Ari – Léonor Serraille – 2025

09. Ari - Léonor Serraille - 2025Jeune homme.

   6.0   Leonor Serraille m’avait enthousiasmé avec son précédent film, Un petit frère, ample fresque familiale étirée sur vingt ans, racontant l’histoire d’une famille originaire d’Abidjan, déployée depuis leur arrivée en France, entre Paris et Rouen.

     Ici il me semble qu’elle revient à quelque chose de plus ténu et dans le même temps plus écorché, fonctionnant sur un ensemble de saynètes statiques, dans la lignée de son premier long métrage, Jeune femme, mais de façon plus canalisée.

     Ari lui est un jeune homme. Il a 26 ans et c’est un jeune instituteur stagiaire. Le film s’ouvre dans son quotidien là, dans sa classe de maternelle. Il est au bord du gouffre, stressé, paumé et il craque en pleine classe, fait un malaise.

     La suite du film se jouera moins sur son lieu de travail que dans son errance existentielle, notamment car il est mis à la porte par son père qui ne supporte plus de le voir échouer et se complaire dans ses échecs.

     Le récit ne le fait pas clignoter mais il me semble que c’est aussi un film sur l’absence d’une mère (on comprend que la sienne est décédée) d’autant plus qu’elle était le centre d’inertie du film précédent. La mère ouvrait d’ailleurs le film, son bébé dans les bras, Ari, son miracle, disait-elle.

     Or, le miracle n’est plus qu’une chimère, dévorée par la dureté du réel. Ari va en profiter (aussi par besoin de trouver un toit) pour revoir d’anciens camarades et se rendre compte qu’ils ont changé, qu’ils ont fait leur vie, qu’ils sont pour certains toujours en marge, pour d’autres complètement insérés dans la société, parfois insupportables, parfois magnifiques.

     Le film raconte celle maladie là : une impossibilité à s’acclimater au réel imposé par la société. Il y avait un très beau personnage dans Memory Lane, de Mikhaël Hers, qui parcourait le récit dans un vide dépressif terrible. J’ai beaucoup pensé à lui, devant Ari. J’ai aussi beaucoup pensé au personnage d’Oslo, 31 août. Mais Ari, lui, s’accroche. Il flotte un peu comme dans un Garrel mais il s’accroche au monde, aux choses, à la vie.

     Lui offrir cette sortie là (calée aussi sur le passage entre le noir et la couleur du peintre Odilon Redon, qui plane sur le récit) est peut-être quelque chose d’un peu trop fabriqué et lumineux (quoique l’intrigue autour de l’ex petite amie soit palpable en permanence) le rapprochant d’un coming of age disons plus banal, mais c’est assez beau.

     Il faut dire aussi qu’Andranic Manet a vraiment quelque chose – qu’on avait déjà entre aperçu dans Le roman de Jim, la série Le monde de demain ou le superbe Mes provinciales. C’est un beau film, très doux dans sa forme, mais très dur dans le fond.

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