Archives pour la catégorie Benoit Jacquot

Dernier amour – Benoît Jacquot – 2019

41. Dernier amour - Benoît Jacquot - 2019L’homme seul.

   3.0   Jacquot c’est de pire en pire. Ou presque tant les deux précédents étaient déjà très mauvais. Je n’en reviens encore pas que le réalisateur de La fille seule, L’intouchable ou A tout de suite, puisse faire des trucs aussi abominable franchement. Et sur tous les plans ici : C’est moche (une image grise, insupportable), désincarné (tout y est terriblement mort), mal narré : Le film s’ouvre sur Casanova vieux qui s’en va raconter une partie de sa vie – quand il tombe amoureux d’une courtisane qui lui résiste, ce qui aboutira à sa tentative de suicide – qu’on verra dans un flashback entier. Quelle originalité ! Bref c’est un film crépusculaire sur une lumière, un désir d’antan qui se cache, jaillit puis disparait. Mais que Jacquot ne parvient jamais à faire jaillir. Et puis faut être solide pour accepter Lindon en Casanova sous perruque. 

Eva – Benoît Jacquot – 2018

22. Eva - Benoît Jacquot - 2018Escroc mais rien de trop.

   3.0   Et si c’était le plus mauvais film de Benoît Jacquot ? Enième adaptation de James Hadley Chase, Eva est surtout une nouvelle adaptation puisque le roman éponyme (Eve, en anglais) avait déjà été adapté par Losey en 1962. Deuxième fois consécutive que Jacquot se colle à l’exercice, après avoir déjà (forcément) déçu en passant après Buñuel pour Le journal d’une femme de chambre. Eva c’est une histoire d’escroquerie et d’obsession que De Palma ou Verhoeven auraient dynamitée mais qui chez Jacquot vire au navet, mais moins au grand guignol qu’à l’ennui profond, avec Huppert qui fait du mauvais Huppert et Ulliel qui fait de l’insipide Ulliel. Reste un thriller sulfureux complètement anecdotique, désincarné, oublié dans la seconde.

Les adieux à la reine – Benoît Jacquot – 2012

20090881_jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxxVie de château.

   6.5   C’est un beau film. Le plus beau Jacquot depuis A tout de suite. J’aime tout particulièrement la mise en scène, fluide, élégante, et la tonalité crépusculaire du film. C’est peu musical, ça flotte sans cesse à l’image de ce monde sensuel, en péril. C’est une période que j’aime beaucoup et de la traiter ainsi, sur quatre jours, en commençant par le 14 juillet, d’un point de vue intime, c’est à dire sur deux relations parallèles mais unilatérales lectrice/reine, reine/duchesse est une idée belle et singulière. Virginie Ledoyen nous gratifie d’une superbe scène de nu, j’étais aux anges. Mais plus sérieusement, c’est un beau film sur les amours incompris, les attirances secrètes.

Journal d’une femme de chambre – Benoît Jacquot – 2015

12985550_10153621102582106_7412058167800275513_nLa mort en ce jardin.

   3.5   Jacquot est un cinéaste que j’aime bien, qui a fait de belles choses voire de très belles choses mais qui peut aussi faire des trucs sans intérêt. A l’époque de la sortie de son dernier film, j’avais revu celui de Buñuel, pris une grosse claque qui m’avait autant le dire, dissuadé d’aller me perdre devant Seydoux et Lindon, la compagnie Acteurs made in France approuvés. J’ai bien fait. Alors c’est pas mal hein, c’est soigné, mais ça manque d’à peu près de tout, d’incarnation, d’envolées, de sidération. C’est tout mou, tout programmé et j’avoue avoir un gros, gros problème avec Seydoux, dont le jeu de plus en plus stéréotypé ne dégage absolument plus rien. C’est à peine si on comprend ce qu’elle dit, d’ailleurs. Je me suis amusé à faire quelques parallèles entre des séquences du Buñuel et du Jacquot tant je m’ennuyais. Bref, passez votre chemin.

La mort du jeune aviateur anglais – Benoît Jacquot – 1993

durasmortaviateur_bjyaLa vie des morts.

   7.0   Le procédé est sensiblement le même que pour Ecrire, le film étant construit majoritairement de longs plans focalisés sur Marguerite Duras, qui cette fois, entreprend de raconter une émotion qu’elle ne parvient ni à comprendre ni à canaliser. En 1944, quelques jours avant la fin de la seconde guerre mondiale, un avion anglais est abattu par les allemands et se crash dans un arbre, à Vauville, non loin de Trouville. L’homme est veillé par les habitants et enterré dans la foulée dans un jardin aux côtés du cimetière local. Pendant six ans, un vieil homme est venu sur sa tombe puis plus rien. Cette histoire, Duras en a pris connaissance plus tard, lorsqu’elle est venue vivre dans le village. Très vite, cette mort l’a bouleversé. Elle n’a jamais vraiment su l’expliquer. Probablement que l’âge du jeune homme lui rappelait son petit frère, tué par des japonais pendant la guerre du Japon. Elle aurait voulu raconter cette histoire et la filmer mais c’est impossible. Parce qu’on ne peut pas filmer l’évènement. En en parlant, Duras pleure encore. Comme si cette mort condensait toutes les autres, toute la souffrance des hommes et le communisme du sang. Jacquot multiplie alors les plans des entourages : l’école communale, le cimetière, l’église, la tombe, l’arbre fou, l’arbre mort. C’est Jacquot qui filme mais c’est Duras qui le guide, comme à l’époque. Il est redevenu l’assistant, l’espace d’un temps, glissé dans l’histoire contée. La guerre s’est enfuie avec la mort de l’anglais. Elle fait partie du tombeau, au même titre que l’innocence qui avait condamné le jeune homme. Il n’y a rien à comprendre. C’est peut-être cela qui est le plus difficile à admettre.

Ecrire – Benoît Jacquot – 1993

durasecrireSauvée par les livres.

   6.5   Jacquot était assistant sur les films de Duras. Dans les années 90, il s’installe à son tour derrière la caméra (avant le magnifique La fille seule) et s’essaie tout d’abord à quelques courts, notamment deux films sur la grande Marguerite Duras. Elle ne tourne plus depuis un moment. Elle écrit toujours. A son rythme, dit-elle. Ce sont les lieux qui prennent une importance capitale ici : cette immense maison, dans laquelle l’écrivain tire son inspiration, contre la solitude. Elle raconte cela face caméra, répond aux brèves questions que son ancien assistant lui pose, digresse et se disperse. Parfois, quelques plans de la maison s’immiscent au milieu du monologue, captant un couloir, un salon, un jardin, un bureau. Cette maison dans laquelle elle écrivit Le Viceconsul et Le ravissement de Lol V.Stein. Mais très vite Duras reprend sa place. De sujet qui ne fait guère sujet, parle comme elle écrit ses livres. Jacquot filme cela très bien, avec douceur, dans une lumière à son couchant, à la bonne distance, ce personnage fuyant, à son crépuscule, dont chaque mot est une pensée supplémentaire, une part d’elle-même, une ouverture, un océan de souvenirs, de réflexion. C’est passionnant.

Adolphe – Benoît Jacquot – 2002

10. Adolphe - Benoît Jacquot - 2002Les désenchantés.

   4.5   Avant Les adieux à la reine, Jacquot avait déjà donné dans le film costumé. Deux fois : Marianne (que je verrai bientôt) et Adolphe. Malheureusement trop guindée et ronronnante cette adaptation du roman de Benjamin Constant est une muraille d’ennui, qui n’était d’emblée pas pourvue d’une interprétation fait pour me séduire puisque réunissant Adjani, Merhar, Duris et Chattot. Autant dire qu’il valait mieux assurer derrière avec de telles contraintes. Niveau mise en scène Jacquot fait le job, classieux, cadré, quasi Viscontien. Mais il y a si peu de générosité dans sa démarche, de folie dans ses enchaînements que l’objet complet me tient inéluctablement à l’écart. Espérons maintenant que Marianne soit davantage du calibre du très beau Les adieux à la reine

La fille seule – Benoît Jacquot – 1995

23.-la-fille-seule-benoit-jacquot-1995-1024x599Le temps de l’aventure.

   8.0   La fille seule est à mon humble avis à ce jour le sommet de l’oeuvre de Benoît Jacquot. Un film continuellement sous tension dans lequel il se déroule à la fois tout et rien. Rien puisque le temps réel qu’il choisit impose une suite de gestes, de silences, de trous. Ici préparer un petit déjeuner ou faire un lit, là attendre des directives ou fumer une cigarette. Tout parce que cette heure charnière est un moment crucial dans la vie de Valérie, campée par une Virginie Ledoyen incroyable, pure présence hallucinante portant à elle seule tous les enjeux, le rythme et la dramatique du film.

     On pourrait grossièrement découper le film en quatre séquences. Deux séquences miroir où Valérie rejoint Rémi (Benoît Magimel) dans un bar parisien, englobant une troisième, centrale, conséquente dans cet hôtel où elle embauche ce jour au room service. Puis une quatrième et donc dernière, détachée, quelques années plus tard, dans un parc avec sa mère et son enfant. Les lieux de cette heure charnière sont découpés ainsi : Bar, rue, hôtel, rue, bar, rue. A la manière de Varda dans Cléo de 5 à 7 le film prend le parti de s’accrocher à son personnage, ne se permettant aucun écart, aucune sortie respiratoire. Seul le final précédé d’une ellipse brutale permet enfin une respiration.

     Valérie et Rémi sont jeunes et amoureux. Mais ce matin-là Virginie a quelque chose d’important à dire à Rémi, ce pourquoi elle lui donne rendez-vous dans ce bar avant d’aller travailler. Le film s’aligne déjà sur la durée que cet échange engendre, la gêne qu’il occasionne, l’émotion qu’il procure. Elle finira par lui dire qu’elle est enceinte. Avant de s’en aller vite effectuer sa première journée de boulot.

     La voici alors dans cet établissement dont nous ne sortirons pas de sitôt. Briefée par les uns, poliment ou non, scrutée par les autres, agréablement ou non, de relations brèves et tendues en croisements sympathiques ou antipathiques, Valérie entre dans un monde qu’elle a jadis connu – on apprend qu’elle a travaillé dans un room service un an auparavant dont elle a fui une direction un poil trop à ses basques – mais qu’elle s’apprête à revivre autrement, puisqu’elle n’est plus celle de l’an passé. Elle est enceinte, c’est une autre femme.

     Une première heure de travail éreintante magistralement rendue par la caméra dynamique de Jacquot, qui virevolte littéralement entre les personnages et les couloirs, entre une scène de confession et une autre de rupture. Parce que tout le monde se sépare, pense Valérie et qu’il est inutile de se faire d’illusion et de remettre une décision au lendemain.

     L’enfant qui devait initialement s’appeler Stanislas se nommera finalement Fabien, dans une dernière longue séquence mère/fille proprement bouleversante. Séquence témoin d’un temps qui a irrémédiablement filé, mais qui n’est pour elle pas encore sujet à regret puisqu’elle vit dans un autre présent, tout aussi éprouvant. Une autre aventure – La scène du métro, magnifique – sur laquelle plane l’ombre des anciennes (futures pour Valérie) douleurs d’une mère qui elle, n’a plus qu’à s’en remettre à ses regrets et sa solitude.

L’intouchable – Benoît Jacquot – 2006

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Ronde de nuit.

   8.0   Voilà un Jacquot sous grande influence Rivettienne. La femme, le théâtre, le corps. L’intouchable est un portrait de femme sidérant (avec une Isild Le Besco non moins hallucinante et habitée) et une envoutante quête identitaire entre les répétitions sur les planches de Saint Jeanne des Abattoirs de Brecht, mis en scène par son amant et un voyage onirique en terre étrangère dans un Delhi foisonnant. Cette deuxième partie de film est, de ce que j’ai pu voir dans le cinéma de Jacquot jusque maintenant, ce qu’il aura réussi de plus beau à ce jour, sorte de lâché prise total, de glissement sublime. Je pense que ça ne tient qu’à un regard, celui d’un auteur calé sur celui de son personnage central, qui jusqu’ici occupait pleinement le cadre mais s’y dérobe complètement dorénavant. On a parfois même l’impression qu’elle n’entrera jamais dans les plans – souvent aériens, interminables – contrairement au début, à Paris, où c’est elle qui fait le plan et où ceux-ci se brisent nets ou s’étirent pour signifier l’imminence d’une rupture. C’est une initiation partagé. Un voyage magnifique vers une Inde inconnue, dépouillée de son habituel attirail touristique – une plongée magnétique dans son quotidien tumultueux puis dans un mariage céleste. Ce décalage entre le réel et le fantasme se conjugue à celui construisant la conscience de Jeanne, en perdition, via un double dialogue en voix off – au début puis à la fin, avec son amant – complètement désynchronisés de l’action – que l’on verra ou que l’on anticipera. Le corps prend ici valeur de fuite pour contrer sa valeur marchande : Ce corps que l’on masse, supplantant les maquillages à n’en plus finir des plateaux ou mis en lumière festive à l’opposé de celui d’abord utilisé pour les besoins d’un film érotique – qui permit à Jeanne de se payer ce voyage. Ce corps qui était, dixit les mots de la mère dans une première séquence très intense, le seul moyen de langage avec ce père hindou inconnu, que Jeanne voudra connaître. Ce corps que l’on caressera de l’œil dans une filature géniale entre Delhi et Bénarès.

3 coeurs – Benoît Jacquot – 2014

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Bonjour tristesse.   

   6.0   J’ai trouvé ça vraiment pas mal, on sent que Jacquot maîtrise plutôt bien le registre mélodramatique, d’autant que certaines idées de mise en scène sont assez délicieuses – le plan final évoque largement un plan de L’année dernière à Marienbad par exemple. Et puis la première rencontre fonctionne bien, montrée comme fantasme avec ces beaux jeux de miroirs. La seconde est plus classique, confortable. J’aime beaucoup la dichotomie entre les deux rencontres. Et puis le film s’engouffre dans une tristesse de plus en plus insoutenable – les scènes subtiles avec l’enfant. Après on pourra toujours regretter la quasi omniprésence musicale (les boum boum de Coulais, qui rappelle Les regrets de Kahn avec la musique de Glass). Et puis quelques éléments de récit pas toujours super bien écrit – la relation entre sœurs n’est pas bien rendue. Mais le film m’a beaucoup touché – Poelvoorde est extraordinaire. Plus que ça, il m’a mit dans un tel état de déprime c’était horrible. J’étais ravi de regarder Koh-Lanta dans la foulée.

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