Hautes solitudes.
5.0 Il s’agit de l’histoire d’Amin, venu du Sénégal neuf ans plus tôt afin de travailler sur des chantiers en France. Chaque mois, comme nombreux de ses collègues immigrés, il envoie une partie de l’argent à sa femme Aïcha et ses trois enfants et passe les voir une fois par an. Un jour, tandis qu’il effectue des travaux dans un pavillon de banlieue, il fait la rencontre d’une infirmière en plein divorce, incarnée par Emmanuelle Devos. C’est la rencontre de deux solitudes, abîmées, perdues. C’est assez beau.
En parallèle, Philippe Faucon s’intéresse à la vie de famille d’Amin sans Amin, au Sénégal. Mais aussi à celle d’un autre travailleur immigré (ami d’Amin) qui envisage de rentrer au pays pour sa retraite. Mais aussi au quotidien du couple en séparation et de leur adolescente. Un portrait choral qui aurait pu être passionnant, mais que Faucon peine à rendre vivant et incarné, la faute en partie à des séquences beaucoup trop courtes n’exploitant pas suffisamment les personnages secondaires et à des enchaînements France / Sénégal pas toujours très judicieux.
Les meilleurs instants restent ceux où Faucon filme le travail de ces immigrés, la captation de leur quotidien, mais il y en a peu. Un petit Faucon donc mais de belles choses tout de même, notamment ce mariage de légèreté et cruauté, de récit choral et de glissements passagers (même s’il manque clairement ces pas-de-côté qui irriguaient le magnifique Samia) toujours très présent dans son cinéma.