Alors, alors, cette quarante-quatrième cérémonie… La quatorzième que je regardais en intégralité…
Les cinq premières minutes étaient déjà très gênantes. Kad Merad arrivait en Freddie Mercury avec un texte un peu approximatif, un costume un peu ridicule. Ça sentait le gros bide. J’étais très gêné. Autant que Villalonga et Commandeur faisant La La Land, pour comparer.
Ensuite l’élégante Audrey Fleurot a remis le premier César à Kenza Fortas, magnifique dans Shéhérazade. J’aurais adoré que ce soit pour Ophélie Bau, mais je ne me faisais pas d’illusion. Qu’importe, plus j’y pense (J’essaierai d’en écrire quelques mots bientôt) plus je trouve le film de Jean-Bernard Marlin absolument formidable et que ses jeunes acteurs y sont pour beaucoup.
Puis Laurence Arné a fait une « blague » avec des robes bleues. Sans doute pour se mettre au niveau de celles du bien nommé maître de cérémonie. C’était réussi, je savais plus où me mettre. Puis il y a eu le sketch de Commandeur. Pas fin, mais dix fois mieux, osé que tout ce qu’on a eu jusqu’ici. Dommage que dans la foulée, il ne sacre pas le monstrueux son de Jusqu’à la garde.
Ensuite Kad Merad a dit « Maintenant j’accueille quelqu’un dont je me dit toujours que je l’aime bien, qu’il a une bonne gueule : Raphael Personnaz ! » Moi quand je vois Personnaz, je me dis pas « je l’aime bien, il a une bonne gueule » loin de là. Personnaz, le Casey Affleck du pauvre. Personne naze. Désolé.
Au rayon de mes incompréhensions live : Pourquoi il est là, Gastambide ? Taxi 5 n’est même pas le plus gros succès au box-office cette année, alors quoi ? On verra plus tard qu’il remet un César. Ok. Je dis ça en toute mauvaise foi ceci dit, puisque je l’ai trouvé très bien cette année dans La surface de réparation.
Et attention, premier franc sourire de la soirée grâce à Laurent Laffite, qui débarque « botoxé » avec un texte pas à la hauteur certes, mais purée ce que ça fait du bien de voir un truc un peu méchant, un peu subversif. D’autant qu’il vient pour remettre le César du meilleur premier film. Et c’est pour Shéhérazade, qui fait donc le plein : Trois nominations, trois César. Top ! Elle est pas si mal cette soirée.
On retombe malheureusement vite dans les travers de la déception puisque vient l’heure de remettre le César de la meilleure adaptation. Qui était forcément pour La douleur. FORCEMENT. L’espace d’un instant j’ai eu l’espoir qu’on lui réservait davantage. J’apprendrais rapidement qu’on a complètement oublié la présence de ce très beau film. Pffff.
Et pauvre Redford qui souffrait, pendant ce temps.
Ravi de voir Michel Ocelot repartir avec une récompense pour sa réussite la plus éclatante à mes yeux. Un film aussi beau que virtuose, politique et pédagogique. Et surtout jamais passéiste.
Arrive alors le moment de gênance de la soirée, le César du public. Celui qui fait mal. Qui te fait douter de ta foi en l’humanité. Un top 5 éloquent marqué par deux lueurs d’espoir : Astérix et surtout Le grand Bain. Le reste n’est que désolation, je préfère ne pas en parler / ne pas les citer.
Je retiens ensuite un bel hommage de notre Thom Yorke fançais aka Eddy de Pretto à Charles Aznavour. Avant que la remise de la récompense du meilleur documentaire obscurcisse un peu le tableau, déjà fragile : C’était Braguino, là-dessus. Ou les Indes galantes. Cogitore, quoi. Pas ce truc ni fait ni à faire, là.
C’est alors qu’arrive le meilleur moment de la soirée. Le César du meilleur second rôle masculin pour… Philippe Katerine. Elégant, simple, down tempo, super touchant. « C’est n’importe quoi » qu’il dit. Avant de nous faire rire avec « J’envoie aussi ce César, je sais pas pouquoi je dis j’envoie, c’est violent, mais enfin » avant de saluer Thierry, le personnage qu’il joue dans le film, car on a tous quelque chose en nous de Thierry. Superbe. J’en ai presque pleuré.
Je remarque que j’oublie un peu beaucoup Kad Merad dans tout ça. Disons que depuis l’ouverture, ses gags ratés (station-essence, Poutine) se sont enchainés, ses vannes pas drôles aussi, alors je n’ai rien contre lui, mais franchement s’il était pas là c’était pareil. Je continue de penser que Commandeur et Payet avaient fait du meilleur boulot. Avaient tenté davantage de trucs, déjà et jusqu’au bout. L’animation cette année est restée en berne tout du long.
Bonne nouvelle pour Guy ensuite, qui récolte ses premières (et seules) récompenses coup sur coup pour la musique (méritée) et pour son interprétation masculine, archi méritée, tant Lutz est génial, ce même si je rêvais secrètement que ce soit pour Duris et espérait aussi un peu que ce soit pour Ménochet. On peut pas tout avoir.
J’ai longtemps espéré qu’Emmanuel Finkiel s’offrirait in-extrémis le César de la meilleure réalisation pour La douleur. Mais comme convenu ou presque c’est pour Audiard, qui semble presque gêné de recevoir un énième prix. La bonne nouvelle, puisque aux Césars un film ne peut pas avoir les deux, c’est que Jusqu’à la garde – qui avait aussi laissé échapper celui du meilleur premier film – s’impose logiquement là-dessus. Avant cela, il y aura Léa Drucker. La belle, élégante Léa Drucker. Avec un texte lui aussi très fort.
Au final, Jusqu’à la garde est Le gagnant. Mais Shéhérazade le grand gagnant. Je suis donc très content, sur l’ensemble de ce palmarès. Les frustrations c’est surtout en amont qu’elles se situent, Kechiche forever.