La porte de l’enfer.
5.0 Bruno Nuytten était un directeur de la photographie réputé, officiant entre autre avec Duras, Téchiné, Miller, Godard, Blier, Resnais. Jusqu’en 1986 et le diptyque de Berri, Jean de Florette / Manon des sources. A la demande d’Isabelle Adjani, avec qui il avait travaillé sur Possession, de Zulawski, il prend les rênes de la réalisation. Et on sent que c’est un film de chef opérateur. Chaque plan et transition de plan est davantage pensé que l’histoire et ses imbrications, le film subissant (au détour de ses presque 3h) de gros problèmes de rythme. Ce serait entièrement péjoratif si ce n’était pas raccord avec la folie de ces deux personnages célèbres qu’il met en lumière : Camille Claudel & Auguste Rodin, brillamment incarnées par Adjani et Depardieu, qui trouvent le ton juste, en font suffisamment sans tomber dans l’excès. Voilà, ça manque sans doute d’homogénéité et de finesse, dans la texture et la construction essentiellement, dans l’utilisation musicale et les envahissantes notes de Gabriel Yared surtout, mais j’aime la démesure qui en émane, qui peut autant rappeler La reine Margot, de Chéreau ou L’arche russe, de Sokurov. C’est un peu raté mais il y a de cela.