La ronde de l’aube.
6.5 Je n’avais rien lu dessus ni vu de teaser, mais sur la seule affiche et le fait d’apprendre qu’une moitié de Air s’occupait de la bande originale, j’avais entrepris que ce serait un croisement entre Un amour de jeunesse et A swedish love story. More or less. C’est finalement moins le récit d’une rencontre amoureuse entre deux adolescentes que la concrétisation d’un rêve, nourri d’un mélange un peu refoulé de fascination orgiaque et de peur pure. Une passion qui se nomme la voltige aérienne. Sangaïlé, dix-sept ans en est folle. Jusqu’au vertige. Et c’est en se surprenant à faire une expérience parallèle qui ne lui ressemble pas, que Sangaïlé replongera alors dans le rêve originel. C’est un très beau film. Qui sait faire éclore de merveilleux instants d’envol, libérer la timidité de Sangaïlé, ainsi que son mal-être (jalousie de la réussite parentale, scarifications…) et évoluer entre le fantastique et la chronique, tout en choisissant de glisser au moment où il lui faut ce glissement. Nous faire croire qu’il est ce qu’il est avant de nous faire voyager autre part, légitimant du même coup cette longue et belle introduction. JB Dunckel (Air) accompagne ce décollage absolu avec l’élégance infinie qu’on lui connait. Dommage que le côté un peu rêche et schématique, offrant ses belles mini saynètes avec un poil trop de concision (la touche lituanienne, probablement) enferme parfois le film dans une démonstration indé huppé car il y a régulièrement de purs instants de grâce assez inouïs : La voltige d’intro, plus loin celle de Sangaïlé, les séquences d’envol en drone, le lac, les mensurations, la scène de sexe dans le champ (graphique à l’excès, mais sublime) ou le vertige vaincu (ces immenses grues et pylônes). Tout n’est pas réussi mais il y a une singularité assez forte et touchante là-dedans.