Celui par
qui le scandale arrive.
7.5 Troisième film de Chabrol (qui en fera plus de quarante) après Le beau Serge et Les Cousins, mais son premier en couleurs, À double tour est tout d’abord un choc visuel, une merveille de chaque instant dans la composition de ses plans, ses couleurs vives. Mais c’est aussi une entrée en matière idéale pour découvrir Chabrol aux prémices de sa dissection de la bourgeoisie. Le film se déroule le temps d’une journée principalement dans une maison, celle des Marcoux, non loin d’Aix-en-Provence. Une famille engoncée dans ses non-dits, jalousies, folies latentes, fantasmes refoulés, qui va littéralement exploser avec la présence de deux personnages périphériques que sont Léda (la voisine) et Laszlo (Belmondo en parisien libertin, qui fera office de modèle pour A bout de souffle) amoureux respectivement de père et fille. La maison bourgeoise est un théâtre autarcique toxique tant chacun s’acharne à rester pour des raisons de confort et de bienséance, mais la crise advient quand cet ordre menace de se fissurer. Il y aura donc un meurtre. Et l’idée géniale qu’a Chabrol c’est de traiter cela à la manière d’un anti-cluedo en faisant un faux whodunit puisqu’il nous dévoile très vite en un plan, un échange de regards, les tenants et aboutissants. Qui a tué, on s’en balance donc, tant le fruit est entièrement pourri et qu’il faut le jeter. L’intrigue est prétexte à dresser le portrait d’une bourgeoisie confinée, une journée chez les monstres, structurée autour de deux étonnants flashbacks et deux morceaux de Mozart et Berlioz. Brillant et d’une grande modernité.
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