Partir une nuit.
4.5 En allant voir Connemara, j’ai réalisé que je n’avais toujours pas vu l’autre adaptation d’un livre de Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux. S’il fallait choisir, je suis plus sensible à Connemara – le bouquin – qu’à l’autre. Voilà sans doute pourquoi j’attendais davantage de ce film-là, signé Alex Lutz, qui m’avait, qui plus est, émerveillé avec Guy.
Soyons clairs, le film n’est pas du niveau du livre. Il est très décevant, la faute à une mise en scène peu inspirée, pleine d’affèteries, d’effets de flou, de ralentis, de séquences en musique. Tout le début du film est insupportable, maniéré à l’excès jusque dans le brouillard de l’image, les ombres bord-cadre, puis ça se calme ou on s’y fait, au choix, quand Hélène et Christophe se retrouvent et deviennent amants.
Mais le problème majeur du film, c’est sa quasi-absence de contexte social. Il édulcore ce paramètre essentiel du livre. Il fait office de petit manuel du burnout avant de délivrer une petite histoire de relation adultère contrariée mais sans intérêt. Le vrai sujet se joue dans les rapports de classe, il était là le sel de Connemara. Il n’y a pas de conflit de classe dans le film. Ou c’est une toile de fond, un arrière-plan qui s’invite ici et là et s’évapore dans un conflit de temps qui passe. Il n’y a pas de lieu non plus. Épinal n’existe jamais à l’écran. Il n’y a plus de décor social puisque tout est filmé à la longue focale et joué sur le registre de l’introspection.
L’autre problème, c’est qu’il arrive après Partir un jour et qu’il lui ressemble beaucoup dans sa trame narrative, dans ses scènes (on a parfois l’impression d’assister à des chutes du film d’Amélie Bonnin, c’est très troublant), dans sa géographie d’une France périphérique et bien sûr avec la présence de Bastien Bouillon. À la fraîcheur mélancolique et chantante de l’un s’est substitué une lourdeur scolaire désincarnée.
Mais il faut reconnaître à Lutz un talent, à savoir sa direction d’acteurs. Si notre couple central fonctionne bien – et principalement dans une très belle scène d’acte sexuel – le film est très attentif aux personnages secondaires et à ce petit jeu, il faut signaler à quel point Jacques Gamblin et Clémentine Célarié – qui campent respectivement les rôles du père malade de Christophe et de la mère inquiète d’Hélène – sont magnifiques et bouleversants. C’est déjà pas mal. Mais j’attendais davantage de cette adaptation d’un bouquin que j’adore.
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