Le tombeau des regrets.
7.0 Au XVIIe siècle, reclus dans son manoir, M. de Sainte-Colombe compose de la musique baroque et maîtrise la viole de gambe comme personne. Triste et sauvage, il ne se console pas de la mort de sa femme. Il élève ses deux filles dans la doctrine janséniste et le goût de la musique pure. Un jeune admirateur, Marin Marais, force sa retraite et souhaite devenir son élève. Deux conceptions musicales s’affrontent : l’austère solitude de l’un face à la mondanité arriviste de l’autre.
Or le film s’ouvre d’abord sur ce personnage d’admirateur. Son visage emplit le cadre. Sa fatigue, sa vieillesse et sa tristesse aussi. Gérard Depardieu sera celui qui se souvient. Guillaume Depardieu incarnera son personnage quelques décennies plus tôt. Cette idée de relais, de faire jouer le père par le fils est déjà magnifique.
Marielle y incarne tout aussi merveilleusement ce mystérieux compositeur et violiste de l’époque baroque, ce veuf inconsolable, qui s’enferme dans une cabane. Tous les matins du monde est avant tout un beau film sur le deuil.
Sa réussite est assez insolite puisqu’il totalise plus de deux millions d’entrées en France et sa bande-son (de la musique ancienne !) signée Jordi Savall, est propulsée au top30 de RTL Virgin.
Mais le film est superbe aussi bien visuellement qu’à écouter. Corneau n’a pas fait que des bons films mais celui-là en est un.
0 commentaire à “Tous les matins du monde – Alain Corneau – 1991”