Archives pour la catégorie Alfred Hitchcock

Mais qui a tué Harry ? (The trouble with Harry) – Alfred Hitchcock – 1956

02. Mais qui a tué Harry - The trouble with Harry - Alfred Hitchcock - 1956« Mais où est le cadavre ? »

   2.0   Intrigue de cluedo absolument sans intérêt. Humour british difficilement supportable. Photo si automnale qu’elle accentue la dimension parodique. Bavardages incessants. Cadavre que l’on enterre ou déterre jusqu’à l’absurde. Film épouvantable, pour ma part, d’un ennui mortel.

Jeune et innocent (Young and innocent) – Alfred Hitchcock – 1937

18. Jeune et innocent - Young and innocent - Alfred Hitchcock - 1937Hounds of love.

   6.0   Vu en salle dans la foulée de La zone d’intérêt, de Jonathan Glazer, une récréation autant dire. Des années que je n’avais pas découvert un Hitchcock en salle. Celui-ci se situe dans la veine de Correspondant 17, Une femme disparaît ou Les 39 marches, période britannique, d’avant-guerre. Pas ce qui me passionne le plus chez lui, à priori, mais ce mélange de faux coupable, cavale écossaise, quête de la vérité, screwball comedy et scène climax virtuose qui prépare déjà l’Hitchcock d’après, se regarde évidemment avec un plaisir non dissimulé.

La taverne de la Jamaïque (Jamaica Inn) – Alfred Hitchcock – 1939

09. La taverne de la Jamaïque - Jamaica Inn - Alfred Hitchcock - 1939Pirates des falaises.

   4.0   Pour son dernier film tourné en Grande Bretagne, Hitchcock adapte un roman d’aventures de Daphné du Maurier – Avant d’en adapter un autre l’année suivante, Rebecca (nettement plus mémorable) cette fois aux États-Unis. Au XVIIIe siècle, dans les Cornouailles, une orpheline irlandaise découvre que sa tante et son oncle tiennent un repère abritant des pilleurs d’épaves. Le film est intéressant sitôt qu’il laisse de côté le personnage incarné par un Charles Laughton en roue libre. Notamment les scènes en mer ou dans les grottes du rivage. Et bien entendu l’ouverture en pleine tempête, avec le naufrage du bateau, bientôt pillé par des contrebandiers. Malheureusement, Laughton est trop souvent à l’écran. Il ne m’en reste déjà plus grand-chose.

Correspondant 17 (Foreign correspondent) – Alfred Hitchcock – 1940

07. Correspondant 17 - Foreign correspondent - Alfred Hitchcock - 1940De l’eau au moulin.

   6.0   Comme souvent chez Hitchcock, une scène en particulier cristallise notre regard sur le film en entier : Ici il s’agit évidemment de celle du moulin. Pour le coup, elle l’écrase un peu, quand bien même d’autres moments ne soient pas en reste à l’image du meurtre place d’Amsterdam, de « l’accident » sur le toit du Westminster ou du crash d’avion final. Mais jamais avec un tel soin de mise en scène (gestion de l’espace, de la durée, des sons, du visuel intérieur époustouflant) qui n’est pas sans préparer les climax de La mort aux trousses ou Vertigo. Thriller d’espionnage qui navigue entre course poursuite et humour noir, en mêlant complot nazi et personnage embringué dans un récit qui le dépasse, Correspondant 17 (titre français inexplicable) n’est que le deuxième film américain du Hitch, après le nettement plus marquant Rebecca, mais il contient en germe la force de nombreux de ses films à venir.

Une femme disparaît (The Lady Vanishes) – Alfred Hitchcock – 1938

30. Une femme disparaît - The Lady Vanishes - Alfred Hitchcock - 1938Disappearance on the train.

   6.5   C’est l’un des tous derniers films britanniques d’Hitchcock avant son exil américain et il contient le germe de ses plus grandes réussites. La majeure partie de l’intrigue se déroule à bord d’un train mais avant cela, le film aura pris soin de présenter sa kyrielle de personnages au sein d’un petit village d’Europe centrale. C’est du pur théâtre de boulevard, mélangeant la comédie burlesque notamment avec les deux clients anglais impatients d’assister à leur match de cricket et la présence d’un maître d’hôtel extravagant, mais aussi la screwball comedy au moyen d’une rencontre entre deux opposés (Le couple Margaret Lockwood / Michael Redgrave pourrait être cousin du couple Katharine Hepburn / Cary Grant de L’impossible Monsieur Bébé, sorti la même année) qui vont bientôt faire équipe ensemble pour tenter de percer le mystère d’une disparition. Introduction un peu longue, un peu dispensable, mais pas inintéressante dans le processus qui vise à intégrer tout ce petit monde.

     Une scène pivot – Et une chute de pot de fleurs prétexte – va faire changer d’aiguillage au film qui va échanger ses ressorts comiques avec un climat d’étrangeté paranoïaque assez stimulant. Comme Vincent Lindon sera, soixante années plus tard, face à un entourage qui ne remarque pas qu’il s’est coupé la moustache qu’il arbore depuis toujours, Iris, qui se réveille d’une simple sieste cherche son amie, Miss Froy, que personne ne semble avoir vu, ni dans son compartiment, ni dans le wagon-bar. Si certains mentent, pour protéger un adultère ou pour ne pas rater le cricket, d’autres sont nettement plus suspects. Les discours contradictoires s’amoncellent. A ce petit jeu, soyons honnêtes, le film n’est pas tellement surprenant, on comprend rapidement chacun de ses ressorts. C’est alors que réapparaît Gilbert, l’homme rencontré à l’hôtel la veille au soir. Il était imbu et ingrat, il sera le nouveau compagnon de route d’Iris, le seul qui malgré de premiers doutes, envisage de la croire. C’est de cette alliance improvisée que le film titre tous ses meilleurs moments car le duo fonctionne merveilleusement bien.

     La dernière partie du film, qui outre de changer une nouvelle fois de genre, en basculant entièrement dans le film d’espionnage et le siège du train en pleine forêt montagneuse, est nettement plus faible, la faute à un étirement de son dispositif et à un refus de la brutalité, de la noirceur. Le film reste dans le registre comique et donc au moment de chaque coup de feu (et il y en a un paquet) chacun y va de son petit mot, sa petite vanne, c’est épuisant. Qu’importe, ce n’est pas ce que l’on retient. C’est la complicité entre Iris & Gilbert qui donne toute sa raison d’être au film. En un sens, Une femme disparait prépare La mort aux trousses et ce duo, celui que formeront Cary Grant / Eva Marie-Saint.

Le faux coupable (The Wrong Man) – Alfred Hitchcock – 1957

05. Le faux coupable - The Wrong Man - Alfred Hitchcock - 1957L’injustice était presque parfaite.

   9.0   Très surpris par la tonalité du film, tant c’est sans doute le plus « bressonien » des films d’Hitchcock dans son découpage, ses cadrages, d’une extrême rigueur formelle, et l’utilisation d’un matériau réaliste (Le film va jusqu’à s’ouvrir sur une apparition du maître qui précise que contrairement à ses autres films, tout ce qui est raconté ici est vrai) qu’il parvient à ériger en manifeste documentaire. Il faut dire que c’est un beau portrait du New York des années 50, déjà. On voit beaucoup la ville. En plus de saisir les moindres gestes.

     Le faux coupable semble se construire contre l’Age d’Or hollywoodien, contre le cinéma hitchcockien habituel et tente de s’aventurer formellement vers quelque chose de plus européen. Le matériau réaliste permet à Hitchcock d’en accentuer sa précision documentaire, d’en faire une approche clinique. De facto si le suspense est savamment orchestré, le film en perd un peu de sa force onirique, de l’inventivité de chaque instant si chère au talent hitchcockien. Toute la partie centrale, lorsque Fonda est relâché sous caution et part en quête d’un alibi, est sans doute trop mécanique, trop maitrisée, au premier abord, dans sa succession de saynètes hyper découpées et assemblées pour faire glisser le film vers une surprise ou un imprévu dignes des plus belles réussites du maître. C’est en tout cas ce que l’on croit.

      Le faux coupable serait peu sans Henry Fonda et Vera Miles, tous deux étincelants. Lui tant il parvient à jouer cet homme ordinaire à qui il arrive quelque chose d’injuste et extraordinaire, avec une transparence folle, prestation à laquelle on pourrait rapprocher récemment celle de Riz Ahmed, dans la série HBO, The Night Of, qui raconte elle aussi une énorme injustice. Henry Fonda n’est plus Henry Fonda, mais bien le personnage qu’il incarne. Et ce sera pareil chez Lumet la même année, dans Douze hommes en colère. C’est dire le génie de cet acteur. Quant à elle c’est autre chose. La complexité de ce personnage qui glisse vers la folie est très difficile à incarner, cette femme qui doute de l’innocence de son mari au point d’en transférer la culpabilité sur ses frêles épaules. La subtilité de son jeu dépasse très largement ce qu’on peut attendre d’une performance d’actrice issue des studios.

    Il y a au passage toute une dimension christique qui accompagne le film, dans la mesure où c’est lorsque le personnage s’en va prier (il ne cesse de transporter un chapelet durant tout le film) qu’on découvre en surimpression au détour d’un plan dont seul Hitchcock a le secret, le visage du vrai coupable qui sera bientôt arrêté. On croit tenir une issue facile et un happy end bâclé si l’injustice réparée n’avait pas laissé ce profond sentiment de tristesse en accablant la pauvre femme. Cette fin est d’une tristesse sans nom. Sans doute car c’est la plus réaliste possible. Ce même si Hitchcock offre un épilogue plus heureux, en apparence, puisqu’il est seulement écrit et ce ne sont que des silhouettes qu’on perçoit dans l’arrière-plan. Rien de rassurant là-dedans.

     Si le transfert d’identité et de culpabilité obsède Hitchcock, il ne l’avait jamais traité sous cet angle si sérieux inhérent au véritable fait divers. S’il n’apparait pas dans le film (Hormis donc dans cette introduction) c’est parce qu’il juge bon de ne pas être un cas de distraction. De le voir s’aventurer là-dedans entre L’homme qui en savait trop, remake de son propre film, et Vertigo, son chef d’œuvre, dit combien c’est un cinéaste qui n’aura cessé de sortir des rails. Le faux coupable a ceci de fascinant qu’il est un pur produit hitchcockien autant qu’il est complètement inattendu pour du Hitchcock. Ça c’est fort.

L’inconnu du Nord Express (Strangers on a Train) – Alfred Hitchcock – 1952

hqdefaultAssociation fatale.

   7.0   Si l’étranger (Stranger) n’a besoin que d’une petite lettre supplémentaire pour devenir l’étrangleur (Strangler) il en faut à peine davantage à Bruno (le mystérieux inconnu) pour convier Guy (Le joueur de tennis) dans une affaire de meurtre tellement absurde et préméditée qu’elle prend la tournure d’un jeu de rôle farcesque dans lequel chacun doit réaliser la volonté meurtrière de l’autre. Une femme à abattre d’un côté, un père de l’autre. Sauf que la perception de cette discussion entre inconnus – Entre le sérieux nonchalant de l’un et la colère fantasmée de l’autre – dans un banal trajet ferroviaire prendra une dimension irréversible dès lors que Bruno aura accompli le sien et voudra qu’on lui rende la pareille. Hitchcock s’amuse déjà voire encore (difficile de trancher puisque Stangers on a train se situe à mi-chemin de la filmographie du maître) avec les constantes de son cinéma, puisque si tout n’y est pas encore maitrisé comme plus tard (De nombreux instants dans la seconde partie me dérangent vraiment) tout y est déjà présent, précisément. La fuite, la machination, le meurtre, la folie, le méchant charismatique (Qui rappelle Laughton dans La nuit du chasseur) et le double : Vertige qui naît sous les traits de la fille du Sénateur dont Bruno y retrouve malgré lui beaucoup, lunettes à double foyer aidant, de celle qu’il a minutieusement étranglée dans la fête foraine en honorant sa part du contrat – La plus belle séquence du film (Tunnel of love). En continu, le film effectue un chassé-croisé passionnant de jeu de miroir, entre reflet envoutant à peine déformé et/ou double maléfique.

Frenzy – Alfred Hitchcock – 1972

Frenzy - Alfred Hitchcock - 1972 dans * 730 Hitchcock-cameo-Frenzy-1972Le maniaque sexuel de Londres.

   9.0   A l’instar de Fenêtre sur cour, l’ouverture est un lever de rideau virtuose. Un plan aérien rejoint La Tamise, s’y engouffre et pénètre dans la capitale en se faufilant façon péniche sous le Tower bridge dont les routes se lèvent pour nous laisser entrer. Un monde de possibles, d’espoir et de réussite semble s’ouvrir à l’image de la musique entrainante qui l’accompagne et les promesses d’un speech gouvernemental sur le procès de l’industrialisation du fleuve. Tout le film naviguera sur ce procédé de pur trompe l’œil. Aussitôt les acclamations d’un auditoire satisfait on découvre le corps d’une jeune femme dans ce même fleuve, non pas dépecée à la mode de Jack L’éventreur comme le fait remarquer ironiquement un homme dans la foule (le film sera régulièrement parcouru de pointes d’humour carrément décalées) mais étranglée à la cravate. Et ce n’est semble-t-il pas la première. C’est une apparence de monde plein de promesses, relayée violement par le crime.

     Frenzy est l’un des tout derniers films d’Hitchcock, son pénultième pour être exact et c’est l’un de ses meilleurs, fascinant de maîtrise et d’expérimentations mise en scénique. Chaque fois il me passionne, me sidère différemment. Hitch règle en réalité ses comptes avec Psychose, autant qu’il se synchronise avec cette vague giallesque qui jaillit du cinéma italien durant cette même période, genre brièvement populaire alors à son apogée commerciale. Et en somme, oui, Frenzy c’est un peu le giallo à la mode d’Alfred. Pas de couteau ici ni d’ambiance volontiers excentrico-surréaliste mais une volonté de jouer dans cette cour, de manipuler ses propres codes en les malaxant avec ceux du genre. Une double référence qui s’impose finalement durablement, au moins dans le ton, assez unique dans un film d’Hitchcock, qui s’impose au fil du récit.

     Frenzy est parcouru par quatre meurtres, tous mis en scène de façon différente. La découverte macabre d’abord, post accomplissement, ce corps tuméfié flottant dans les eaux sales, s’échouant sur la berge. Plus tard, le geste tant attendu, lent, frontal, d’une violence inouï. Plus tard encore, celui hors champ (fameux travelling arrière de légende) étonnamment relayé par sa périlleuse évacuation. Et le dernier, qui ferme le film comme il l’avait ouvert, sur le corps cette fois inerte d’une inconnue, encore chaud. Un défilé de visages pétrifiés, langues sorties, yeux exorbités, en quatre mouvement. Quelque soit sa divulgation chaque meurtre est représenté sous le sceau de l’image choc : Un visage en cut terrifiant ici, un corps mélangé avec des patates là, un que l’on extrait des eaux, un autre que l’on sort de la couette. Ce sont vraiment les abysses du macabre.

     Alors pourquoi Psychose ? Tout simplement car Hitch se permet cette fois de faire disparaitre non pas un mais deux personnages féminins moteurs du récit, gravitant autour d’un innocent que tout accable. En un sens c’est tout le cinéma de Hitch qui se rejoint. Le thème du tueur en série et du faux coupable. Le mouvement, le divertissement et le macabre. Puisque la broche du tueur évoque aussi la clé dans Le crime était presque parfait, autant que la rousse qui se substitue à la blonde rappelle les rouages de Vertigo. Les escaliers ceux de chez Norman Bates. Un moment même, le héros malmené est englouti sur une place londonienne par un vol groupé d’oiseaux. Frenzy se permet absolument tout, dans la durée comme dans l’humour, à l’image de ces nombreuses séquences chez l’inspecteur, condamné à se farcir les expérimentations culinaires improbables (Cannetons aux cerises, soupe de lotte…) de son épouse, tandis que dans le même temps elle finit par lui faire ouvrir les yeux sur la véritable identité du serial killer. Il y a une corrélation jubilatoire entre la nourriture et le meurtre, comme dans La corde. J’aime cette folie qui émane dans chaque séquence. On pourrait tout aussi bien évoquer cette longue scène de camion transportant des sacs de pommes de terre, tant son épure, sa longueur, le suspense qui en émane, teinté d’humour, fait partie des plus grandes scènes folles qu’Hitchcock aura créé.

L’homme qui en savait trop (The Man Who Knew Too Much) – Alfred Hitchcock – 1956

L'homme qui en savait trop (The Man Who Knew Too Much) - Alfred Hitchcock - 1956 dans Alfred Hitchcock homme-qui-en-savait-trop-05-g Que sera, sera.

   7.5   C’était ma première fois et c’est vachement bien. Hyper bavard au départ mais dans le bon sens, c’est à dire que l’on sent l’installation d’une machination et ça grimpe merveilleusement, lentement, c’est très stimulant. La suite, hors Marrakech est tout aussi excellente. C’est vraiment la grande période de Hitch. Il faut que je voie le premier de 1934 maintenant.

L’étau (Topaz) – Alfred Hitchcock – 1970

L'étau (Topaz) - Alfred Hitchcock - 1970 dans Alfred Hitchcock etau-1969-03-g The sapphire affair.

   6.0   Tout d’abord merci à Arte d’avoir diffusé ces deux films d’Hitchcock (avec Le rideau déchiré) car ce ne sont pas ses plus considérés et du coup je ne me serais pas empressé de les voir. L’étau est un beau film d’espionnage, avec des fulgurances et des longueurs. Encore une fois Hitchcock atteint des sommets de suspense et de virtuosité dans les séquences muettes, sans doute ce que je préfère dans son cinéma.

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silencio


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