Le diable encore.
4.0 Je sais que Carné est ce qu’on appelle un réaliste poétique. Pas un papier qui n’en parle pas. Je ne vois jamais ce qu’il y a de réaliste ni de poétique là-dedans, moi. L’académisme théâtral je le vois bien, en revanche. Sa démission politique aussi. Le film est tourné pendant l’Occupation mais ce n’est évidemment jamais son sujet (l’action se déroule en 1485) comme si Carné se fichait bien fort de son époque. Je sais bien qu’on peut y faire tout un tas d’analogies, y débusquer moults métaphores disséminées, opposant bourreaux et résistants, l’amour contre le Mal, mais il n’en reste pas moins que le récit s’articule autour d’un imaginaire moyenâgeux bien archaïque, a la mise en scène assez neurasthénique. C’est donc un nouveau petit théâtre au sein duquel le verbe de Prévert prend toute la place – avec l’interprétation extravagante globale, notamment celle de Jules Berry en diable. En revanche l’image est sublime. C’est une superbe succession de tableaux (glacés). J’aime par ailleurs que le rythme y soit excessivement lent, complètement engourdi. Voilà c’est un film (et un cinéaste) qui compte beaucoup pour ma meuf, je suis pas tendre j’avoue, vivement qu’elle chie sur des Rohmer pour compenser.
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