Archives pour mars 2025

The Brutalist – Brady Corbet – 2025

19. The Brutalist - Brady Corbet - 2025Mémoires d’un architecte.

   8.0   Étrange, la sortie et réception de ce film. Déjà j’ai lu ou entendu peu d’avis nuancé : on en fait un monument ou un pensum, d’un article / podcast à l’autre. J’ai l’impression aussi que le film est un peu écrasé sous son marketing : sa bande annonce, son affiche, les notules dithyrambiques qui l’accompagnaient faisaient presque état de film monstre, du chef d’œuvre de l’année dès février. Bon j’imagine que cela convient bien à Brady Corbet, qui était un réalisateur (deux films pas même sortis en France) et acteur (des seconds rôles dans Snow Therapy ou Melancholia notamment) très confidentiel jusqu’alors.

     Forcément j’y allais moi aussi avec ces attentes et craintes-là. Peur de voir une grosse machine parfaite et sans âme. On le comparait à du Paul Thomas Anderson, à du Kubrick, du David Lean. Mais déjà quelque chose intriguait d’emblée : son budget, considérable pour un film indépendant, microscopique pour une fresque de cette ampleur narrative, n’allait pas dans le sens de ces louanges monumentales. Mais après tout, Voyage au bout de l’enfer coûtait quinze millions de dollars. Heaven’s gate, autre merveille de Cimino à laquelle on pourrait davantage comparer The Brutalist, en avait coûté trois fois plus. Bref, Brady Corbet fait sa fresque avec beaucoup d’ambition, narrative et formelle, mais peu de moyens. Et c’est très beau de voir que le film s’inscrit malgré tout dans une veine monumentale ou plutôt qu’il est bâti comme un grand film, tourné en pellicule et en Vistavision. Très beau d’assister à un faux biopic, entièrement inventé mais inspiré de plusieurs figures historiques.

     En tout cas il en évoque beaucoup, des films amples. Impossible de ne pas penser au Pianiste, par exemple – présence d’Adrien Brody, en rescapé des camps, oblige. Pas impossible non plus de songer, le temps d’une ouverture incroyable, au Nouveau monde, de Terrence Malick. Et pourquoi ne penserait-on pas à Il était une fois en Amérique ? Au Rebelle, de Vidor ? Il y a de l’ampleur partout, dans chaque recoin, mais déployée à l’économie, tout le temps, c’est très beau. Une scène, à l’image de cette humilité et de cette puissance globale, m’a impressionné : celle du train. Elle nous arrive en tant que séquence onirique : le couple vient de s’endormir, le plan est lointain, la photo vaporeuse. C’est probablement un rêve, enfin un cauchemar. Un train de marchandises serpente le paysage : Dans l’imaginaire collectif et plus encore dans celui du film, difficile de ne pas songer aux trains des déportés juifs. Or, ce long plan nous emmène ailleurs. Le train se perd dans la brume, disparaît puis explose. On n’en voit qu’une lueur de flammes dans l’imposant brouillard. C’est très beau mais c’est un peu gratuit, c’est ça ? Pas du tout : quelques instants plus tard on apprend que le chargement qui devait arriver sur le chantier ne viendra pas à cause d’un accident de train. Et le film fait cela en permanence, on croit qu’il raconte ceci mais il raconte aussi cela, il a une densité folle et un minimalisme assez déroutant pour déployer cette densité.

     Si c’est un monument, c’est le plus humble de tous, à mon avis. Et cette humilité est aussi contenue dans son issue, un épilogue inattendu, situé dans les années 80, habitée par une image vidéo très disgracieuse, une écriture un peu faible, un maquillage grossier, mais ce qu’il transmet de façon aussi évanescente (c’est clairement un anti-twist) c’est la raison même de l’édifice d’une vie. Je trouve cela très fort de finir ainsi, de finir un tel film, monumental ou besogneux selon ce que certains en disent, par ce tube disco de La Bionda. Qui fait cela à part, je ne sais pas, Weerasethakul dans Cemetery of splendor ? Surtout quand on sait quels morceaux déments composés par Daniel Blumberg accompagnent le film (dont on apprendra au générique final qu’il est dédié à Scott Walker) et notamment cette ouverture et cet interlude.

     Parlons d’ailleurs de ces deux autres instants qui me hantent. L’ouverture avant tout, qui m’a sidéré. Au point d’être un peu déçu ensuite avant que le film ne parvienne par bribes à me récupérer sans me lâcher. Cette première séquence nous emmène dans la pénombre d’une cale d’un bateau. Mais au préalable on n’est pas certain de ne pas être dans les trains vers les camps. En réalité on débarque en Amérique. La première image de l’extérieur c’est cette statue de la liberté. Mais elle est à l’envers. Sans doute une manière de prendre le rêve américain pour ce qu’il est, une illusion. La métaphore est claire et appuyée mais elle fait contrepoint avec l’inconnu absolu dans lequel on est d’abord immergé. Toujours est-il que l’on débarque aux côtés de Lazlo Toth, cet ancien élève de l’école Bauhaus, qu’on ne lâchera plus. Et si le film est empreint de l’horreur de la Shoah (le film ne s’ouvre et se ferme pas par hasard sur le visage de la fille) à l’image de cette introduction, on n’en verra pas une image. C’est dire si déjà, Corbet ne joue pas la carte sensationnaliste.

     Et plus tard, au mitan du film il y a cet entracte. Que certains jugent prétentieux, que de mon côté je trouve tout à fait dans la mouvance humble du film. Ce n’est pas tant pour faire à la manière de ces grandes fresques d’époque que pour nous inviter à souffler, nous éviter le bloc qu’un Damien Chazelle (avec Babylon, autre œuvre somme) n’hésitait lui, pas à nous imposer. Durant cet entracte, accompagné par une partition de Blumberg & Tillbury, l’écran est orné d’une photo de famille et accompagné d’un décompte de quinze minutes. C’est aussi une place de choix dans la narration : Il intervient juste avant l’arrivée de la femme et de la fille de Lazlo Toth en Amérique.

     Il y aura bien un avant et un après cet entracte. Le film est plus dissonant dès lors, plus tâtonnant, plus problématique aussi : il y a des suppléments de scénario (le viol suggéré, le viol frontal, le règlement de compte de la Toth) qui n’étaient peut-être pas utiles, qui appuient ce qu’on avait déjà compris, ce rapport de domination que le récit avait minutieusement et plus discrètement construit. Et paradoxalement c’est sans doute la partie que j’ai préféré : les mines de Carrera, l’édification du centre, la scène de repas chez les Toth, l’évaporation de Van Buren. Le film aurait pu durer encore et encore, j’étais dedans, en lévitation. Bref je ne sais pas si c’est immense ou monumental mais puissant et vertigineux, ça oui.

La pie voleuse – Robert Guédiguian – 2025

06. La pie voleuse - Robert Guédiguian - 2025L’argent des autres.

   7.5   Maria est auxiliaire de vie, elle aide des personnes âgées dans leur quotidien, fait leurs courses, leur repas, leur ménage, mais parfois, au détour d’une petite pièce, d’un billet ou d’un chèque, elle les vole. Car le quotidien de Maria est délicat : entre les dettes d’un mari au chômage qui se ruine aux jeux et les traites d’une maison avec piscine (jamais remplie) difficile de joindre les deux bouts. D’autant qu’elle s’est mise en tête que son petit-fils serait un grand pianiste et lui permet de disposer un piano en location et des heures de cours. Tout cela aux frais de l’un de « ses vieux » qui lui signe des chèques en blanc pour lui acheter des filets de loup au marché. Évidemment un moment ça va se savoir surtout quand on voit entrer dans le récit le fils du vieux en question, avec sa tronche et son costume d’agent immobilier.

     Retour à l’Estaque, quartier natal du cinéaste, qui l’a vu naître avec Dernier été, en 1980. On retrouve bien sûr la troupe d’acteurs habituée du cinéma de Guédiguian et son éternelle redistribution des rôles. C’est peut-être anodin pour certains mais pour moi c’est toujours émouvant de les retrouver, de les voir évoluer d’un personnage à l’autre, les Darroussin, Ascaride, Meylan ou Jacques Boudet qu’on verra ici pour la dernière fois puisqu’il est mort l’été dernier. J’aime son système à deux générations, très marqué ici, un peu comme dans le très beau Gloria Mundi. Si on aime Guédiguian (c’est mon cas) difficile de ne pas être charmé par ce dernier opus.

     Cela dit quelque chose m’a frappé ici. C’est son insistance à parler d’argent ou à filmer l’argent. Pas une scène qui n’en contient pas. Le film est très précis dans les prix, les montants, la valeur des choses, au diapason du quotidien de son héroïne. Ça devient presque un objet théorique in fine permettant à mon sens de comprendre le pourquoi de l’irruption brutale de cette histoire d’amour au mitan, qui sauve la fable marxiste mais flingue le réalisme. Je pense que Guédiguian nous dit qu’il n’y a plus que ça, l’amour, la bienveillance, qu’on aura notre salut qu’à travers l’affection, la proximité, la bonté, la beauté. Et cette beauté c’est aussi bien entendu celle des lieux (Marseille y est sublimée), de la musique (le film est enveloppé de piano, sans parler de Rossini auquel le titre renvoie) et d’une poésie à laquelle on se raccroche toujours in extremis puisque c’est Victor Hugo et Les pauvres gens qui ferment la marche.

     Le vol fait partie du récit, dès l’ouverture, qui aura pour but de déboucher sur un accident, débouchant sur un autre accident, un autre vol. Mais ce vol, dans La pie voleuse, est celui pour plus de justice sociale, pour une quête utopique de l’équilibre. Maria, c’est le Robin des Bois de l’Estaque, en somme. L’histoire d’amour improbable va dans ce sens. Et si Guédiguian avait simplement souhaité donner une chance aux jeunes, cette fois, eux qu’il avait tant maltraités dans Gloria Mundi ? Grégoire Leprince-Ringuet y était proprement effrayant. Il l’est un peu ici aussi, mais il évolue. Le film devient acte politique. Une réponse fabuliste à cette montée de la peur et de la haine généralisées en France. La surprise c’est donc le surgissement du désir, comme ultime rempart. Dans un Guiraudie on ne serait pas surpris. Mais chez Guédiguian c’est plus inédit, cela procure un trouble de voir ce désir disloquer le réalisme. Et c’est peut-être in fine ce qui m’a le plus séduit, dans ce très beau film.

Trop belle pour toi – Bertrand Blier – 1989

08. Trop belle pour toi - Bertrand Blier - 1989Cet obscur objet du désir.

   8.0   Bernard, chef d’entreprise est marié à une très belle femme, Florence. Il tombe pourtant amoureux de Colette, sa secrétaire au physique très ordinaire, et cette relation va bouleverser sa vie.

    Un trio amoureux pas banal pour sans nul doute l’un des films les plus inspirés de Bertrand Blier. Une étonnante déconstruction narrative faisant la part belle à une chronologie disloquée, aux souvenirs, aux fantasmes, un enchevêtrement de passé et de présent, si bien qu’on ne sait pas vraiment si l’on est parfois dans le rêve de l’un ou le souvenir d’un autre.

    C’est aussi une plongée corrosive dans un milieu bourgeois étriqué et explosif, non loin d’un Buñuel. Avec des personnages qui brisent continuellement le quatrième mur, des séquences répétées comme des échos sans fin.

    Le film est rythmé par la musique de Schubert, qui devient personnage à part entière, sujet de rédaction ou partition amoureuse : elle bouleverse, elle ennuie, fascine ou fait chier.

    Le film est particulièrement complexe dans sa forme mais son récit reste fluide.

    J’ai toujours un peu peur de revoir des films de Blier – hormis ceux que j’adore – donc je craignais de revoir celui-ci dont je n’avais aucun souvenir. Content de l’avoir revu, c’est une merveille.

A real pain – Jesse Eisenberg – 2025

04. A real pain - Jesse Eisenberg - 2025Memory lane.

   4.5   Avec toute l’admiration que j’aie pour Jesse Eisenberg en tant qu’acteur (surtout dans The social network, Adventureland et Night moves) j’étais curieux de voir ce film qu’il réalise (son deuxième, apparemment) et dans lequel il joue aux côtés de Kieran Culkin aka Fuller McCallister dans Maman j’ai raté l’avion.

     L’histoire de deux cousins effectuant un road trip mémoriel en Pologne sur les traces de leur histoire familiale donc de leur judéité et notamment afin de réactiver le souvenir de leur grand-mère commune, rescapée de la Shoah, qui vient de mourir.

     De nerd angoissé, Jesse Eisenberg est devenu papa control freak, timide, discret et ennuyeux. Personnage en contrepoint total de son cousin, lunaire, instable, parfois euphorique, parfois déprimé, surtout sans filtres, capable aussi bien d’embarrasser (les présentations) que de fédérer (la scène de la statue). Un emmerdeur que son cousin admire et craint, envie et déteste. Personnage superbement campé par Culkin par ailleurs. Mais à vrai dire je ne crois pas beaucoup en ce personnage.

     Le buddy movie qu’on attend s’évapore alors aussi vite que notre intérêt pour ce voyage à deux, sans doute car le groupe guidé dans lequel ils ont échoués n’existe pas beaucoup.   

    Le film est un peu englouti par sa sobriété. Mais c’est justement ce trop-plein de sobriété, de délicatesse, ce trop-plein de Chopin, qui me tient à distance du film. Moi j’ai envie qu’il explose un peu. Qu’il effectue un pas de côté. Que ce soit une parenthèse à la Rozier si j’ose dire.

     Il y a au moins la très belle scène des cailloux. Seul moment où il y a une interaction à laquelle je crois (avec les voisins au balcon d’en face). Le reste du temps je ne crois pas en ces personnages préfabriqués : ce guide trop appliqué, la nana de Dirty Dancing, le rwandais, ce couple de vieux évincé du scénario.

     Reste une toute petite chose douce-amère, une petite comédie névrotique entre Allen et Baumbach. Un film à la fois pas désagréable et complètement insignifiant.

L’affaire Pélican (The Pelican brief) – Alan J. Pakula – 1994

12. L'affaire Pélican - The Pelican brief - Alan J. Pakula - 1994Des tueurs dans la foule.

   7.0   Adolescent, j’ai pas mal fantasmé ce film. C’était l’époque où je focalisais beaucoup sur les acteurs/actrices alors un film qui réunissait Julia Roberts & Denzel Washington (et de nombreux seconds rôles alléchants) avait déjà toute ma sympathie. Mais je n’ai jamais eu la possibilité de le voir. Enfin ça ne s’est pas fait. Puis mon intérêt pour les acteurs s’est considérablement dissipé au profit des auteurs. Plus tard j’ai découvert et adoré Les hommes du président mais aussi A cause d’un assassinat, mais je savais que les films tardifs de Pakula n’étaient pas du même tonneau. Néanmoins je nourrissais toujours l’envie de voir ce film, son avant dernier long métrage, en grande partie car Pakula m’intéresse beaucoup – notamment depuis que j’ai fait la rencontre de ce chef d’œuvre qu’est Le choix de Sophie – et que j’ai une appétence particulière pour les films de complots et d’investigations. Je suis très content d’avoir enfin vu L’affaire Pélican, qui passait ce 16 mars sur Arte, trente-et-un an tout pile après sa sortie française. Le film suit l’enquête d’une étudiante en droit et d’un reporter au Washington Herald autour de l’assassinat de deux juges de la Cour Suprême, sous fond de corruption politique et désastre environnemental. Ce qui est très beau, très réussi, c’est le lien qui nait entre ces deux personnages, que l’on suit d’abord chacun de leur côté, avant qu’ils ne se rencontrent au mitan du film pour ne plus se lâcher. L’affaire Pélican c’est surtout la rencontre entre John Grisham, spécialiste du roman judiciaire et Pakula, cinéaste hollywoodien ayant fait ses meilleures armes avec des thrillers politiques. Si le film est relativement académique dans son déroulement, sa construction, son découpage, il est tellement au-dessus de la mêlée ne serait-ce qu’en ne tombant pas dans les facilités, de dialogues trop explicatifs par exemple ou d’une histoire amoureuse. Et surtout par le biais d’une mise en scène toujours très inspirée, faisant naviguer une tension permanente avec rien : une armoire à glace, une clé de contact, la foule d’un parc ou d’une fête de rue, un parking, une cage d’escalier. Super film.

Un film parlé (Um filme falado) – Manoel de Oliveira – 2003

01. Un film parlé - Um filme falado - Manoel de Oliveira - 2003L’état du monde.

   7.5   C’est d’abord une croisière entre mère et fille en Méditerranée, un doux périple initiatique à travers les vestiges de nos civilisations, de Lisbonne au Caire, en passant par Pompéi, Athènes et Istanbul. Une femme, professeur d’histoire, rejoint son mari à Bombay et traverse ces lieux qu’elle a tant enseignés, en compagnie de sa fille dont elle devient la guide. L’idée majeure est la collision entre l’ancien et le contemporain. Pompéi jadis et Pompéi en ruines, captées au moyen du petit livre touristique de la petite fille. L’évocation par un guide local, de la transformation de l’église Sainte-Sophie en mosquée puis en musée. Les pyramides de Gizeh et la construction du Canal de Suez. Constantinople avant Istanbul.

     Un glissement imprévu, de la contemplation historique vers la diatribe politique, nous cloisonne alors dans le paquebot, avec un commandant de bord américain d’origine polonaise et trois femmes célèbres, n’ayant pas eu d’enfants, trois femmes de nationalités différentes, réalisant qu’elles se comprennent très bien et utilisant leur propre langue natale (français, italien, grec) sans être dupes que l’impérialisme de l’anglais fait inévitablement son chemin. Et les deux parties, les deux récits vont converger, au gré d’une discussion entre la voyageuse et le commandant, qui bientôt les invitera, elle et sa fille, à leur table babélienne. Et la douceur qui émanait de ce film sage et ouvert sur le monde, trouvera-t-elle aussi son terrible contrepoint, lors d’un épilogue glaçant. Très beau film.

Bridget Jones, Mad about the boy – Michael Morris – 2025

05. Bridget Jones, Mad about the boy - Michael Morris - 2025L’âge de fanaison.

   3.0   J’avais vu Le journal de Bridget Jones, il y a une éternité, j’avais détesté, mais je me souviens l’avoir vu, enfin l’avoir subi. En revanche je ne me souviens guère d’avoir vu L’âge de raison (le deuxième volet) mais je l’ai noté (1 sur SC) et classé dans mon top 2004 (122e sur 132). Donc je l’ai vu, enfin subi aussi, apparemment.

     Ce qui me gênait surtout dans ce film, le premier donc, c’était son casting. Jamais compris ce qu’on pouvait trouver à Hugh Grant et Colin Firth. Et encore moins à Renée Zellweger. Bref, mater une rom’com avec ces trois-là, pour moi, c’est un peu comme jouer au ping-pong avec trois balles cassées, c’est chiant.

     Jamais trop pigé non plus où était la subversion dans Bridget Jones (l’histoire d’une nana de trente ans qui veut perdre du poids, trouver le grand amour et hésite entre deux mecs) mais comme ma meuf aime bien cette franchise et que l’amour est aveugle, je me suis laissé embarquer dans le visionnage de ce quatrième opus tardif, sur le canapé un dimanche soir. Et c’est vraiment un film à voir sur canapé un dimanche soir.

     Bon alors déjà mea culpa : je pense que Renée Zellweger devait, y a vingt-cinq ans, être moins nulle que dans mes souvenirs. Durant le générique final de celui-ci on voit des images et scènes du premier film et elle semble incarner pleinement son personnage. Ce qui n’est plus le cas dans ce dernier film : elle arrive même plus à ouvrir les yeux ni à articuler. Qu’elle soit triste ou heureuse, elle sourit les yeux fermés. Il n’y a rien qui va. Et ça va d’autant moins qu’on essaie de me faire avaler que c’est madame tout-le-monde avec son boulot et ses mômes à gérer. Alors que moi je vois une statue de cire avec des millions de botox sur la tronche.

     Dans cet opus « Mad about the boy » elle tombe amoureuse d’un petit jeune bodybuildé très mystérieux. Mais finalement elle finira avec le prof sympa. C’était bien la peine de faire mine d’être dans l’ère du temps, de nous envoyer de la différence d’âge, pour finir par une rom’com lambda avec le gentil gars. C’est tellement prévisible et confortable.

     Alors il y a quand même un aspect qui m’a séduit. Il se trouve que Bridget Jones est veuve ici et qu’elle voit Mark Darcy partout. La présence fantomatique de Colin Firth est assez touchante. Bon voilà, c’est tout. Mais zéro émotion de mon côté. Mais sans doute faut-il avoir un petit crush pour Bridget au préalable ?

La scoumoune – José Giovanni – 1972

07. La scoumoune - José Giovanni - 1972Un nommé Bebel.

   4.0   La scoumoune préfigure nombreux des petits polars avec Belmondo tournés dans les années 70 et 80. Il semblerait que ce soit le remake d’Un nommé La Rocca, signé Jean Becker dix ans plus tôt, déjà avec Belmondo, déjà écrit par José Giovanni. Ça sent vraiment le film d’un auteur qui se venge d’une adaptation qu’il n’a pas apprécié. Le cinéaste essaie de faire plusieurs films en un seul, mélangeant les genres (western, guerre, comédie, policier) et tout un tas de personnages. Le film est souvent embarrassant, à l’image des tribulations de Belmondo, qui était déjà d’une lourdeur considérable. Constantin est très touchant, mais on le voit trop peu. Tout semble brouillon là-dedans, traité par-dessus la jambe. Chaque situation se termine en eau de boudin. Le film est mal fichu mais c’est parfois un honnête divertissement. Les passages autour de la prison puis celles des opérations de déminage sur la plage sont les meilleurs moments du film. Points bonus pour Claudia Cardinale. Et pour une des premières apparitions de Depardieu, deux ans avant Les Valseuses. Et pour le mexicain joueur d’orgue de barbarie. Mais bon, ce n’est pas le film le plus inspiré de José Giovanni.

Paddington au Pérou (Paddington in Peru) – Dougal Wilson – 2025

11. Paddington au Pérou - Paddington in Peru - Dougal Wilson - 2025Terre des ours.

   5.0   Il y a sept ans nous étions allés mon fils et moi voir le volet deux des aventures de Paddington. Sa petite sœur n’avait pas un an, c’était un peu juste. Récemment, elle m’a raconté avoir vu en classe le premier film donc l’idée d’aller voir Paddington au Pérou, le troisième chapitre donc, est devenu une priorité. Aujourd’hui, le grand n’était pas ultra motivé pour aller voir Paddington, mais il a suivi. Et c’était chouette, comme toute sortie cinéma en famille. Le film est particulièrement bien rythmé, assez beau visuellement, comme les deux autres. Néanmoins avec l’absence de Paul King (qui a préféré faire Wonka) à la barre je trouve qu’on y perd autant en charme british qu’en fluidité graphique (trop de numérique) et au niveau découpage : il y avait quelque chose de Wes Anderson, de Tintin, dans le précédent, qui le rendait foisonnant, plus inventif, dans chaque plan. En revanche, quel plaisir de voir un nouvel espace, ici la jungle amazonienne et puisqu’on y traverse fleuve et forêt, je repense à African queen, Aguirre la colère de dieu, A la poursuite du diamant vert ou Indiana Jones. Ça n’arrive évidemment pas à la cheville de tout ça mais c’est un film d’aventures très plaisant, avec des références burlesques à Buster Keaton, dont une évidente à One week. Bref c’est un bon divertissement pour les enfants.

Shakespeare in love – John Madden – 1999

10. Shakespeare in love - John Madden - 1999Vers la nuit des rois.

   5.0   Ce film j’ai un peu l’impression que tout le monde l’a oublié, qu’il était même un peu la risée déjà à l’époque, sans doute parce qu’il avait coiffé aux oscars La ligne rouge, Il faut sauver le soldat Ryan ou La vie est belle. Purée, sept oscars, quand même ! Alors bizarrement, le découvrir vingt-cinq ans plus tard me l’a rendu assez attachant. En effet je m’attendais à une fresque exubérante à la Baz Luhrmann, probablement car je l’associais à son Roméo + Juliet. Et c’est à peu près tout le contraire, j’ai trouvé ça très cheap, un peu dans la veine du Princess bride, de Rob Reiner. Tout m’a semblé poussif et capillotracté, uniquement guidé par le ressort Shakespearien, des lignes de dialogues aux ambiguïtés sexuelles. Mais j’ai trouvé le film très charmant par son dynamisme, par son montage, et dans son dispositif mélangeant vie et théâtre, Histoire et fantaisie et surtout dans sa volonté de nous conter les dessous créatifs d’une des plus célèbres pièces du monde. Alors évidemment c’est une grosse guimauve, c’est très conventionnel, c’est construit pour plaire au plus grand nombre (avec à chaque fin de séquence, une petite blague bien théâtrale) et c’est tout à fait inoffensif mais son plus gros péché c’est surtout d’avoir volé les oscars de Malick et Spielberg.

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