La bête humaine.
6.0 La première impasse serait de comparer Mickey 17 à Starship troopers. On y songe, évidemment, mais il me semble que Bong joue moins la carte de la satire politique que Verhoeven. Il se situe davantage dans la farce.
Une farce parfois peu subtile et anachronique : il fait de son personnage trumpo-muskien (Mark Ruffalo en fait des caisses, bien accompagné par Toni Colette qui en fait comme toujours des turbo caisses) un vice-président déchu or la réalité est autre, plus déprimante encore, comme si elle dépassait la fiction. Et paradoxalement, Trump n’utilise pas encore des êtres remplaçables à broyer dans des fours en magma.
Il est plus élégant sur ce qu’il raconte de ce personnage, de Mickey, son humanité, sa candeur. À ses côtés s’organise une farce douce-amère, proche du Chaplin des Temps modernes. Cette race de soldat – utilisé pour des expériences, puisqu’il est réimprimable à l’infini – qu’il incarne c’est un peu nous tous, face aux pouvoirs capitalistes qui nous ronge, les uns les autres. Pas d’une grande finesse mais BJH ne l’a jamais été de toute façon.
Le film est peut-être davantage à mettre en lien avec son Snowpiercer, notamment pour sa peinture de la lutte des classes. Il n’est clairement pas de ce niveau mais moi je retrouve Bong Joon Ho dedans, son outrance narrative mais aussi sa fluidité, sa puissance formelle pourtant très épurée. J’aime cette ambivalence dans son cinéma, qui singe le cinéma américain pour le dilapider de l’intérieur.
L’autre erreur serait d’attendre l’aspect Edge of tomorrow. C’était un peu mon cas. J’avais envie de voir Bong traiter ce rapport à la mort et à l’éternel recommencement. Si l’on y pense d’emblée, le film s’en échappe très vite : il ne s’agit pas de jouer sur le côté ludique des différentes morts ni d’assister à ce reboot sans fin. Mais de faire entrer en collision deux êtres à priori semblables, puisque ce sont des clones numérotés, mais qui vont acquérir au même titre que tous les révoltés des films de Bong Joon-Ho cette humanité intrinsèque que toutes les formes de pouvoir souhaitent annihiler.
J’entends la déception des uns et des autres. Moi ça m’a plu. Et notamment en tant que pur divertissement.
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