Archives pour la catégorie Catherine Corsini

La mésange – Catherine Corsini – 1982

15. La mésange - Catherine Corsini - 1982A bout de soufre.

    3.0   En 1982, Catherine Corsini réalise un premier court métrage en se prenant allègrement pour Jean-Luc Godard. Dans les embouteillages parisiens, un homme sort de son véhicule, file dans une cabine téléphonique et prévient qu’il ne pourra être à l’heure à son rendez-vous. À la radio, une pub pour La Poste assène le slogan suivant « le point commun, c’est le contact ». Dès lors, l’homme rencontre une fille. Puis la revoit, à moins qu’il ne la rêve. C’est un récit syncopé, urbain, déconstruit façon A bout de souffle. Dans son appartement, une affiche d’Alphaville, au cas où on n’avait pas compris. Très indigeste.

Les amoureux – Catherine Corsini – 1994

10. Les amoureux - Catherine Corsini - 1994Frère et sœur.

   6.0   On jurerait que Les amoureux de Catherine Corsini fait partie de la collection « Tous les garçons et les filles de leur âge » commandée par Arte la même année, en 1994. On y trouve la même liberté, la même énergie, la même authenticité. C’est un beau film sur la beauté et la douleur de l’adolescence ici vue par le prisme de Viviane (Nathalie Richard) et Marc (Pascal Cervo) tous deux frère et sœur. Il découvre et accepte peu à peu son homosexualité tandis qu’elle multiplie les rencontres, tombe perpétuellement amoureuse. Ils sont en quête, ils en souffrent mais c’est aussi ce qui les animent. Tout se déroule dans un village des Ardennes, le paysage est triste, gris, mais Corsini y insuffle cette vitalité qui transparait de ces deux personnages, cabossés mais vivants. Beau film. 

La fracture – Catherine Corsini – 2021

32. La fracture - Catherine Corsini - 2021Urgensses.

   4.0   Catherine Corsini, dont j’avais beaucoup aimé La belle saison, se la joue ici comédie grave, sociale et chorale, façon Polisse. Comme chez Maïwenn, chaque situation fait office de vignette, chaque super réplique une fin de planche. Avec des petits running gags (Tedeschi, le bras pété, qui tombe de son brancard) de façon à désamorcer la lourdeur du climat ambiant. C’est d’une finesse aussi insupportable que le jeu affecté général et de son dispositif artificiel : C’est la lutte des classes pour les nuls, avec Tedeschi (l’artiste égocentrique) Marmaï (le gilets-jaunes en colère) qui passent leur temps à gueuler. Mieux vaut revoir n’importe quel épisode d‘Urgences, qui sera au minimum dix fois meilleur que ce film. Un rayon de soleil, toutefois : Aissatou Diallo Sagna.

La belle saison – Catherine Corsini – 2015

30La vie de Delphine.

   7.0   C’est un tout petit film, mais un beau. Programmatique sans être indigeste, schématique sans être grossier, un peu trop clair dans ses intentions, oui, mais il me touche beaucoup. Après, moi, les histoires d’amour contrariées par la famille, le système et/ou l’ancrage idéologique, ça me parle toujours. On pense au film d’Abdellatif Kechiche, évidemment, qui ne m’a jamais quitté depuis la projection. Et on y pense souvent durant celui de Catherine Corsini. Ça ne le condamne pas, puisqu’il a son identité, mais ça ne le sert pas non plus tant La vie d’Adèle écrémait sa puissance émotionnelle, comme jamais, probablement, nous n’avions eu à le recevoir ainsi dans un cinéma relatant le parcours d’une femme.

     Si le titre sonne un peu « Comme au bon vieux temps » le film n’est pourtant pas réac loin de là, dans la mesure où il témoigne et s’entiche clairement de la progression nette du mouvement de libération des femmes. On voit que leur histoire, aussi inaccoutumée soit-elle, a plus de possibilité de s’épanouir sur une terre libre et aérée (la ville) que sur un sol hostile et fermée (la campagne). Alors encore une fois, le portrait de l’époque est assez emblématique du cinéma de Corsini, un brossage à l’essentiel et à l’excès : Les poils sous les bras et la cigarette au bec, en gros. Dans tous les plans.

     C’est le récit d’une rencontre entre une fille de la ville et une fille des champs. Une sorte de Quatre aventures de Reinette et Mirabelle, la love story en plus. D’un côté la fille d’agriculteurs, dans un bled où le temps semble s’être arrêté dans les années 50, à l’époque où les femmes travaillaient en vivant sur le salaire de leur mari et que tout paraissait absolument normal. Et de l’autre côté une fille de Paris, libre, prof d’espagnol qui se bat pour l’IVG et deviendra médecin quelques années plus tard. Au passage, je n’avais jamais vu Cécile de France aussi jolie. Celle que l’on avait découverte il y a quinze ans en Erasmus barcelonaise bourrue chez Klapisch a bien changé.

     Le fait est ici que plusieurs paramètres permettent au film de s’extirper d’une torpeur que sa forme, disons, passe-partout annonçait. Partir, de la même Catherine Corsini, ne fonctionnait à ce titre pas très bien, dévoré à la fois par son programme et ses interprètes, tandis qu’ici l’alchimie opère. Alors est-ce le fait d’avoir voulu raconter ce récit qui semble archi personnel, est-ce le replacement post soixante-huitard ou le jeu des actrices (Izia Higelin et Cécile de France sont toutes deux exceptionnelles) ou plus simplement son parti pris de la nudité ? En tout cas ça prend. Sans compter que c’est un chouette film féministe, classique certes mais suffisamment gracieux et lucide. Petit film, oui, mais grand petit film.

Partir – Catherine Corsini – 2009

50Bis.

   4.0   C’est loin d’être honteux, c’est même pas mal par moment mais ça reste tellement un sous La femme d’à côté, moins le talent, que c’est totalement inutile. Et non satisfaite de faire un pauvre remake, la cinéaste l’accompagne tout du long de morceaux musicaux du film de Truffaut, lourdeur quand tu nous tiens. Sinon, Kristin Scott Thomas est très bien.


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silencio


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