Archives pour la catégorie Chris Colombus

Maman j’ai encore raté l’avion (Home Alone 2, Lost in New York) – Chris Colombus – 1992

31. Maman j'ai encore raté l'avion - Home Alone 2, Lost in New York - Chris Colombus - 1992Un gamin dans la ville.

   5.5   Comédie de noël qui n’est qu’un copié collé du premier, mais j’y suis malgré tout assez attaché, puisque je l’ai beaucoup regardée quand j’étais gosse. Outre l’attendue séquence pièges, qui s’offre de façon autrement plus généreuse, le film a quelques idées intéressantes. Tout d’abord de délocaliser le terrain de jeu, en remplaçant la maison par New York. Ce genre de virage m’évoque deux autres suites de films, nettement plus folles, faites par deux cinéastes autrement plus talentueux que Chris Colombus : John McTiernan et Joe Dante. Le premier aussi troquait la verticalité de sa tour (Piège de cristal) pour l’horizontalité new-yorkaise (Une journée en enfer). Le second, qui prolongeait les aventures de ses gremlins en les faisant quitter l’horreur de Kingston Falls (la maison, en somme) pour l’excentricité de Manhattan. On ne va pas revenir sur ces quatre merveilles mais c’est là qu’on se rend compte que Chris Colombus n’est rien de plus qu’un honnête faiseur, déjà parce qu’il ne fait rien de New York, enfin pas grand-chose. D’autre part car il ne déplace pas les curseurs à fond, soit par manque de talent, soit par manque de liberté, mais j’imagine que c’est un peu les deux. Donc il y aura dix fois plus de pièges, mais pas dix fois plus de folie, mais tout juste un insert cartoon ici (quand Marvin se fait électrocuter, on y voit son squelette, youhou) et si, une super idée de running gag lorsque la famille de Kevin, en vacances à Miami, se retrouve à regarder La vie est belle dans une version espagnole – Tandis qu’il passait en version française dans le premier volet. C’est un peu rachitique. En fait, le film est trop comme le premier et à de rares occasions, le triture et le renverse (comme Die Hard III et Gremlins 2 le faisaient) pour être un vrai film à part entière. Mais bon, je le répète, j’y trouve mon compte (nostalgique) puisque j’ai découvert ça gamin.

Maman, j’ai raté l’avion (Home alone) – Chris Colombus – 1990

34. Maman, j'ai raté l'avion - Home alone - Chris Colombus - 1990La maison c’est le monde.

   8.5   Ça fait partie de ces films qu’il m’est difficile de dissocier de mon souvenir d’enfance. A l’instar de Chérie j’ai rétréci les gosses, le film de Chris Colombus est une vraie madeleine, vue, revue, à noël et tout le restant de l’année, avec le frangin, le cousin, le voisin. Il m’arrive aujourd’hui encore de lui emprunter quelques répliques pour mon langage courant, comme :

« Jamais j’accepterais que tu dormes dans mon pieu, même si tu me léchais les pieds »

« Si ça peut te consoler, moi j’ai oublié mes lunettes »

« Ces filles sont toutes à poil, c’est écœurant »

« Hé les gars, vous abandonnez ou vous en r’voulez encore ? »

« Je vais lui péter la figure avec un fer »

« Tu vas avoir l’droit à dix p’tites secondes… »

     Voire de fredonner « I’m dreaming of a white christmas », dans ma salle de bain.

Bref.

     J’imagine que son effet disparaît dès l’instant qu’on le découvre après l’âge de huit ans, après l’âge de Kevin / Macauley Culkin dans le film. C’est en tout cas en voyant les réactions de mon fils que ça m’a rappelé combien j’adorais l’instant des pièges – dans mon souvenir ça prenait la moitié du film : dix minutes, tout au plus, en fait. Je jubilais autant que j’ai vu mon fils jubiler. Dès le déploiement du plan d’attaque jusqu’à l’arrestation des casseurs flotteurs. De les voir glisser dans les marches de la cave / sur le pas de la porte d’entrée, de les voir se faire brûler le crâne au chalumeau, se prendre des pots de peinture, coups de pelle ou fer à repasser dans la tronche et j’en passe.

     Si ça l’est toujours, jubilatoire (équilibre parfait entre le côté « ridicule mais pas trop » des méchants, l’inventivité des pièges, l’efficacité du montage) il me semble que le film brille encore davantage ailleurs. Son dessein premier c’est d’être le parfait film pour les fêtes, donc de se focaliser à la fois sur la retrouvaille familiale et sur l’anéantissement de la peur, qu’il ambitionne de briser à tout prix. Symbolisée par l’abandon, bien entendu (puisque Kevin est oublié par sa famille lors de leur voyage en France pour les fêtes) mais aussi par l’intrusion, le monstre du village, le fait d’être le bouc émissaire familial, voire Paris, les mygales, mais aussi une peur qui pointe tardivement de façon absolument inattendue et déchirante : celle de la solitude. Jusque dans ce bus de musiciens, eux aussi loin de leurs familles.

     Car si Kevin est d’abord ravi d’avoir « fait disparaître » toute sa famille, son souhait sera bientôt de les retrouver, au point de demander au père noël de les faire revenir plutôt que de lui offrir des cadeaux et aussi bien son (horrible) frère Buzz que ce satané oncle Franck, c’est dire. Sa retrouvaille finale avec sa maman, dans un double jeu de regards qui dit « je t’en veux » puis « je t’aime » m’a toujours fait verser une larme. Et encore davantage aujourd’hui, cela va de soi.

     Mais ce n’est pas là-dessus que j’ai vacillé, cette fois. Ma scène préférée ce n’est plus celle des pièges, mais celle de l’Eglise, au moment de la messe de noël, quand Kevin y croise le vieux monsieur à la pelle, celui dont la légende que conte son frère au début a fait tueur d’enfants, et qu’il se rend compte de sa gentillesse et de sa tristesse : L’homme est là pour voir sa petite fille chanter car il ne passera pas les fêtes à ses côtés, étant donné qu’il est brouillé avec son fils depuis longtemps et qu’il n’a jamais osé lui reparler. Qu’un simple « film de noël » raconte quelque chose d’aussi beau et terrible (dans une scène de dialogue assez imposante, qui plus est) au milieu d’une comédie d’aventures pour enfants relève d’une belle idée d’écriture, au même titre que les efforts déployés d’entrée pour rendre crédible cet oubli improbable.

     J’aime aussi beaucoup le simple fait que tout ou presque se déroule dans une maison tant c’est raccord avec la représentation de la grande aventure quand on est gamin, un peu comme dans Jumanji ou Chérie j’ai rétréci les gosses (le jardin) ou L’histoire sans fin (le grenier d’une école) : Tout se joue là, sous nos pieds, entre les murs, l’espace restreint apparaissant infiniment grand.

     Enfin bref, le regard entre Kevin et ce vieil homme, à la toute fin, le matin de noël est le plus bel aboutissement que le film avait à offrir : tous deux ont vaincu leur grande peur et tous deux ont retrouvé leur famille.


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