Le silence et la musique.
8.5 Pour lui redonner le sourire, un homme fait don de sa femme à un inconnu. S’ensuit une amitié improbable, des rencontres surréalistes avec un voisin paumé et un garçon de treize ans surdoué, bouc émissaire d’une colo, vouant un culte à la grande musique.
Comme à son habitude Blier passe pour un misogyne mais la réflexion ici est beaucoup plus aboutie qu’à l’accoutumé. Tout pour la Musique. Dewaere et Depardieu jouent deux personnages incapables d’ouvrir les yeux, qu’il en concerne les envies de la femme du second, la jolie Carole Laure, ou l’oreille musicale, ne connaissant et reconnaissant qu’en tout et pour tout un seul musicien : Mozart.
Deux adultes qui n’ont pas grandi et qui paradoxalement vont être confrontés à un jeune garçon qui lui a grandi trop vite, lui étant capable de reconnaître la grandeur du virtuose Autrichien, sans toutefois négliger Haendel, Schubert ou Beethoven. Lui seul, c’est évident, pourra redonner le sourire à la jeune femme.
La mise en scène est sublimée par le génie de Blier qui ne va pas sans celui de ses acteurs, tous épatant. L’ambiance grossière, outrancière mais non moins géniales des Valseuses s’est atténuée pour laisser place à une œuvre plus légère, non dénuée d’étrangeté, qui comme la bande-son se déguste sans fin. Moins dans la réplique qui tape (tout de même on est servi) mais plus dans l’esthétique mélodieuse. Le chef d’œuvre de son auteur, à n’en pas douter.
Brèves entre potes sur les réseaux sociaux (Décembre 2013) :
Moi : Découvert il y a une dizaine d’années, c’était devenu mon Blier préféré d’un coup, comme ça. Jamais revu depuis. Quel plaisir et ce même si je n’aime pas trop la dernière partie du film. Plus ça va moins j’aime le cinéma de Blier d’ailleurs, enfin disons que ça m’est passé. Mais j’adore celui-ci, son tempo bizarre mais son absurde moins trash que d’habitude, et des dialogues génialissimes car pareil plus fou mais moins absurde pour faire genre. Je trouve le film plus homogène que les autres Blier, ça glisse tout seul.
Tom : « On lui aurait r’filé la môme ! »
Moi : « Non mais je sais pas si tu t’imagines le grotesque de la situation : deux imbéciles dans un plumard incapables de tirer un coup, avec le mari qui poireaute au bistrot du coin en attendant que ce soit fini non mais où on va là ? »
Nico : J’adore ! Du grand Blier ! Une tirade de Depardieu me revient : « Dis-donc, le mec à la clarinette c’est pas un manchot ! » Je suis fan.
Tom : « Gervaise de Brumaire ! Cherche pas, c’est l’meilleur ! ».
Moi : « Oui mais moi j’en ai rien à branler de la musique, moi c’est le silence que j’aime! »
Tom : « Toi tu vas taire ta gueule et ouvrir tes oreilles ! »
Moi : « Hein, p’ti père Mozart… Hein, pas dégueulasse! »
Tom : « Il est très bien cet arbre, il tient debout »
Moi : « On a dessiné des arbres de débiles c’est ça ? »
Tom : J’adore les arbres de débiles, c’est dans mon top 100 répliques ultimes.
Moi : Cette scène est à tomber, oui.
Moi : « Y a quand même une question que j’me pose… Est-ce que par hasard, elle serait pas un peu con ? »
Moi : Et alors il aurait deux pères, c’est pas un luxe par les temps qui courent ! »
Tom : Enorme !
Moi : Je l’avais oublié celle-là elle est au début, elle est géniale.
Moi : J’avais oublié leurs pulls en laine aussi. D’abord Gérard. Puis Patrick. Et donc les deux. Et le morceau de Schubert à la fin (« J’sais pas mais c’est pas Mozart »).
Tom : Tu donnes envie de le revoir, chacal !
Moi : Et la réplique du médecin aussi : « Vous savez, les nerfs d’une femme c’est un peu comme la météo, on n’y comprend pas grand-chose ».
Moi : Et Gérard au début : « Bon toi ça va hein t’as ton train à prendre pour Béthune t’as intérêt de te dépêcher tu vas le louper ».
Tom : « Et alors, c’est pas un crime de vendre des légumes ! Qu’est-ce que vous avez contre les légumes ? – On aime bien la viande »
Tibo : « Mozart…il aimait tout, il était pas chiant… »
Tibo : « Tiens Wolfgang! Cadeau d’admirateurs! Il en aurait fait une sonate… »
Moi : Magnifique.