2.5 Le cinéma de Resnais ne me parle plus depuis longtemps mais j’étais curieux de voir ce film « testament » après l’insupportable Vous n’avez encore rien vu. Malheureusement, c’est du même calibre. C’est nul. C’est vieux. C’est grossier. On pourra toujours s’intéresser à ce que raconte le film sur la mort, ce personnage de Georges, invisible, mais dans chaque plan, qui fait inévitablement écho au départ du cinéaste. Mais franchement faut vraiment être indulgent. Voilà donc un cinéaste avec un début de carrière parmi les plus passionnants que le cinéma ait fait, mais qui s’en va avec des trucs fades, sans intérêt. C’est triste.
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Archives pour la catégorie Alain Resnais
Aimer, boire et chanter – Alain Resnais – 2014
Publié 19 novembre 2014 dans Alain Resnais 0 CommentairesVous n’avez encore rien vu – Alain Resnais – 2012
Publié 26 octobre 2014 dans Alain Resnais 0 Commentaires
Acteurs, définition.
3.0 L’idée est intéressante car elle semble se fondre dans une sorte d’apogée du cinéma de Resnais, du vieux Resnais, qui rend hommage à ses acteurs. Mais c’est tellement laid d’auto-glorification, ça me dégoûte presque. J’aurais préféré que le film tente quelque chose de nettement plus expérimental comme de superposer l’acteur au spectateur en ne montrant que la nouvelle pièce d’Eurydice à l’écran. Dès que le film bascule côté vieux ça m’emmerde. Bref, je n’aime pas du tout – On se rapproche de plus en plus du cinéma de Jaoui.
Je t’aime je t’aime – Alain Resnais – 1968
Publié 13 septembre 2013 dans * 100, * 730 et Alain Resnais 1 CommentaireL’éternel retour.
10.0 La beauté du cinquième long métrage d’Alain Resnais et la fascination qu’il exerce et continue d’exercer longtemps après visionnage tiennent d’une confiance absolue dans le cinéma, ses possibilités infinies et sa puissance évocatrice. Qui aujourd’hui, dans le cinéma français – Resnais compris – peut se targuer d’une telle audace créative ? Je t’aime je t’aime est le film de science-fiction d’Alain Resnais, c’est en tout cas ce que la seule lecture du synopsis laisse entrevoir. On peut donc d’abord se demander si la tentative ne paraît pas mineure quand on sait que quelques années auparavant le cinéaste réalisait Hiroshima mon amour surtout qu’en apparence la forme paraît moins sèche, moins travaillée, davantage capable d’engendrer le spectacle – comme un lointain cousin de ses futures comédies musicales, peut-être. Mais c’est oublier l’originalité, la possibilité du mélange des genres. C’est oublier La jetée, le film de Chris Marker auquel on pense évidemment beaucoup ici. Et quand bien même, au-delà de son aspect ludique, de la construction d’un phrasé stimulant, ce qui peu à peu éclot à nos yeux c’est l’une des plus tragiques histoires d’amour que nous ait offert le cinéma. A la différence d’un film comme Le feu Follet, de Louis Malle, qui précède le Resnais de cinq années, Je t’aime je t’aime ne jouit pas d’un éventuel suspense autour du destin mortifère du personnage, il n’utilise pas la pulsion suicidaire en tant que soubresaut du récit ou en tant que porte de sortie. Tout ici tient du kaléidoscope, sans présent, entre rêves et souvenirs. C’est fou, d’ailleurs, comme le film semble d’abord partir sur des bases scénaristiques classiques, posées, avant d’exploser en patchwork ensuite sans plus jamais en sortir. C’est assez étourdissant.
Au départ, Claude Ridder est envoyé dans cette machine aux allures de cœur géant, d’où il pénètre via une sorte d’oreillette, dans le but de revivre une minute de son passé. Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? Dans La jetée on avait choisi cet homme pour sa capacité à figer le visage d’une femme dans un moment de son passé. Claude Ridder est choisi parce qu’il s’est tiré d’une tentative de suicide, choisi « parce qu’il est rare de voir quelqu’un revenir d’aussi loin » dira l’un des scientifiques. Contrairement à chez Chris Marker il n’y a pas ici d’urgence à voyager (un scientifique avouera prendre le temps de cerner cette minute du passé avant de penser au futur) il n’est pas question de course à la survie dans des souterrains parisiens, ce n’est que le voyage dans l’intimité de cet homme qui nous intéresse et les motivations des scientifiques resteront dans l’ombre « Pourquoi m’envoyer un an en arrière ? Pourquoi pas un an en avant ? Ce serait quand même plus intéressant » déclare Claude Ridder. Il n’est pas choisi pour sa faculté à figer une image du passé mais c’est bien le visage d’une femme, essentiellement, qui va se figer dans ce passé, au travers d’une multitude de retours éclatés.
Pour son premier voyage, Claude atterrit dans l’eau, un an auparavant à 16h, il est équipé d’un matériel de plongée, la minute se déroule quasi entièrement sous l’eau. C’est le liquide amniotique d’une nouvelle naissance. L’image semble se casser progressivement, la minute ne s’écoule pas comme prévu. Puis enfin si, elle se déroule comme prévu mais elle est aussitôt relayée. Quelques secondes avant, quelques secondes après. Il y a parfois un bref retour dans la sphère, dans laquelle Claude semble attendre, mais il replonge aussi vite. Quelques années en arrière, cette fois. Puis il navigue alors sur quinze ans de son existence en puzzle. Sorte de démultiplication de cette journée du 5 septembre bien que rien dès lors ne semble contredire une liberté temporelle totale. Pas facile de raconter le film dans la mesure où il fait apparaître, selon deux manières d’apparence contradictoire, deux niveaux narratifs non parallèles mais imbriqués. La première manière consiste donc à suivre le montage du film, dans l’ordre de la succession des images. La seconde consiste à retracer l’histoire du personnage central, si possible en s’appuyant sur le scénario de Jacques Sternberg, car celui-ci permet d’appréhender plus facilement la ligne chronologique des événements. Dans le premier cas, on peut dire qu’on assiste à une expérience scientifique qui consiste à renvoyer dans son passé un homme qui a tenté de se suicider. La machine à remonter le temps se dérègle, embrouille la chronologie et perturbe le processus expérimental : des flashes du passé se succèdent, dans le désordre. Si par contre l’on se place dans l’optique de la vie du personnage principal, l’histoire en elle-même paraît plus banale, plus terne à l’image de l’existence du personnage (Ridder a travaillé comme manutentionnaire, il est devenu responsable d’un service, et c’est à ce moment qu’il fait la rencontre de Catrine dont il tombe amoureux…). Raconter ainsi, de deux manières différentes, un film dont le titre lui-même est une invitation au redoublement, n’est pas illégitime. Mais c’est surtout dans la coexistence de ces deux niveaux de réalité que réside l’intérêt de cette œuvre qui tisse une trame temporelle tout à fait singulière.
Claude Rich dégage quelque chose d’infiniment bouleversant ici. D’une richesse de jeu étonnante dans sa façon d’aborder ce rôle délicat puisque multiple, sur plusieurs années de son existence, avant, pendant et après Catrine et leurs sept années de vie commune. Saisir l’époque par le simple jeu qui la caractérise. L’agréable voyage et le retour douloureux, comme à Hiroshima. Personne d’autre n’aurait pu camper un aussi beau Claude Ridder. C’est par ailleurs ce que Resnais confirmera : il n’aurait pas tourné le film sans Claude Rich.
La musique de Krzysztof Penderecki est importante, elle pose d’emblée les bases d’un voyage cosmique, alors même que rien encore ne l’est. Elle retentit avant même que le générique ne soit lancé, nous happe, jusqu’à l’apparition du premier plan. Elle ne resurgira que dans les passages au présent, de manière plus fragmentée, créant une distance. C’est une musique chorale. De même, chez Marker, le film ne commence pas par une image mais par des bruits d’avions. Et plus tard retentira le chant des chœurs de la cathédrale St-Alexandre Nevski. Chez Resnais, la musique accompagne le travelling en voiture, un peu à la façon d’un requiem, comme si Ridder était déjà mort, et allait vers sa dernière demeure, vers la sphère, son tombeau. Les deux personnages inquiétants l’attendent à la sortie comme la Mort en personne, pour lui faire entreprendre son dernier voyage. La musique vibrante des chœurs a une tonalité fantomatique. On croirait entendre des voix de l’au-delà, qui viendront de temps en temps hanter le film et assurer le passage de la réalité au rêve.
Quelques éléments sont par leur étrangeté d’infimes parcelles prémonitoires, comme coincés entre deux temporalités, deux espaces mentaux, c’est ainsi le cas de la souris blanche que Claude aperçoit sur la plage ou plus tard de ce couple de noyés, pourtant bons nageurs selon Claude, emportés par le fleuve. Les souvenirs sont déformés puisqu’ils varient selon l’état au présent de Claude, c’est en somme une succession de rêves identiques et à l’instar de tout rêve, si les récurrences sont nombreuses les différences sont indubitables. Resnais utilise des changements de point de vue, des variations de régime de plan dans leur répétition, une légère modification du cadre, d’un geste, d’un dialogue.
Resnais ne s’amuse pas à multiplier les fausses pistes, son film est au contraire extrêmement lisible, ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas complexe. A la différence du film de Michel Gondry, Eternal sunshine of the spotless mind, qui s’en inspire très nettement, Je t’aime je t’aime est construit avec une infinie délicatesse, une succession de saynètes dosée à la perfection, dans sa manière de manipuler ces bribes d’existence, comme un puzzle éclaté mais éclaté pour être aisément reconstruit, en variant les souvenirs, les retours, les rêves et hallucinations que la machine peut provoquer « comme si on lançait en l’air des centaines de cartes qui virevoltent et qui retombent : une bonne partie des cartes sont recouvertes, on n’en parle pas et les autres sont éparpillées, elles ne forment pas une série continue » dira Jacques Stenberg, le scénariste, même si l’on est en droit de penser qu’il y a tout de même un privilège accordé au drame, comme si l’esprit bouleversé de Claude parvenait à contredire le hasard primordial en s’orientant inconsciemment vers un revival de ses douleurs. Rien n’est véritablement expliqué mais tout est envisageable. Prenons le voyage de la souris par exemple : Claude la croise dans l’une de ces nombreuses minutes détraquées de son passé. Revenu provisoirement dans la sphère dans laquelle il est sensé attendre les quatre minutes de « décompression » avant de pouvoir être évacué (ce qui ne se produira jamais puisque la machine l’emporte éternellement) il discute à l’animal se rendant compte qu’elle se balade aussi dans le temps et qu’il se souvient alors l’avoir croisé dans son passé sur cette plage. On ne sait pas si ce souvenir est celui de ses brefs voyages dans le temps ou bien si c’est celui de son existence.
Je t’aime je t’aime brille aussi et surtout pour ses dialogues et monologues stimulants à l’image de cet homme qui se rend compte de l’infime portée de son existence « je pense que je voyage à la vitesse de 100.000 km/h accroché à mon crayon sur une boule de feu ». Il y a aussi ce monologue atone dans un phrasé impossible. Ou bien cette discussion de réveil extrêmement drôle « Tu vois. Nous ne sommes pas des pionniers » dit-il ce qui résonne là aussi en passerelle temporel sous la forme d’un hasard de langage. Il y a aussi la fameuse théorie de Catrine concernant la création du chat par dieu. Resnais arrive à donner la sensation que les instants choisis sont entièrement aléatoires dans l’importance qu’il suggère à l’évolution éventuelle du récit. Il y a une belle variation entre le bonheur et la colère au milieu desquels solitude et ennui prennent une grande place – c’est le cas dans bon nombre de séquences au travail « J’étudie le temps du bureau contre le temps du dehors » s’amuse Claude, avec ses montres et il sera souvent question dans le film, au détour d’une idée grosse comme celle-ci ou parfois plus discrète de question de temps, comme si son retour était éternellement contaminé par la conscience de ce retour.
Alain Resnais, judicieusement, ne propose pas de portrait idyllique de cette histoire d’amour, il en saisit le caractère indomptable, inexplicable, sans repère temporel. C’est une variation des sentiments, étourdissante, sur ce sujet : « l’existence est une étrange aventure » pour citer les mots du cinéaste lui-même. Et c’est une façon magnifique et bouleversante de concevoir les possibilités formelles offertes par le cinéma tout en racontant une histoire.
Nuit et brouillard – Alain Resnais – 1955
Publié 13 septembre 2012 dans * 730 et Alain Resnais 1 CommentaireLa douleur.
9.5 Comment réactiver les mémoires, donc lutter contre l’oubli en naviguant entre l’expérimentation et la pédagogie cinématographiques ? L’holocauste nazie n’a pas dix ans que l’on se doit d’en rendre déjà compte en images, le plus vite possible, c’est sans doute ce que se sont dits Alain Resnais et Jean Cayrol (auteur du texte de Nuit et brouillard). C’est un document. Peut-on le qualifier de film de cinéma ? Cannes l’avait d’ailleurs refusé de son festival. C’est faire un mauvais amalgame entre la dureté du propos et l’expérience de cinéma. Nuit et brouillard est un document, un ovni donc (Comme on pourrait en dire autant de La jetée, Schizophrenia ou Holy motors ?) ? C’est à s’y perdre. Si le cinéma fait renaître les fantômes, Nuit et brouillard est le cinéma pur, et par la cruauté de son évocation, ni plus ni moins la plus grande catastrophe humaine du XX° siècle, et par ses partis prix de cinéma, flirtant tour à tour entre l’évocation de lieux du passé au présent, images d’archives insoutenables et texte monocorde, pas systématiquement relié à l’image de façon coordonnée. Nuit et brouillard est un film incomplet. Il suffit de voir ce que Lanzmann a fait cinématographiquement de la Shoah, soit tout autre chose, de dispositif moins centré sur le montage mais davantage sur la rencontre, dialoguer avec ces victimes et bourreaux de la guerre, recréer la sensation par la lente traversée et les mots sans rien enlever. C’est l’aspect pédagogique du film d’Alain Resnais, sa durée, sa faculté de synthétiser, ce pourquoi on le propose dans les écoles davantage que le film de Claude Lanzmann. A l’image ici, celle du présent, des terrains vagues, le vide, des ruines, beaucoup de ruines et ce qu’elles suggèrent, des lieux ou machines de mort à l’abandon mais dont on s’en méfierait comme de la mort elle-même. Et puis des images du passé, en noir et blanc, essentiellement des photos, ce passé là a cessé de vivre, d’être en mouvement. Un homme mort sur un grillage de barbelés. Un mur à fusillade, protégé contre le ricochet des balles. Les marques d’ongles qui ornent le plafond des chambres à gaz. Un amas de cheveux. Un amas d’os. Des corps calcinés. Des corps transportés à la pelleteuse. Les images sont d’une violence insoutenable. Et le film dans sa rigueur et sa faculté de mettre en relation ce présent, ce texte et ce passé devient le document ultime sur la Shoah, celui que l’on garde sous la main, pour se rappeler que cela est vraiment arrivé, il y a à peine plus d’un demi siècle, pour ne pas oublier, jamais.
En panne.
4.5 Je n’avais que moyennement aimé Coeurs il y a trois ans. C’est un dispositif qui me plaisait beaucoup et dans le même temps je ne pouvais pas m’empêcher de le trouver grotesque, principalement dès que ça tournait autour de Dussollier ou de Claude Rich, invisible, dans son lit.
Je ne vais pas y aller par quatre chemins pour moi Les herbes folles est un mauvais film. Non pas qu’il soit raté, simplement qu’il est mauvais. Si Hiroshima mon amour respirait la jeunesse d’un homme plein de fougue, d’un homme qui s’engageait, les herbes folles est un film daté, un film déjà vieux en sortant de la salle. Et cela n’a rien à voir avec l’âge, il suffit de voir Les amours d’Astrée et de Céladon, le dernier film de Rohmer, pour s’en persuader. Il y avait ce parfum de jeunesse que Resnais n’a pas su trouver. Que Resnais a perdu depuis Smoking/No Smoking ?
Son dernier film ne manque pas de sympathie, mais il échoue dans tout ce qu’il entreprend, se ridiculise dans chaque séquence, provoquant un ennui latent. Ça me fait beaucoup de mal de dire ça, c’était horrible cette séance, je l’attendais ce film, j’y croyais tout simplement, et je me suis trompé. Comme je me suis trompé cette année avec Chabrol et Podalydès. Trois films usés. Trois cinéastes usés ? Donc oui il y a de la sympathie pour le cinéma récent de Resnais. Pour ces personnages pleins de folies. Ces plans colorés. Ces dialogues parfois (trop rarement ici) savoureux. Cette autosuffisance permanente. L’impression que Resnais radote, mais j’y reviendrai après.
Quelque chose ne fonctionne pas ou fonctionne mal à l’écran. Ce personnage, Georges Palet, pourrait être quelqu’un de passionnant, vraiment. Lui qui après avoir trouvé un portefeuille s’invente un scénario dingue, qui après avoir croisé des nanas dont on y voyait dépasser le string se met en tête de les buter. Oui il est génial ce personnage, mais comme tout le reste trop appuyé. Il y a ces dialogues qui s’arrêtent aussi, pas au point, mais à la virgule. Je crois que ça sonne faux tout simplement, on voudrait tellement y croire qu’on s’agace à voir tout tomber à plat. Cet air faussement naïf de chacun des personnages, ces grimaces outrancières, cette empathie qui joue sur le burlesque conduisant évidemment à une empathie dramatique, cet air un peu trop théâtral les amenant à faire leur propre caricature.
Et par-dessus tout ce qui me choque ici, ce sont les procédés cinématographiques grandiloquents. Qu’est ce que c’est que ces gros plans sur la braguette de Dussollier ? Ces plans saccades sur les flics qui mitraillent plusieurs fois la même question ? C’est moche merde. Même Cœurs, pourtant clinquant, était sobre à ce niveau là, beau même – toute la symbolique de Paris sous la neige. Les herbes folles n’est même pas beau. Il recycle. C’est du cinéma de recyclage, du cinéma de récup, comme dans le dernier Jeunet. On en viendrait presque à penser à de l’auto parodie. L’ami qui était avec moi m’a tout de suite dit ça dès le début du générique. C’est vrai c’est Resnais qui parodie Resnais. Jusque dans la reprise des plans « numéros sur les portes » de La guerre est finie. Il y a une volonté quelque peu naturaliste, ces fameuses herbes folles, que l’on a déjà le sentiment d’avoir croisé dans Mon Oncle d’Amérique.
Bref, c’est une immense déception. On ne vit pas Les herbes folles malheureusement, on le subit. Oh je suis un peu dur, quand j’y repense il y a des choses originales, pas réussies d’accord, mais qui suscite un intérêt tout de même, car ce n’est pas n’importe quel tâcheron, et que forcément il y a une analyse derrière chaque plan. Certaines saynètes sont savoureuses. Le premier dialogue téléphonique entre Mme Muir et Georges Palet. La double séquence au commissariat avec Amalric, flic bizarre, plutôt froid et spontané qui voit une gravité là où les autres ne la verrait pas. J’aime aussi l’idée des herbes folles, donc ce titre. Ces brindilles improbables qui poussent entre deux dalles de bétons. Ces brindilles incomprises. Qui sont sur la tâte de Palet sur l’affiche du film. Cette déconstruction, ce récit un peu barré (mais pas suffisamment) conduisant ses personnages dans des endroits aussi étranges que ce petit coucou qui fait des pirouettes. Cette phrase surréaliste finale, bien pensée. C’est excellent mais je ne sais pas pourquoi ça n’a aucun effet sur moi. Aucun sourire. Aucune admiration. C’est un comble qu’un film d’une telle envolée me paresse pantouflard quand même.