S’aimer à la croisée de différentes ambitions.
6.0 C’est plutôt une bonne surprise. Certes le film est très classique dans sa forme, chaque fois ni trop ni pas assez, il ne prend pas de risque, reste parfaitement programmé pour les récompenses, certes sa construction n’a rien de novatrice et/ou inattendue, certes c’est beaucoup trop long (2h15) et certes il passe après Wellman et Cukor pourtant A star is born, par Bradley Cooper, bien que constamment sur la brèche du trop chatoyant / trop larmoyant, parvient à trouver la note juste, à nous suspendre au délicat jeu de ses comédiens, à nous émouvoir par son histoire d’amour malmenée par deux visions qui cohabitent difficilement : L’intégrité du personnage dans le déclin, qui souhaiterait avoir toujours quelque chose à raconter (étonnant de la part de Bradley Cooper de camper ce personnage puisque c’est son premier long métrage en tant que réalisateur : On aurait tendance à voir dans la dimension théorique de ce récit les interrogations/doutes d’un auteur confirmé et/ou en perte de vitesse, qu’importe, j’imagine qu’il se la pose, cette question, avec A star is born et c’est tout à son honneur) et la volonté à celle qui monte de s’intégrer pleinement au star système.
Je n’ai vu aucune des versions précédentes de cette histoire, mais ce que je trouve très beau ici c’est que le film réussit à rendre leurs choix très cohérents par rapport à leurs vécus, leur rapport avec la figure paternelle, notamment, en totale opposition. Mieux, toutes les scènes hors chansons, quand ils sont tous les deux, essentiellement, mais aussi entre Ally et son père, entre Jackson et son frère, tout ça est souvent très réussi, touchant. Cerise sur le gâteau qui me fait penser que Lady Gaga est une super actrice : je ne sais pas si c’est un peu son histoire mais elle joue vachement bien celle qui démarre de rien (gamine aux deux boulots rudimentaires) et qui plonge béat, avec naïveté et excitation, dans le monde des paillettes qui va se la façonner à son image. Et bien je ne vois jamais Lady Gaga, perso, enfin celle que je croise ici et là sur un bout de journal dans le train ou dans un clip, grimée en poupée outrancière. Je vois Ally. Et seulement à la fin j’entrevoie peut-être un peu de Lady Gaga, signe que le film et l’actrice réussissent quelque chose de fort. Que je n’aurais pas soupçonné avant de lancer le film, en tout cas. D’autant que c’est régulièrement très touchant, je le répète. Je mise un oscar pour elle et un autre pour Shallow, allez.