Archives pour la catégorie Black Mirror

Black Mirror – Saison 4 – Netflix – 2017

06. Black Mirror - Saison 4 - Channel 4 - 2017Arrêt sur image.

   5.0   La Grosse Déception. Premier épisode top, dernier épisode malin. Et entre tout ça : le désert. Ici « Arkangel » un épisode sur les affres du contrôle parental, franchement lourdingue. Là « Crocodile » un épisode qui s’ouvre sur un accident et se déploie en déchainement de violence bien bourrin. Allez je sauve « Metalhead » l’épisode horrifique en noir et blanc, quasi sans dialogue, avec des robots espions, mais pas de quoi se relever la nuit, non plus. J’ai l’impression que la série fait du surplace, se contente de brasser ce qu’on attend d’elle, de balancer un objet/une idée « futuriste » dans chaque épisode tout en brodant un truc complètement réchauffé autour. Bonne douche froide, dans l’ensemble donc. Même si je le répète, le premier épisode avec Jesse Plemons est assez génial, culotté, drôle, kitch, terrible, c’est le plus long d’ailleurs / le moins bâclé ?

Black Mirror – Saison 3 – Netflix – 2016

31Une autre dimension.

   7.5   Black mirror revenait cette année avec six épisodes, soit deux fois plus que dans chaque saison précédente ou plutôt autant que les saisons 1 & 2 cumulées. On craignait l’apport Netflix et son côté binge-watch, d’autant qu’en pure anthologie, consommer les épisodes comme une série à dévorer est la dernière chose à faire avec Black mirror.

     Pourtant, plateforme Netflix ou pas, Black mirror est la même. Chaque épisode est complètement fou. Chacun brille dans le genre qui lui appartient. Chacun sa durée. Chacun sa puissance, inégale pour trois d’entre eux, idéale pour les trois autres. Dans ces derniers, je retiens deux merveilles : Une chronique en chute libre et une romance malmenée par une temporalité disloquée.

     Et un chef d’œuvre absolu : Hated in the nation. Un polar sous tension, enquête nerveuse à la sauce buddy-movie accompagné par un (discret) flashback procédurier, évoquant le kacking et l’absurdité des réseaux sociaux. Un truc hallucinant, d’une richesse folle, qui dure 1h30 et pourrait faire l’objet d’un superbe long métrage de cinéma. Une intensité qui se redéploie sans cesse et vient t’enquiller claque sur claque. Et un duo si génial que tu restes frustré de ne pas voir davantage, plus longtemps ou dans une autre affaire. Un True detective futuriste, en gros. Un monde où le réseau social en question, une sorte de Twitter-dérivé, devient le vecteur d’un génocide. Tyrannie du hashtag à laquelle répond celle du Like dans Nosedive, l’épisode d’ouverture. Pourtant, c’est à Shut up and dance (Celui sur un adolescent victime d’un harcèlement visant à révéler au monde ses fantasmes pédophiles) auquel on pense ici, mais en infiniment plus riche et passionnant sur ce que l’épisode raconte d’une justice de l’ombre, aussi infâme que ce qu’elle critique.

     L’autre épisode marquant, pour ne pas dire bouleversant – mais plus intime – est une histoire d’amour saupoudrée de voyage dans le temps : San Junipero. Deux apparitions qui se croisent dans une société A’ gérée par une gigantesque matrice qui enverrait les vieux au seuil de leur mort dans la temporalité qu’il souhaite, quelques heures par semaine pour les vivants puis indéfiniment pour ceux qui auraient choisi cette alternative au grand trou noir de la mort. Avant d’en arriver là, l’épisode marque la rencontre entre deux jeunes femmes (la première séquence est sublimissime) dans une temporalité eighties puis répète leur relation avant de les voir toutes deux sur leur lit de mort ou presque, dans une sorte de présent futuriste. J’essaie de ne pas trop en dire mais j’en suis sorti épave. Impossible de voir un autre épisode dans la foulée de celui-ci.

     Et donc il y a Nosedive. C’est la génération Facebook qui est ciblée dans Nosedive, mais une version poussée au culte du like puisque l’on note ses proches de manière à faire évoluer leur taux de sympathie/notoriété. Et c’est cette moyenne évolutive qui conditionne la vie en société, c’est elle qui permet d’acquérir une ristourne sur un prêt par exemple, c’est elle qui permet d’entrer ou non dans différents lieux, d’avoir un job, de prendre l’avion. Brice Dallas Howard campe ce personnage obsédé par cette moyenne, ravie d’être invité comme demoiselle d’honneur au mariage d’une amie d’enfance à qui tout réussit, entendre par réussite qu’elle affiche son bonheur partout avec sa moyenne de 4.7 quand Brice parvient laborieusement à tenir son 4. Jusqu’ ce que tout dérape, le titre nous avait prévenu, au détour d’un grain de sable qui se transforme bientôt en désert. Une mécanique trop huilée si elle n’était pas accompagnée de nuances, au détour de deux personnages (qui sont sur sa route) qui ne vivent pas ou plus dans ce culte ignoble : Son frère, d’une part, en retrait dans le réel mais happé par le monde virtuel, et cette chauffeuse de camion qui s’est retirée de ce monde après avoir perdu celui qu’elle aimait car sa moyenne ne lui permettait pas d’accéder aux meilleurs soins. Grosse claque similaire à l’épisode de noël.

     Grande saison. Six beaux épisodes, que je pourrais aisément revoir mais qui te laissent souvent sur le carreau. Ce même si certains sont parsemés de petits défauts qui n’atténuent pourtant jamais leur portée, je pense à Men against fire, l’épisode « Guerre » un peu trop explicatif dans son dernier tiers malgré l’idée monstrueuse de réalité modifiée ou à Playtest, l’épisode « Horreur » un poil plus passe partout et petit malin que les autres, malgré cette idée géniale de jouer en s’inspirant des peurs profondes du joueur.

     Enfin voilà, Black Mirror aura tout de même frappé fort cette année et prouve que sa vision du futur est plus imperceptible que dans la plupart des films d’anticipation. Ce sont les innovations technologiques qui sont visées donc c’est un futur très proche de notre présent, dans lequel le scénario autour de cet élément technologique serait le pire possible. A l’image de ce que l’épisode de Noël nous avait offert, dans lequel il était possible de bloquer les gens dans la vie réelle. C’est à la fois terrifiant, hyper stimulant et épuisant tant la tension déployée sur l’ensemble de ces épisodes est hallucinante.

Black Mirror – Saisons 1 & 2 – Channel 4 – 2011 & 2013

45.-black-mirror-saison-1-1024x575The man-machine.

   6.0   Concernant la Saison 1 : Très marqué par l’épisode de lancement, son intensité, sa dureté, sa sécheresse. Moins par le second que je trouve plus calculateur même si très fort sur bien des points. J’avoue que le troisième (sur le couple) m’a mis une belle claque. Série anthologique plus qu’intéressante.

     Concernant la saison suivante : C’est du même niveau que la première saison, toujours passionnant, actuel, visionnaire, fulgurant et inégal. Les épisodes de l’une répondent d’ailleurs à ceux de l’autre, de façon inversée. Le premier étudiant la cellule conjugale sous l’angle de la perte, le dernier centré sur l’impact politique et médiatique. L’épisode central, malin ici encore, joue cette fois d’un caractère survival en pointant du doigt une société justicière. Il va de soi que tout cela est on ne peut plus pessimiste.

     Et puis la chaîne nous a offert il y a peu un épisode spécial Christmas, reprenant nombreuses trames échafaudées durant certains anciens épisodes de la série, en les nouant dans un récit à l’ampleur phénoménale, vertigineuse pouvant faire pâlir certains films de SF avisés. Jon Hamm, au casting, est prodigieux. Et la première demi-heure (l’épisode est relativement long pour du Black Mirror) est haut la main ce que la série a offert de mieux à ce jour. Enfin, tout l’épisode est fabuleux, la fin notamment – juste un léger bémol sur la partie centrale.

     Au-delà des récits, j’avoue ne pas être subjugué plus que cela par ce type de programme, sorte de succession de moyens métrages, en somme. L’anthologie dans l’anthologie, un procédé qui a ses limites. Mais bon, ça reste largement dans le haut du panier.


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silencio


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