Il pianeta azzurro – Franco Piavoli – 1982

L’éternité et un jour.

   7.0   Déjà à l’œuvre dans le très beau Le Stagioni, qui constitue une forme d’ébauche d’Il pianeta azzurro, c’est le caractère non anthropocentrique du cinéma de Piavoli. Chez lui, l’humain fait partie de la nature. Il est à égalité avec elle. Règne végétal et animal sont de concert. Des ébats entre amoureux sont filmés avec le même regard, le même éclat qu’une mante religieuse ou mousses flottant sur une rivière, une goutte d’eau sous la glace, un accouplement d’escargots ou de libellules, un arbre dans le brouillard. Parfois les humains qui y sont filmés discutent, mais il n’y a pas de sous-titres, pas plus que lorsque on y entend les crapauds ou les fourmis, le chant de la glace ou le sifflement du vent. Le dialogue n’a d’importance qu’entre images et sons, par des jeux d’ombres, de reflets. Le film se déroule sur une journée mais aussi sur plusieurs saisons. On y ressent sa dimension cyclique et son caractère éternel. C’est un film très doux dans la mesure où il nous demande d’observer et d’écouter. Mais la nature, si merveilleuse soit-elle, abrite aussi sa violence, ses contrastes. Le ruissellement des eaux, l’éclosion du désir, l’arborescence des couleurs, d’un côté. La dureté du travail, le conflit des corps, l’oppression des machines, de l’autre. Des cris d’enfants qui jouent font écho aux cris d’adultes qui se disputent. Parfois, cela se joue en écho d’un plan à l’autre, parfois dans le même plan. Beauté et cruauté de la vie, animale, humaine, végétale, se répondent. Et l’on peut lire sur des insectes, des feuilles ou des visages, la tendresse ou l’épuisement, la douceur et la violence. La jeunesse et la vieillesse. La vie, la mort.