Publié 4 janvier 2021
dans Anne Fontaine
Terminus.
2.5 Ambition double pour Anne Fontaine, puisque si le titre de son dernier film convoque inévitablement Maurice Pialat, c’est Elephant que la construction vise. Du moins dans sa première partie. On y suit donc trois flics, durant la même journée, ils se croisent et (donc) se recroisent. Et c’est un gadget, ça ne sert strictement à rien, ça ne débouche sur rien sinon pour introduire trois individus qui seront bientôt contraints, ensemble, de conduire un demandeur d’asile tadjik jusqu’à l’aéroport de Roissy. Bref, c’est un film double peine, tant il est vide, vide de sens, vide de cinéma, vide d’incarnation. Ça te fiche un cafard monstre tant c’est tristement mauvais.
Publié 17 février 2017
dans Anne Fontaine
Baby-boom au couvent.
3.5 Je l’ai surtout vu afin de me mettre à jour pour les César la semaine prochaine, parce que bon, Anne Fontaine, sauf exception, je m’en tamponne. Et c’est un film chiant. Le prototype même du film français que ceux qui trouvent que le cinéma français c’est nul vont voir. Le couvent est filmé n’importe comment, Lou de Laage joue comme une cafetière, et on devine chaque scène cinq minutes avant qu’elle n’arrive. Nonnes obligent, j’ai pensé au film de Pawel Pawlikowski, Ida, sorti en 2014 et bien s’ils sont tous deux opposés, je n’aime ni l’un ni l’autre. Soit parce que l’un pense la forme en tant que pose, quand l’autre ne pense qu’au fond sans jamais le traiter cinématographiquement. Reste la présence de Vincent Macaigne, assez étrange, puisqu’il joue comme d’habitude et mine de rien il offre une voie de sortie au film, quelque chose qui aurait pu être émouvant mais qui reste au stade embryonnaire puisque ce qui intéresse Fontaine c’est son convent et la dureté qui doit s’en dégager, non sans un certain mécanisme grossier inhérent au genre avec notamment la mère supérieure abjecte qu’on va punir à coup de syphilis. Et dire que c’est en compétition pour le meilleur film…
Publié 5 septembre 2015
dans Anne Fontaine
Imitation of life.
5.0 J’ai cru que c’était un film de Bonitzer. Longtemps. Mais un chouette Bonitzer, quoi. Un film de papa mais pas de vieux con non plus. Bonitzer c’est parfois génial parfois quelconque (en restant poli) et bancal et tout ça au cœur d’un même film. Bon, je me plantais. En même temps ça ne ressemble pas vraiment à du Anne Fontaine, je trouve. Bref. J’ai lu Madame Bovary au collège. J’étais un petit con, j’en ai rien gardé. Bonitzer, euh Fontaine me donne envie de m’y remettre. C’est déjà pas mal. Je me suis programmé une relecture avant la fin de l’année, je suis super excité. Que dire ici si ce n’est que Luchini est excellent. C’est étrange Luchini, ça dépend. Comme Bonitzer, enfin Fontaine ou les deux, merde, bref. Ça dépend vraiment de qui tient la barre. Klapisch c’est non, Rohmer c’est oui, en gros. Mais le vrai point fort c’est l’écriture : Pour un film qui cite Flaubert tant mieux non ? C’est vraiment brillamment écrit, très drôle, très riche. C’est une histoire tout ce qu’il y a de plus basique, d’un petit boulanger amoureux d’une jeune anglaise qui vient d’emménager tout prêt de chez lui, en Normandie, là où Flaubert a écrit Madame Bovary. L’histoire de la jeune femme, le lieu, le nom le fascine au point de voir en elle la réincarnation d’Emma Bovary, une Bovary d’aujourd’hui qui s’apprête à revivre le même destin. C’est un hommage modeste à l’écrivain français du XIXe siècle, une petite comédie inoffensive, mais élégante et c’est très chouette comme ça.
Publié 27 octobre 2014
dans Anne Fontaine
Mères et fils.
6.5 Beaucoup aimé, je ne m’attendais pas à ce que ça aille si loin. C’est un beau mélo incestueux/échangiste assez troublant. Et à aucun moment ça ne dévie de sa trajectoire initiale, à savoir la question de la place du désir dans une double relation mère/fils croisée. Il y a cette idée qu’un tabou en chasse un autre. Un moment donné, pour masquer la relation qu’elles entretiennent toutes deux avec le fils de l’autre, elles vont jusqu’à se faire passer pour lesbiennes. L’idée est forte et ne cesse de planer depuis le premier plan du film : ces deux amies inséparables depuis l’enfance, qui engendrent des fils qui deviendront aussi inséparables dans la leur. C’est dans le fond une relation totalement homosexuelle, avec une parure. Il y a un curieux jeu sur le dédoublement comme lorsque les deux garçons se battent on ne sait plus vraiment l’espace d’un instant si c’est leur mère respective ou non qui vient pour les séparer/consoler. Le film joue beaucoup et très subtilement sur ce trouble. L’action se déroule majoritairement sur cette plage australienne paradisiaque, renforçant l’aspect mythologique du récit. Et puis ce que ça dit du vieillissement est très fort – car finir par entrevoir la possibilité de mettre au rebut Naomi Watts et Robin Wright il fallait le faire.