scène très longue, en temps réel, où l’on observe les avocats, les jurés et les familles des victimes, une scène où la procureure expose les faits et ses arguments : une sordide affaire de snuff movie (ou red rooms) avec victimes féminines dépecées et un meurtrier apparemment tout désigné.

     Puis insidieusement l’objectif se décentre des partis en présence pour nous emmener vers une jeune femme, parmi le public. Qui est-elle ? On ne saura pour ainsi dire jamais. Mais on la suivra au quotidien, évoluer en sous-marin, silencieuse, solitaire, elle est mannequin le jour, hackeuse la nuit et le reste de son temps est rythmé par ses parties de poker en ligne et ses séances de fitness. On dirait un personnage de Fincher. Obsessionnel à souhait.

     Le film est passionnant, terrifiant, sans aucune scène voyeuriste ou gore. Une scène (de tribunal) est à se chier dessus, vraiment. Une autre (de tribunal encore) fait exploser la puissance du hors champ et du son.

Blitz – Steve McQueen – 2024

09. Blitz - Steve McQueen - 2024L’enfant et le monde.

   5.0   Le premier long métrage de Steve McQueen, Hunger, remonte à une quinzaine d’années, maintenant. Pour être honnête, c’est l’un de mes films préférés. Vu deux fois en salle, un choc, puis revu plusieurs fois ensuite. Un film de prison sur des prisonniers politiques de l’IRA, en trois tableaux, visuellement étourdissants. C’était un bel objet expérimental, au sens où il tentait de capter une respiration, une forme. Le mec avait donc placé la barre très haut, d’entrée.

     Ensuite, toujours avec Michael Fassbender, McQueen a fait Shame. Déjà, on le sentait gagné par une espèce de classicisme, de fond comme de forme, mais le film était traversé par des pics de sidération hallucinants. J’avais adoré.

     À noter que je ne connais pas ses premiers travaux. Il a réalisé un nombre incalculable de courts métrages mais je ne sais pas ce qu’ils valent, au regard de ces deux premiers longs brillants.

     Puis je suis allé voir Twelve years a slave en salle. Les bras m’en tombaient. Film brillant, encore, mais que n’importe quel quidam brillant pouvait faire. Un film si classique, si littéral et par ailleurs multi oscarisé (Cqfd) c’était très décevant, surtout de la part d’un auteur qui m’avait d’abord semblé expérimenter.

     J’ai donc laissé tomber Steve McQueen. Je me souviens de la sortie des Veuves. Le film avait été relativement encensé mais j’ai fait l’impasse. Il y a aussi eu sa mini-série Small Axe, mais pareil, je n’ai pas fait l’effort.

     Je suis tombé sur Blitz un peu par hasard. L’histoire d’une femme, à Londres en 1940, qui envoie son fils de neuf ans dans la campagne anglaise comme beaucoup le firent à l’époque, afin d’échapper aux bombardements allemands. Or le garçon saute du train et envisage de la rejoindre.

     Le film évoque à la fois Oliver Twist et Wild boys of the road (l’un des chefs d’œuvre de William Wellman) mais il s’agit aussi de filmer Londres sous les bombes, la vie souterraine, la ségrégation, nimber le récit de flashbacks, de séquences de rêve. Hormis la photo très léchée et des plans ahurissants, je ne retrouve rien de Steve McQueen dans ce film très fabriqué et parfois d’une grande lourdeur. Le montage alterné – on suit la mère d’un côté, l’enfant de l’autre, jusqu’aux retrouvailles – n’est pas très stimulant, les temporalités respectives ne s’imbriquent pas. Il est rentré dans le rang.

     On se satisfait malgré tout de certains partis pris narratifs et formels : Le long plan-séquence au sein des festivités du cabaret bien qu’impressionnant semble un peu gratuit. Or il précède un bombardement très proche, qu’on ne verra pas, mais qui nous dévoilera ses conséquences : une foule inerte – aux poumons explosés au moment de la déflagration – en train de se faire voler par des pilleurs. Par bribes, il m’arrive par instant de voir des restes d’Hunger là-dedans. Mais vraiment des restes.

     Bref, tout ça pour dire que je continuerai de regarder les films de Steve McQueen si je le croise par hasard, comme on prend des nouvelles d’un vieil ami d’enfance, mais tous les deux on a bien trop changé pour à nouveau s’entendre.

Les visiteurs du soir – Marcel Carné – 1942

22. Les visiteurs du soir - Marcel Carné - 1942Le diable encore.

   4.0   Je sais que Carné est ce qu’on appelle un réaliste poétique. Pas un papier qui n’en parle pas. Je ne vois jamais ce qu’il y a de réaliste ni de poétique là-dedans, moi. L’académisme théâtral je le vois bien, en revanche. Sa démission politique aussi. Le film est tourné pendant l’Occupation mais ce n’est évidemment jamais son sujet (l’action se déroule en 1485) comme si Carné se fichait bien fort de son époque. Je sais bien qu’on peut y faire tout un tas d’analogies, y débusquer moults métaphores disséminées, opposant bourreaux et résistants, l’amour contre le Mal, mais il n’en reste pas moins que le récit s’articule autour d’un imaginaire moyenâgeux bien archaïque, a la mise en scène assez neurasthénique. C’est donc un nouveau petit théâtre au sein duquel le verbe de Prévert prend toute la place – avec l’interprétation extravagante globale, notamment celle de Jules Berry en diable. En revanche l’image est sublime. C’est une superbe succession de tableaux (glacés). J’aime par ailleurs que le rythme y soit excessivement lent, complètement engourdi. Voilà c’est un film (et un cinéaste) qui compte beaucoup pour ma meuf, je suis pas tendre j’avoue, vivement qu’elle chie sur des Rohmer pour compenser.

The substance – Coralie Fargeat – 2024

18. The substance - Coralie Fargeat - 2024La valse des étoiles.

   6.0   J’ai beaucoup souffert durant la séance. Beaucoup trop de grosses aiguilles déjà. Et de corps difformes. Et de bouffe dégueulasse : on venait de manger, c’était terrible. Souffert aussi avec sa forme, qui ne m’a pas toujours convaincu, notamment dans sa première moitié. Mais j’ai aussi été galvanisé par le film, son jusqu’au-boutisme, Demi Moore, sa plongée horrifique, son bis crasseux tellement assumé que scénaristiquement c’est absolument catastrophique (le prix du scénario cannois = grosse blague) et ses références en rafale, bien sûr. Mais en sortant de la salle, je savais vraiment pas si j’aimais le film. Aujourd’hui je sais toujours pas. Je n’ai pas vraiment envie de le revoir et dans le même temps j’adore le geste, beau prolongement du précédent film de Fargeat, Revenge, que j’aime à peu près pareil. Voilà, je trouve quand même que c’est un peu trop le Mulholland Drive de l’étudiant en cinéma et le Cronenberg pour les Nuls. Et en même temps le film va loin, tellement loin que je pense aussi bien à La Mouche qu’à Alien, à Carrie qu’à Basket case et c’est pas tous les jours qu’on peut ressentir ça. Je suis content de l’avoir vu.

Le mal n’existe pas (Aku wa sonzai shinai) – Ryūsuke Hamaguchi – 2024

20. Le mal n'existe pas - Aku wa sonzai shinai - Ryūsuke Hamaguchi - 2024A forest.

   5.0   Ayant été enthousiasmé par les trois précédents films de Ryusuke Hamaguchi, j’allais voir ce nouveau film avec la certitude d’adorer, accompagné qu’il était par une presse dithyrambique, des louanges d’amis chers et clairement la plus belle affiche de l’année.

     Je l’ai tant fantasmé qu’il a complètement glissé sur moi. J’y ai vu de belles choses, évidemment, notamment cette ouverture et son travelling en contre-plongée zénithale. J’aime aussi beaucoup la grande séquence de réunion, curieusement. Sa façon de capter les lieux, le temps mais aussi cette forêt, par exemple.

     Mais le film m’a semblé très fabriqué, trop écrit et un peu tape à l’œil (pour du Hamaguchi s’entend) à l’image de son final franchement lourdingue. Bon, difficile d’en parler plusieurs mois plus tard, j’ai vraiment oublié le film.

La colonie (Poselenie) – Sergei Loznitsa – 2001

10. La colonie - Poselenie - Sergei Loznitsa - 2001Les habitants.

   6.0   C’est une campagne isolée habitée par une mystérieuse communauté. Loznitsa y filme des êtres qui déambulent. Un quotidien rural avec ses codes, ses habitudes. On comprend qu’il s’agit d’un internat psycho-neurologique, mais filmé ainsi, ouvert, naturel, spacieux, le lieu ressemble à un petit village. Ses habitants y sont mutiques mais les visages disent énormément. Visages souvent perdus dans la masse d’un plan très composé, souvent en longue focale, dans un noir et blanc très lumineux. Mais Loznitsa offrira du temps à chacun de ses visages, cadrés cette fois en gros plan, durant les cinq dernières minutes accompagnées d’un Avé Maria tandis qu’il était jusqu’ici sans musique.

Les sorcières d’Eastwick (The witches of Eastwick) – George Miller – 1987

15. Les sorcières d'Eastwick - The witches of Eastwick - George Miller - 1987Le moindre mâle.

   3.0   Beaucoup pensé à La mort vous va si bien devant Les sorcières d’Eastwick. À Beetlejuice, aussi. Je me disais que je reverrais bien le Zemeckis, tiens, qui m’avait semblé bien plus intéressant que cette petite chose toute molle, ce produit informe, sarcastique et auto-satisfait, phagocytée par le jeu tout en grimaces de l’insupportable Nicholson en roue libre. Reste les trois actrices, la brune (Cher), la rousse (Sarandon) et la blonde (Pfeiffer) toutes trois formidables, mais bon, au service de quoi ? Pas loin d’avoir trouvé ça archi lourd et plutôt insipide in fine. De toute façon je comprends pas George Miller et encore moins l’aura culte qu’il provoque. M’enfin c’est pas très grave.

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