Discussion surréaliste, le retour.
5.5 Moi : Blockbuster jubilatoire comme j’aimerais en voir un peu plus souvent même si je trouve que ça s’essouffle dans la partie Bonnie & Clyde / Robin des bois.
Boris : Donc tu n’aimes pas THX mais Time Out… je comprends mieux maintenant. Tu es un grand malade.
Moi : Thx est du cinéma bis qui croit être l’étendard d’une nouvelle forme de cinéma mais ne repose que sur un assemblage d’images clipesques ou bestofesques, tu choisiras, ça ne s’incarne jamais, du coup je trouve que c’est un cinéma de scénario, à l’instar de celui de Maddin, qui se croit être expérimental. bref, au secours…
Boris : Ce film est un nanar qui repose sur un postulat plus qu’improbable. En aucune façon ce ne peut être un avenir possible pour l’humanité. Si ça marche en nouvelle/roman, c’est raté dans un film d’anticipation. La seule chose qui sauve : le jeu des comédiens, et les effets spéciaux potables. Amenda également.
Moi : Mais on s’en fou que ce soit ou non probable non ? bien sur que c’est nawak l’idée de base mais ça fonctionne en allégorie, si on l’accepte. Ce n’est pas de l’anticipation mais de la SF pure. Et il y a un savoir faire, comme c’était le cas dans Gattaca, un savoir faire de faiseur de BB car ça ne prétend pas faire autre chose, sans compter que ô joie ce n’est pas un film en palabres mais en mouvement, uniquement, ce que ça fait du bien !
Boris : Le problème, comme l’a si bien dit Hitchcock, c’est que le cinéma ne doit pas être réaliste mais vraisemblable. C’est le cas de Gattaca. Pas ici.
Moi : Et bien moi je trouve ça tout aussi (in)vraissemblable que Gattaca. Que j’ai très envie de revoir au passage.
Boris : L’explication de Gattaca est la suivante au début du film : on modifie les gènes ce qui conduit à l’eugénisme (ce qu’on fait déjà par ailleurs). Dans cette bouse on modifie les gênes pour se mettre des compteurs fluo (non mais allo quoi, des compteurs fluo !) sur l’avant bras qui décomptent notre vie. Et pas encore satisfait de la chose, on décide qu’on va jouer en bourse avec. Non mais quelle société pourrait choisir ça ? Même les Disney sont plus crédibles…. Je ne peux pas cautionner ça. Je sais que tu ne lis pas beaucoup de romans, mais les règles de l’anticipation comme de la SF pure sont simples : des règles vraisemblables dans un futur où la science, la philosophie et l’histoire pourraient nous mener vraiment. Ce n’est pas le cas ici. C’est pourri. Il n’y a même pas une once de poésie (c’est la règle apportée par Clifford D. Simak à la SF ou par Ray Bradburry). De la merde en boîte.
Moi : Tu parles de romans, de règles, mais ça n’a pas d’importance. La poésie il y en a c’est une poésie du mouvement, de survie, de lutte des classes, le reste on s’en tape ! Je trouve ça culotté d’avoir opté pour ce postulat ridicule et d’en faire quelque chose de totalement jouissif et enivrant.
Nico : C’est un peu bidon comme film non ?
Moi : Autant que Matrix quand on y réfléchit, et Time out ne s’érige pas en emblème, lui.
Mathieu : Je te soutiens Grégory. L’idée de base du film est vraiment bonne à mes yeux. Le rendu final aurait pu être bien meilleur, mais ça reste un blockbuster relativement commercial.
Et pour répondre sur la question d’être vraisemblable ou non, je dirais que si un film parvient à nous faire plonger dans une histoire partant d’un postulat invraisemblable, c’est qu’il doit être un minimum bon.
Moi : Exactement Mathieu, en fait c’est peut-être à mes yeux la plus belle réussite du film : nous faire croire non que le temps c’est de l’argent mais que l’argent c’est le temps ! Et je pense que Andrew Niccol fait ça depuis le début, tous ses films répondent en écho détourné aux avancées du modèle occidentale (Gattaca, Simone, Lord of war) chaque film porte cette emprunte même s’ils sont parfois en roue libre. Time out va plus loin à mon avis car il abandonne le cynisme pour ne produire qu’un pur divertissement, délesté de cette pose dont il est coutumier.