Publié 15 avril 2017
dans Aki Kaurismaki
Le restaurant providentiel.
5.5 Je suis peu sensible au cinéma de Kaurismäki, je peux y rester très en retrait tout en trouvant ça très beau (L’homme sans passé) ou trouvé ça carrément grotesque (Le Havre). L’autre côté de l’espoir est un beau Kaurismäki, encore une fois ce n’est pas vraiment pour moi, mais je l’ai trouvé là plus inspiré, aussi bien dans la forme (composition des plans vraiment passionnante) que dans le fond, et cette rencontre entre un VRP finlandais fraîchement séparé de sa femme qui décide de placer son gain de poker dans un petit restaurant, et un réfugié syrien arrivé en Finlande par les hasards des flux de cargo. J’aime l’élan de solidarité sur lequel le film se repose et ricoche constamment, son humour absurde qui parfois rappelle Tati ou Keaton, la richesse d’information qu’il génère mine de rien sur les procédures de demande d’asile. Mais ça reste un cinéma trop rigide, trop théâtralisé, trop suffisant dans ses petits effets de signature et trop froid, globalement, pour émouvoir. Finalement ce que je préfère c’est sa façon de filmer les chansons de ces vieux rockeurs de trottoirs.
Publié 2 février 2012
dans Aki Kaurismaki
Le port de l’ennui.
2.0 De Kaurismaki je ne connais à ce jour que Les lumières du faubourg (dont j’étais resté modérément hermétique), L’homme sans passé (que j’aime assez) et donc celui-ci. Un Kaurismaki pur jus, comme on l’attendait, presque un best-of. Cinéma playmobil à son paroxysme, fable « je vous souhaite tout le bonheur du monde » et cinéma figé, éternellement figé que ça en devient sinon désespérant, totalement ennuyant. Le monde du cinéaste finlandais n’est qu’utopie débile et malheurs à en rire. On dit bien ‘havre de paix’ non ? Lui l’a assimilé. Remarquez, il a un monde c’est déjà ça, c’est d’ailleurs ce qui me pousse à la curiosité. C’est un cinéma qui se dit dans l’air du temps (la crise et l’immigration) mais un cinéma figé dans le passé. Certains n’y verront que gags et subtilités en rapport au cinéma et en son cinéma (Le même Marcel Marx que dans la vie de bohème, Arletty etc…) alors que je n’y vois qu’une impossibilité à se renouveler et d’ailleurs un film extrêmement pauvre en idées. Le cinéma utopique était une nouvelle fois de sortie cette année en France (Les femmes du 6e étage, Les neiges du Kilimandjaro : un bon film et un autre excellent) mais du cinéma utopico-réac neu-neu, ça tombe bien, il n’y en avait pas encore.