Archives pour la catégorie Atom Egoyan

Guest of honour – Atom Egoyan – 2020

33. Guest of honour - Atom Egoyan - 2020Pizza froide.

   5.0   C’est une histoire de flashbacks. Dans la vie d’un inspecteur alimentaire et dans celle d’une professeure de musique. Ils ont en commun d’être père et fille. Le film s’ouvre tandis qu’elle s’apprête à l’enterrer, entretenant une longue discussion avec un prêtre. On comprend petit à petit, alors qu’il tenait jadis un restaurant, pourquoi il est devenu un inspecteur alimentaire triste, solitaire et amoureux de son lapin ; et pourquoi elle a fait de la prison et en veut beaucoup à son père, en remontant jusque dans son enfance. La narration est originale, éclatée, mais pas des plus passionnantes ni lisibles. Néanmoins, Egoyan m’avait tellement déçu et agacé avec le très mauvais Remember qu’ici je le retrouve un peu. Ça ne brille certes plus comme à l’époque de De beaux lendemains mais il y a quand même quelque chose dans ce mélange de mélodrame familial et de thriller d’investigation, baigné dans un (trop) imposant dédale chronologique. Davis Thewlis, qui nous avait fait trembler à chacune de ses apparitions dans la troisième saison de Fargo, et la belle Laysla de Oliveira sont la grosse plus-value de ce film relativement dispensable.

Remember – Atom Egoyan – 2016

09. Remember - Atom Egoyan - 2016Aberration.

   2.0   Je ne pensais pas Egoyan capable de faire quelque chose d’aussi laid. Je n’ai pas vu la moitié de sa filmo mais sur le peu et bien qu’il y ait des hauts (De beaux lendemains) et des bas (Adoration) ça se tient. Ça se tenait. Ça se tenait même pendant Remember, modérément, avant l’inacceptable.

     Remember s’ouvre sur une séquence d’oubli. Zev (Christopher Plummer) cherche Ruth, sa femme, sans savoir qu’elle est décédée une semaine plus tôt. En fait il le sait, mais à chacun de ses réveils il a oublié. Zev est atteint de démence sénile, enfin d’Alzheimer. C’est donc une situation qui revient souvent dans le film : La quête de Ruth, son point d’ancrage, avant qu’il ne suive la mécanique des mots avec ces lettres qu’ils se trimbalent, ces mots qu’il se gribouille sur les bras. C’est le versant troisième âge de Memento, en somme. C’est un peu verrouillé et filmé platement mais comme le récit prend forme petit à petit il parvient à nous agripper.

     En fait, Zev est investi d’une mission, celle commandée par son ami de maison de retraite (de laquelle il s’échappe) qui a vécu les camps de la mort à ses côtés et y a perdu comme lui toute sa famille. Ne pouvant plus se lever, ce dernier lui rappelle la promesse que Zev avait tenu : Retrouver, après le décès de sa femme, l’exterminateur SS de leurs deux familles, terré dans le fin fond du Nevada afin de lui régler son compte. Pour ce faire, il voyage avec une liasse de dollars, des billets de train et une lettre conséquente dans laquelle sont répertoriées son histoire personnelle et les étapes de sa mission, de manière à ce qu’il ne laisse rien au hasard.

     Zev doit trouver un dénommé Rudy Kurlander. Quatre hommes répondent à tous les critères, il va donc effectuer quatre rencontres. Il va découvrir que le premier est un nazi ayant agi en Afrique du Sud. Que le deuxième est un juif survivant d’Auschwitz. Que le troisième est  un collectionneur nazi qui vient tout juste de mourir. Reste le dernier, forcément. La construction programmatique et régie par des schémas classiques hollywoodiens fait un peu de peine au regard d’un tel sujet. Créer un tel suspense en crescendo c’est déjà limite mais soit, ces trois rencontres sont passionnantes, toutes trois dans leur registre. Mais on attend le quatrième homme, le vrai Rudy Kurlander. Zev va enfin pouvoir se venger.

     Et là, Egoyan nous sort un twist de la mort. Un truc de petit magicien sourire aux lèvres qui ne relève plus seulement de la gêne en sourdine qui régnait jusqu’alors. Un virage infâme qui remet une heure trente de film en perspective, une heure trente durant laquelle le spectateur est dupée par une identité masquée, une heure trente d’empathie obligée pour un uppercut imparable. Certes, on pourrait dire que le récit en entonnoir découle de cette mémoire capricieuse. Dans un polar quelconque je veux bien, mais là, franchement, J’ai trouvé ça tellement nul et obscène que ça ne m’a même pas agacé, juste donné envie de dégueuler.

Captives (The captive) – Atom Egoyan – 2015

35.9Blanc comme neige.

   5.5   J’ai trouvé ça pas mal, j’aime beaucoup la mise en scène d’Egoyan, comme souvent. A la fois classique et hypnotique. La neige y fait beaucoup. Après, je trouve que ce n’est pas super bien raconté, enfin pas suffisamment pour être émouvant, c’est souvent confus et monotone.

Chloe – Atom Egoyan – 2010

Chloe - Atom Egoyan - 2010 dans Atom Egoyan 602508147

We were never young.    

   7.0   Etant donné que je n’avais pas trop accroché à Adoration, le précédent film d’Atom Egoyan, je n’attendais rien de celui-là. Alors qu’il a tout de même fait précédemment deux films que j’aime beaucoup que sont De beaux lendemains et Une vérité nue. Chloe, avec Liam Neeson, tellement étiqueté productions Besson dorénavant, et film doté d’un pitch convenu, à savoir l’histoire d’une femme qui engage une prostituée pour piéger son mari qu’elle soupçonne d’adultère. Rien de bien excitant à première vue.

     Mais Egoyan a le chic pour transcender du convenu. Dans un premier temps j’ai eu l’impression de me replonger dans un de ces thriller américains qui se faisaient en nombre dans les années 90, comme La main sur le berceau, Fenêtre sur pacifique, pour ne citer que ceux que j’apprécie. Ces films qui s’appuient sur l’intrusion d’un élément étranger dangereux dans le cercle familial à moitié en crise, ou absolument sans histoire. Avec une sorte de mystère inquiétant façon JF partagerait appartement ou Fautes de preuve, déjà avec Neeson le dernier. Et du même coup je vois tout venir. Je savais au bout de vingt minutes quelle allait être la fin du film. Car je n’ai jamais cru un seul instant à la véracité des entrevues entre Chloe et cet homme, dont elle raconte le déroulement à cette femme, de plus en plus meurtrie, anéantie par la découverte quotidienne de la deuxième vie de son homme qu’elle n’avait jamais imaginée.

     En fait, je me suis rendu compte que je me fichais assez de ce qu’il advenait et adviendrait par l’intermédiaire de cette jeune fille qui disparaîtra d’ailleurs comme elle est apparue, comme si elle n’avait jamais existé ou uniquement pour matérialiser le doute au sein du couple, les inquiétudes face au passé sans douleur qui s’éloigne puis face à cet après qui fait peur. Je trouve que c’est un film d’une grande tristesse. Pas misanthrope, au contraire, le couple étant montré comme vulnérables simplement par les doutes quant à de possibles actes, car ceux-ci restent imaginaires. D’ailleurs c’est l’homme qui est systématiquement accusé ici, alors que c’est la femme qui tombera sous le charme de la demoiselle, dans un profond désespoir lié à cette sensation oubliée d’être regardé et d’exciter comme avant. C’est un film à deux niveaux. C’est donc un film sur les rides, celles qui apparaissent lorsque l’on se confronte quotidiennement au miroir et celles qui inéluctablement agrémentent la vie conjugale, comme destructrices de la fantaisie juvénile et cela même si l’on s’aime toujours énormément. C’est là toute l’intelligence du réalisateur de montrer un couple qui, hormis les doutes encrés dans la tête de cette femme et les quelques accès de drague de son compagnon qu’il utilise uniquement pour jouer, semble irréprochable dans l’échange et ce qu’ils s’offrent l’un et l’autre. Ça devient une prise de conscience. Celle d’une femme qui craint de ne plus attirer son homme sexuellement, crainte alimentée qui plus est par le soupçon que son homme, lui, s’entiche de jeunes femmes.

     Et le deuxième niveau que je trouve tout aussi intéressant il concerne le rôle offert à Amanda Seyfried, dit Chloe. Femme fatale ou vengeresse ? Avec notre bagage cinéphilique on peut imaginer aussi bien l’un que l’autre. Cela pourrait tout aussi bien correspondre à une douleur passée liée par exemple au métier de gynécologue exercé par  la femme, comme il était déclencheur du mystère qui s’apparentait à la venue de Rebecca de Mornay au sein du couple dans le film de Curtis Hanson, cité plus haut. Cela pourrait tout aussi bien être l’histoire d’une jeune femme prête à tout pour détruire le couple afin de prendre la place de la femme dans le foyer. L’idée que Chloe ne poursuive ses mensonges n’a d’aboutissement que l’espoir d’être aimer de cette femme, dont elle est tombée follement amoureuse. Alors oui, elle est prête à tout plutôt qu’à la perdre. La séquence où elle lui fait l’amour par procuration, en faisant l’amour au jeune fils, parce que dit-elle, il y a un peu d’elle en lui, est d’une tristesse démesurée je trouve. Et le film a cette faculté de porter, comme symboliquement, toute son idée, ses plans, ses dialogues sur le sexe ou plutôt la sensualité. Ça parle de la mort, la palpable à la fin, mais surtout celle qui vient, qui approche, que l’on ne peut repousser, et c’est paradoxalement un film hyper sensuel. Et ce paradoxe culmine dans une scène où Julianne Moore écoute les propos de Chloe, qu’elle ne supporte plus d’entendre en même temps qu’ils la font jouir. Autant je m’attendais à tous les ressorts scénaristiques basiques du récits dans sa construction, autant je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi terrible, puissant et osé dans sa représentation du couple et du rapport à la jouissance.


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silencio


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