Le temps de l’amour.
7.0 Le titre traduit du film ne lui rend vraiment pas honneur. L’amour au présent : ça ressemble à tous ces titres de rom’com de Noël abreuvées par Tf1 ou Netflix. Préférons l’original, captant bien l’idée du couple à travers le temps. Représentant in fine davantage aussi l’idée du mélodrame.
We live in time raconte donc l’histoire d’un couple sur une dizaine d’années. Elle est cheffe cuisinière, il est représentant pour une marque de céréales. Ils se rencontrent tandis qu’elle vient de quitter sa petite amie et qu’il est en plein divorce. Il veut des enfants, elle non. Elle tombera malade, un cancer dont elle sera vite en rémission. Ils auront une fille. Elle tombera à nouveau malade. C’est si trivial, si déprimant raconté ainsi.
Mais John Crowley a l’idée astucieuse quoiqu’un peu manipulatrice de déployer cette histoire d’amour à la manière du 21 grammes, d’Inarritu. Il navigue dans le temps et fragmente son récit, moins pour nous perdre ou faire le malin, que pour illustrer son titre, d’un amour capté dans le temps, comme Zemeckis captait lui récemment avec Here, un unique lieu, à travers le temps, de façon tout aussi éclatée.
Ce qui est très beau, très réussi, c’est la limpidité des enjeux malgré le dédale imposé par le dispositif. On s’y perd au départ mais très vite, tout est clair, sans que le film ne donne de repères évidents (de dates ou de lieux) c’est dire combien Crowley, à qui l’on devait le beau Boy A (qui révéla Andrew Garfield) il y a dix huit ans, a confiance en son spectateur et en son récit.
L’idée c’est donc l’amour dans le temps. Ce qu’on veut en faire, ce qu’on va laisser de soi. Le personnage incarné par Florence Pugh se donnera la mission de participer au concours Bocuse. Mais est-ce vraiment ce dont elle a besoin ? Le film cumule les jolies correspondances (celle des œufs, magnifique) et de belles scènes, sans cesse partagées entre légèreté et gravité, à l’image de celle de l’accouchement (tellement drôle) et de celle sur la glace (tellement déchirant).
Pas mal pensé au I origin, de Mike Cahill. Beaucoup aimé. Et donc en grande partie grâce aux deux interprètes. Géniaux tous les deux.
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