Naissance d’un monstre.
8.0 Fruit d’une complexe restauration de quinze ans, Napoléon vu par Abel Gance était diffusé sur France 5 dans un nouveau montage de sept heures, auparavant offert en séance Cannes Classics en mai dernier. Le monstre inachevé ressemble enfin à une version définitive souhaité par son auteur ? C’est en tout cas ce qui se rapproche le plus de ses carnets de travail.
Napoléon par Gance traverse donc la période 1781-1796, soit son enfance jusqu’à la campagne d’Italie, au moment où il devient le général Bonaparte, en définitive. La vie de l’empereur dans son entièreté était initialement prévue mais Gance n’en tourna que cette première époque.
Le film étire tout. Il s’ouvre sur une interminable bataille de boules de neige (en référence à ce chef d’œuvre des Lumière ?) au collège militaire de Brienne. Il s’intéresse ensuite au club des Cordeliers, où Napoléon rencontre Danton, Marat, Robespierre, Rouget de l’Isle et la naissance de la Marseillaise. Puis c’est le retour en Corse, jusqu’à sa fuite, pourchassé par les paolistes, dans son voilier de fortune sous la tempête montée en parallèle avec l’opposition des girondins et montagnards à la Convention (plus belle séquence du film). On plonge dans la Terreur (la mise en scène y est passionnante) puis le siège de Toulon (cette fois plus laborieuse). Charlotte Corday, les condamnations à mort, les bals des victimes, le mariage avec Joséphine de Beauharnais puis la campagne italienne.
La dernière demi-heure du film se vit en polyvision, un procédé cinématographique à trois caméras consistant à juxtaposer trois images côte à côte de façon à obtenir une largeur plus importante. Un triple écran, un 70mm avant l’heure, en somme. Avec des jonctions un peu abruptes mais l’idée est géniale, quoiqu’il en soit.
Fresque démesurée, monstre rafistolé, film inégal, fascinant, quelque part entre Griffith et Eisenstein.
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