Archives pour la catégorie Arnaud Desplechin

Frère et sœur – Arnaud Desplechin – 2022

27. Frère et sœur - Arnaud Desplechin - 2022To the hate.

   4.0   Mieux que Tromperie, le précédent Desplechin (qui fut un calvaire) mais encore une déception. Film bavard, bourgeois et sinistre, dans lequel un frère (Melvil Poupaud) et une sœur (Marion Cotillard) se détestent depuis une éternité sans plus trop savoir pourquoi. Les deux premières scènes (une veillée funèbre en intérieur de nuit, un accident en extérieur de jour) sont magnifiques, malaisantes, violentes. Et puis plus rien. Un tunnel de dialogues franchement lourdingues, avec ci et là quelques belles idées (la rencontre inopinée au supermarché, quelques plans à la Malick) insuffisantes bien entendu. Aussitôt vu aussitôt oublié.

Tromperie – Arnaud Desplechin – 2021

28. Tromperie - Arnaud Desplechin - 2021The me and the I.

    3.0   Bavard, bourgeois, nombriliste, déconnecté du réel, insupportable. Mais Podalydès est exceptionnel, comme il l’a rarement été. Donc au fur et à mesure il anime le film, fait vivre le texte, le plan, un peu comme le dernier film de Joachim Trier au point qu’on aurait pu renommer celui-ci Philip (en douze chapitres). On n’en sort donc pas aussi exténué par ce que cet assommant huis clos promettait au préalable – aussi parce que les séquences avec Emmanuelle Devos sont superbes – mais on sent passer les saisons, les chapitres et on est content que ça se termine. Pire Desplechin, de loin. Ou bien c’est moi qui n’en ai plus rien à carrer de ce cinéma centripète ? Possible…

Roubaix, une lumière – Arnaud Desplechin – 2019

02. Roubaix, une lumière - Arnaud Desplechin - 2019Desolationland, mon vieux pays natal.

   7.0   Difficile de reconnaître Desplechin là-dedans tant le film s’éloigne, dans son verbe et son amplitude, de ses travaux habituels. Pourtant, s’il s’aventure sur les terres nouvelles du polar social, Desplechin originaire de Roubaix, expérimente toujours. Ici, il y a deux films en un seul, qui se répondent, convergent sans véritable cassure. Le glissement est imposant avec le recul mais invisible considéré dans la continuité. La pleine réussite de Roubaix, une lumière se situe à mes yeux dans ce curieux dispositif : Le fait qu’il navigue d’abord entre le L627, de Tavernier et Faits divers, de Depardon, soit en étant du côté du catalogue de solitudes variées, prises dans une émanation chorale, fragmentée, quasi documentaire. Avant qu’il ne vire vers Garde à vue, de Miller ou La vérité, de Clouzot. Grosso modo. Mais le propos est très ambigu, on ne verse pas dans la reconstruction théâtrale, comme si l’on répondait par la fiction au documentaire, par la théorie au réel, puisque c’est justement à partir de là que le film s’avère le plus factuel, reproduisant les faits qui se sont déroulés à Roubaix en 2002, déjà relatés dans le documentaire Roubaix, commissariat central, de Mosco Boucault. Bref, la mécanique du film ne s’appréhende pas si facilement.

     Et l’autre réussite elle découle de cette étonnante construction, c’est le personnage qui l’habite. Daoud. Ce commissaire mystérieux, incarné par un Roschdy Zem exceptionnel. Passionné de courses de chevaux, mais pas joueur pour autant ; Fasciné par une certaine quête de la vérité alors qu’il dit reconnaître un innocent ou un coupable dès la première seconde ; Et c’est une volonté qui s’arme systématiquement de douceur, patience et compassion. La lumière de Roubaix, c’est évidemment lui. Il ne tient pourtant pas le film tout seul – comme on dit parfois de ces incarnations qui écrasent tout – puisque ceux qui gravitent autour de lui, dans la police (Reinartz) ou les habitants (Seydoux, Forestier) ont tous quelque chose à raconter, un personnage fort à incarner. Si le glissement central est très réussi, je crois avoir une nette préférence pour la seconde partie, justement pour son authenticité hallucinante là où la première rate certains fragments notamment celui avec Philippe Duquesne, qui ne fonctionne pas très bien. Très beau film, quoiqu’il en soit, surtout pour ce que Desplechin fait de Roubaix, sa lumière dorée nocturne, ses cheminées d’usine, ses ruelles pluvieuses, mais aussi dans chacun de ses intérieurs. D’un point de vue formel, c’est assez impressionnant.

Trois souvenirs de ma jeunesse – Arnaud Desplechin – 2015

TROIS-SOUVENIRS-DE-MA-JEUNESSE-PHOTO3« Je suis triste. Je regarde la fin de mon enfance. »

   7.5   Ce sont les mots de Paul, devant la télévision, diffusant la chute du mur de Berlin. Une impression parmi d’autres, qui condense à la fois toute la teneur du film, son ambivalence, sa force, autant qu’elle constitue une infime parcelle de tout ce qu’il représente. Trois souvenirs de ma jeunesse est un film d’une densité folle, où la fluidité de la démarche n’a d’égal que la dimension indomptable de sa construction. Desplechin parvient à faire trois films en un et à tous les réussir. Probablement parce qu’ils ont beaucoup à voir entre eux, sans pour autant n’avoir de lien direct ou disons autant que Trois souvenirs de ma jeunesse a à voir avec Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle). Ils dialoguent merveilleusement mais peuvent aussi s’apprécier en tant que pièces indépendantes. Cette manière de concevoir est assez inédite dans le cinéma, il me semble. On est habitué à l’idée de préquel mais rarement à le recevoir ainsi. Il y a donc bien trois parties ici, trois souvenirs, mais ils ne sont pas de durée similaire, loin de là et cela confirme que le cinéma de Desplechin s’épanouit à merveille sitôt qu’il s’affranchit des règles. Jimmy P était plutôt raté de ce point de vue. De la terreur d’une enfance maternelle avortée (filmée quasi comme un film d’épouvante, j’aurais d’ailleurs adoré, mon seul regret, le voir investir le terrain du giallo) succède un formidable film d’espionnage en Russie, d’une vivacité et d’une limpidité étonnante, avant que le film ne se libère, s’ouvre et se perde dans un récit d’amour de jeunesse complètement fou, entre soubresauts, accalmies, fulgurances, tour à tour hypnotique et bouleversant. C’est un grand film de personnages, de visages que l’on saisit, que l’on déploie, enchevêtre les uns dans les autres (La sœur, le père, le cousin…) au même titre que la narration, les surgissements de voix off, les multiples effets de mise en scène – Iris, split screen, jump cut – jamais trop ostensibles. C’est un cinéma de la profusion, exaltant, insaisissable tant il est riche. J’oublie parfois à quel point ça peut être génial, Desplechin.

Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des plaines) – Arnaud Desplechin – 2013

543447_10151656068697106_311351933_n     5.0   C’est à la fois une continuité et une rupture dans le cinéma de Desplechin comme l’avait été avant lui Esther Kahn. Et une rupture bienvenue dans le sens où Un conte de noël (que j’adore) flirtait un peu trop avec la redite des précédents. Pas un grand film de mise en scène ici mais un film à la mise en scène transparente ce qui n’est déjà pas négligeable – chose que Cronenberg échoue dans A dangerous method. On parle donc beaucoup, on raconte puis on analyse mais il n’y jamais ennui, c’est intéressant sans être passionnant deux heures durant. Sans doute son film que j’aime le moins mais c’est tout de même pas mal.

Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) – Arnaud Desplechin – 1996

Comment-je-me-suis-©-Why-Not-Productions   7.3   Les films de Desplechin, en tout cas ceux que j’ai vu, ont en commun leur longueur importante et leur richesse d’écriture. Et je crois bien que Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) est encore plus riche que les autres. C’est surtout celui dans lequel on se retrouve le plus en un sens. Car il aborde toutes les relations possibles, et que l’on ne vienne pas du même milieu que Paul Dédalus (Mathieu Amalric décidément immense), que l’on n’ait pas les problèmes de coeur que ceux dont il doit faire face, ni même un destin professionnel similaire, ce film me touche, m’émeut souvent, me fait rire très souvent, il touche à une intimité qu’apparemment aujourd’hui Desplechin est le seul à rendre vraiment compte dans le cinéma français. J’ai vu quatre films de Desplechin donc à ce jour, on va dire que je garde une préférence pour son dernier en date, parce qu’il parlait de la famille d’une façon que ça me parlait comme jamais un film familial m’avait parlé, qu’il suivait un schéma narratif plus convenu et donc forcément offrait une émotion plus immédiate. Mais Comment je me suis disputé… est sans nul doute celui que je veux le plus vite revoir, parce que j’ai ce sentiment d’avoir laissé passer un nombre incalculable de choses. Oui, je le sais en en parlant, c’est une évidence (et c’est pour ça qu’il m’était impossible de voir un autre film dans la journée) il faut absolument que je le revois. Enfin comme toujours ce n’est pas un film anodin, ce n’est pas un film que l’on est prêt d’oublier, et Desplechin est fort pour ça. Dans les premiers moments du film j’ai même eu ce sentiment que le cinéaste, donc le personnage, me parlait à moi, parlait de moi, au moins un peu, c’était très gênant, et à la fois très excitant.


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